David

(troisième partie)

la fuite.



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1 - Les évènements pendant la fuite

2 - Najoth, près de Rama

a) David va à Rama chez Samuel.

b) Saül les rejoint et prophétise.

c) Retour vers Jonathan.

3 - Achimélec à Nob

a) David va chez Achimélec le sacrificateur.

a.1) Le pain.

a.2) Doëg, l'Édomite.

a.3) Saül extermine Achimélec.

a.4) Abiathar, le réchappé.

a.5) Le psaume de David.

b) David fait semblant d'être fou.

b.1) La folie simulée.

b.2) Le psaume 56.

c) Le début de l'établissement.

c.1) La caverne d'Adullam.

c.2 Moab.

d) Retour à la chronologie.

4 - Keïla

a) La libération de Keïla.

b) La fuite de Keïla.

c) La leçon pour tous.

5 - Le chat et la souris

a) Désert de Ziph / Jonathan / Colline de Hakila.

a.1) Le désert de Ziph.

a.2) La délation des Ziphiens.

b) Désert de Maon / Les Philistins envahissent Israël.

6 - La caverne et le manteau

a) Le rocher des boucs sauvage.

b) Le dialogue entre les deux hommes.

7 - Mort de Samuel / Nabal et la tonte

a) La mort de Samuel.

b) La tonte des brebis.

8 - La lance et la cruche

9 - Le pays des Philistins

a) Le pays des Philistins.

a.1) Tsiklag.

a.2) Les incursions de David.

b) Saül consulte un mort.

b.1) Le lieu de la bataille.

b.2) Saül panique.

10 - Akisch renvoie David / Tsiklag

a) La méfiance des princes des Philistins.

a.1) Une clairvoyante méfiance.

a.2) La séparation.

b) Les Amalécites.

b.1) Le conseil de Dieu.

b.2) La poursuite.

b.3) Les particularités du butin.

c) Tsiklag.

d) Les gens qui ont rejoint David à Tsiklag.

d.1) Benjamin.

d.2) Gad.

d.3) Juda (et Benjamin à nouveau).

d.4) Manassé.

d.5) Ittaï de Gath.

11 - La mort de Saul

a) La réalité.

b) Le mensonge.

c) Le cantique qui en découle.  

12 - David retourne en Juda

a) Le début du règne sur Juda.

b) La division du royaume.

1 - Les évènements pendant la fuite.

EN JUDA

LA PREMIERE CHOSE QUE DAVID VA FAIRE SERA DE REJOINDRE SAMUEL A RAMA

✅​ DAVID VA A RAMA CHEZ SAMUEL

✅​ SAUL LES REJOINT ET PROPHETISE NU

✅​ DAVID RETOURNE PARLER A JONATHAN

✅​ LA FÊTE DE LA NOUVELLE LUNE CONFIRME LA HAINE DU ROI

ENSUITE, IL PARTIRA POUR DE BON, CE SERA LE VERITABLE DEBUT DE LA FUITE

✅ DAVID VA CHEZ LE SACRIFICATEUR ACHIMELEC A NOB, PREND DU PAIN ET L'EPEE DE GOLIATH

✅ DAVID FAIT SEMBLANT D'ETRE FOU DEVANT AKISCH, ROI DE GATH

✅ LA CAVERNE D'ADULLAM, LA TROUPE GRANDIT, SA FAMILLE LE REJOINT, IL LES DEPOSE CHEZ LE ROI DE MOAB ET REVIENT EN JUDA

✅ SAUL EXTERMINE ACHIMELEC ET LES SACRIFICATEURS

LA PRISE DE KEÏLA

✅ DAVID LIBERE KEÏLA, CE QUI ATTIRE L'ATTENTION DE SAÜL

✅ LA FUITE DE KEÏLA

SAUL ET DAVID JOUENT AU CHAT ET A LA SOURIS

✅ DAVID SE REND DANS LE DESERT DE ZIPH

✅ JONATHAN REJOINT DAVID POUR UNE DISCUSSION

✅ DAVID FUIT DEVANT SAUL : LA COLLINE DE HALIKA

✅ DAVID FUIT DEVANT SAUL : LE DESERT DE MAON

✅ LES PHILISTINS ENVAHISSENT ISRAEL FORCANT SAUL A CESSER LA POURSUITE

DAVID SE REFUGIE DANS LE DESERT D'EN GUEDI

✅ LA DELATION DES ZIPHIENS

✅ LA CAVERNE ET LE PAN DU MANTEAU DE SAUL

✅ LA MORT DE SAMUEL

✅ NABAL ET LA TONTE

✅ NOUVELLE DELATION DES ZIPHIENS

✅ LA LANCE ET LA CRUCHE, DAVID CESSE DE FUIR


CHEZ LES PHILISTINS

CERTAIN QU'UN JOUR OU L'AUTRE SAUL L'ATTRAPERA, DAVID PAR CHEZ LES PHILISTINS

✅ AU SERVICE D'AKISCH, ROI DE GATH

✅ SAUL CONSULTE UN MORT

LA GUERRE DES PHILISTINS CONTRE ISRAËL

✅ LES PRINCES DES PHILISTINS SE MEFIENT DE DAVID

✅ LES AMALECITES ENVAHISSENT TSIKLAG

✅ DAVID RECUPERE SES BIENS

✅ LA MORT DE SAUL

✅ DAVID REGNE A HEBRON SUR JUDA

I - EN ISRAËL.

2 - Najoth, près de Rama.

La Parole de Dieu est assez floue sur les durées concernant toute la période englobant le règne de Saül jusqu'à l'intronisation de David sur le royaume d'Israël. Même la chronologie de certains évènements peut être hasardeuse. L'ensemble se suit cependant assez logiquement. Il faut garder à l'esprit que tout dans la Parole a un sens, quand des dates sont données, il y a une raison, lorsqu'elles sont absentes, il y en a également une.

La fuite de David commence de manière particulière par la scène où il fuit de sa propre maison. Sa première étape sera de rejoindre Samuel.



a) David va à Rama chez Samuel.

🔘 1 Samuel 19.18 : C'est ainsi que David (bien-aiméprit la fuite et qu'il échappa. Il se rendit auprès de Samuel (entendu, ou exaucé de Dieuà Rama (hauteur, colline), et lui raconta tout ce que Saül (désiré, demandé (à Dieu)lui avait fait. Puis il alla avec Samuel demeurer à Najoth (habitations).

N'oublions pas que David est toujours relativement jeune. Cela ne fait pas si longtemps qu'il a terrassé Goliath, et il se retrouve poursuivi par le roi d'Israël. Cette fuite n'est cependant pas nécessairement ce qu'on imagine. Bien que ce soit le roi qui lui en veuille, tout porte à croire qu'Israël n'est pas au courant. Peu de temps après, il s'étonnera de ne pas le voir à table lors de la fête de la nouvelle lune, une fête publique. Or, pourquoi s'étonner de l'absence de quelqu'un qui fuit parce qu'il essaye de le tuer ? Le roi le poursuivait en secret, loin de la connaissance du peuple. Il pensait que David aussi, à son image, aurait un quelconque intérêt à sauver les apparences. Ca n'est évidemment pas le cas.



b) Saül les rejoint et prophétise.

Mais avant cette fête de la nouvelle lune se passe quelque chose d'intéressant. Saül qui pourchasse David mais qui depuis longtemps ne sort plus avec ses troupes, ne part pas lui-même à la poursuite du jeune homme. Il envoie une première troupe, qui, croisant une troupe de prophètes menée par Samuel et prophétisant, se met également à prophétiser. Il se passe alors une première chose étonnante. Saül est informé de la chose, mais on ne nous dit pas que la troupe est revenue. Par contre on nous dit qu'une deuxième troupe est envoyée, puis une troisième, et qu'il arrive sans cesse la même chose.

On notera que si cela agace Saül suffisamment pour qu'il finisse par y aller en personne, à aucun moment il ne demande ce qu'étaient les prophéties en question. Si pour une raison quelconque nous envoyions des personnes accomplir une tâche et qu'en court de route elles se mettaient à prophétiser, ne serait-ce pas la première chose qui nous viendrait à l'esprit ? Quelles étaient ces prophéties pour que la tâche confiée par un roi perde son intérêt ? Et ce, par trois fois. Mais Saül ne s'y intéresse pas.

Tant et si bien qu'il finit par prophétiser lui-même, lorsqu'il choisit de se faire son propre envoyé.

Arrivé sur les lieux, il : ôta ses vêtements, et il prophétisa aussi devant Samuel ; et il se jeta nu par terre tout ce jour-là et toute la nuit. Cette phrase est souvent utilisée pour mettre en avant l'étrangeté de la volonté de Dieu et notre difficulté à la cerner. Dans la réalité, Dieu protège David, et personne ne peut garder le contrôle de lui-même en s'en approchant pour lui faire du mal.

🔘 1 Samuel 19.19-24 : On le rapporta à Saül, en disant : Voici, David est à Najoth (habitations), près de Rama. 20 Saül envoya des gens pour prendre David. Ils virent une assemblée de prophètes qui prophétisaient, ayant Samuel à leur tête. L'esprit de Dieu saisit les envoyés de Saül, et ils se mirent aussi à prophétiser eux-mêmes. 21 On en fit rapport à Saül, qui envoya d'autres gens, et eux aussi prophétisèrent. Il en envoya encore pour la troisième fois, et ils prophétisèrent également. 22 Alors Saül alla lui-même à Rama. Arrivé à la grande citerne qui est à Sécou (tour de guet), il demanda : Où sont Samuel et David ? On lui répondit : Ils sont à Najoth, près de Rama. 23 Et il se dirigea vers Najoth, près de Rama. L'esprit de Dieu fut aussi sur lui ; et Saül continua son chemin en prophétisant, jusqu'à son arrivée à Najoth, près de Rama. 24 Il ôta ses vêtements, et il prophétisa aussi devant Samuel ; et il se jeta nu par terre tout ce jour-là et toute la nuit. C'est pourquoi l'on dit : Saül est-il aussi parmi les prophètes ?

On peut donc légitimement se demander ce que les hommes de Saül, puis Saül lui-même ont pu prophétiser de si important que l'Esprit de l'Eternel saisisse autant de monde pour ce faire. D'autant qu'il n'avait pas besoin d'eux, n'étant pas à court de prophètes. Comme je le disais, protéger David était un but en soi, mais ça ne peut pas être la seule raison. L'Eternel aurait pu les aveugler, ou leur faire perdre leur chemin. Donc la prophétie dite avait son importance, tout comme l'humiliation du roi qui se dénude et se roule par terre, comme un fou le ferait. Il est également probable que ce soit une partie de la prophétie en question. Saül qui avait déchiré le vêtement de Samuel finit nu par terre, et ce qu'il prophétise non seulement ne le rapproche pas de Dieu, mais lui donne la rage nécessaire pour qu'il en vienne à s'en prendre à son propre fils dans la fête qui suivra.

Faisant, comme à son habitude, d'une pierre de multiples coups, Saül sera saisi à prophétiser toute la journée et toute la nuit qui suivra. Cela laissera le temps à David, qui était juste à proximité, de partir afin de rejoindre Jonathan pour l'interroger sur la folie de son père. Finalement c'est Saül qui est bloqué avec Samuel et David qui est à nouveau libre de se déplacer pendant la 'captivité' spirituelle du roi.



c) Retour vers Jonathan.

Le texte concernant la discussion entre David et Jonathan est très long et ne comporte rien de particulièrement important dans le cadre de cet enseignement. Cependant, je m'y attarderais peut-être plus tard et dans cette optique, je le mets tout de même au complet.

🔘 1 Samuel 20.1-4 : David s'enfuit de Najoth, près de Rama. Il alla trouver Jonathan (l'éternel a donné), et dit : Qu'ai-je fait ? quel est mon crime, quel est mon péché aux yeux de ton père, pour qu'il en veuille à ma vie ? 2 Jonathan lui répondit : Loin de là! tu ne mourras point. Mon père ne fait aucune chose, grande ou petite, sans m'en informer ; pourquoi donc mon père me cacherait-il celle-là ? Il n'en est rien. 3 David dit encore, en jurant : Ton père sait bien que j'ai trouvé grâce à tes yeux, et il aura dit : Que Jonathan ne le sache pas ; cela lui ferait de la peine. Mais l'Éternel est vivant et ton âme est vivante ! il n'y a qu'un pas entre moi et la mort. 4 Jonathan dit à David : Je ferai pour toi ce que tu voudras.

🔘 1 Samuel 20.5-23 : Et David lui répondit : Voici, c'est demain la nouvelle lune, et je devrais m'asseoir avec le roi pour manger ; laisse-moi aller, et je me cacherai dans les champs jusqu'au soir du troisième jour. 6 Si ton père remarque mon absence, tu diras : David m'a prié de lui laisser faire une course à Bethléhem, sa ville, parce qu'il y a pour toute la famille un sacrifice annuel. 7 Et s'il dit : C'est bien ! ton serviteur alors n'a rien à craindre ; mais si la colère s'empare de lui, sache que le mal est résolu de sa part. 8 Montre donc ton affection pour ton serviteur, puisque tu as fait avec ton serviteur une alliance devant l'Éternel. Et, s'il y a quelque crime en moi, ôte-moi la vie toi-même, car pourquoi me mènerais-tu jusqu'à ton père ? 9 Jonathan lui dit : Loin de toi la pensée que je ne t'informerai pas, si j'apprends que le mal est résolu de la part de mon père et menace de t'atteindre ! 10 David dit à Jonathan : Qui m'informera dans le cas où ton père te répondrait durement ? 11 Et Jonathan dit à David : Viens, sortons dans les champs. Et ils sortirent tous deux dans les champs. 12 Jonathan dit à David : Je prends à témoin l'Éternel, le Dieu d'Israël ! Je sonderai mon père demain ou après-demain ; et, dans le cas où il serait bien disposé pour David, si je n'envoie vers toi personne pour t'en informer, 13 que l'Éternel traite Jonathan dans toute sa rigueur ! Dans le cas où mon père trouverait bon de te faire du mal, je t'informerai aussi et je te laisserai partir, afin que tu t'en ailles en paix ; et que l'Éternel soit avec toi, comme il a été avec mon père ! 14 Si je dois vivre encore, veuille user envers moi de la bonté de l'Éternel ; 15 et si je meurs, ne retire jamais ta bonté envers ma maison, pas même lorsque l'Éternel retranchera chacun des ennemis de David de dessus la face de la terre. 16 Car Jonathan a fait alliance avec la maison de David. Que l'Éternel tire vengeance des ennemis de David ! 17 Jonathan protesta encore auprès de David de son affection pour lui, car il l'aimait comme son âme. 18 Jonathan lui dit : C'est demain la nouvelle lune ; on remarquera ton absence, car ta place sera vide. 19 Tu descendras le troisième jour jusqu'au fond du lieu où tu t'étais caché le jour de l'affaire, et tu resteras près de la pierre d'Ézel (séparation, départ). 20 Je tirerai trois flèches du côté de la pierre, comme si je visais un but. 21 Et voici, j'enverrai un jeune homme, et je lui dirai : Va, trouve les flèches. Si je lui dis : Voici, les flèches sont en deçà de toi, prends-les ! alors viens, car il y a paix pour toi, et tu n'as rien à craindre, l'Éternel est vivant ! 22 Mais si je dis au jeune homme : Voici, les flèches sont au-delà de toi ! alors va-t-en, car l'Éternel te renvoie. 23 L'Éternel est à jamais témoin de la parole que nous nous sommes donnée l'un à l'autre.

🔘 1 Samuel 20.24-34 : David se cacha dans les champs. C'était la nouvelle lune, et le roi prit place au festin pour manger. 25 Le roi s'assit comme à l'ordinaire sur son siège contre la paroi, Jonathan se leva, et Abner s'assit à côté de Saül; mais la place de David resta vide. 26 Saül ne dit rien ce jour-là ; car, pensa-t-il, c'est par hasard, il n'est pas pur, certainement il n'est pas pur. 27 Le lendemain, second jour de la nouvelle lune, la place de David était encore vide. Et Saül dit à Jonathan, son fils : Pourquoi le fils d'Isaï n'a-t-il paru au repas ni hier ni aujourd'hui ? 28 Jonathan répondit à Saül : David m'a demandé la permission d'aller à Bethléhem. 29 Il a dit : Laisse-moi aller, je te prie, car nous avons dans la ville un sacrifice de famille, et mon frère me l'a fait savoir ; si donc j'ai trouvé grâce à tes yeux, permets que j'aille en hâte voir mes frères. C'est pour cela qu'il n'est point venu à la table du roi. 30 Alors la colère de Saül s'enflamma contre Jonathan, et il lui dit : Fils pervers et rebelle, ne sais-je pas que tu as pour ami le fils d'Isaï, à ta honte et à la honte de ta mère ? 31 Car aussi longtemps que le fils d'Isaï sera vivant sur la terre, il n'y aura point de sécurité ni pour toi ni pour ta royauté. Et maintenant, envoie-le chercher, et qu'on me l'amène, car il est digne de mort. 32 Jonathan répondit à Saül, son père, et lui dit: Pourquoi le ferait-on mourir ? Qu'a-t-il fait ? 33 Et Saül dirigea sa lance contre lui, pour le frapper. Jonathan comprit que c'était chose résolue chez son père que de faire mourir David. 34 Il se leva de table dans une ardente colère, et ne participa point au repas le second jour de la nouvelle lune ; car il était affligé à cause de David, parce que son père l'avait outragé.

🔘 1 Samuel 20.35-40 : Le lendemain matin, Jonathan alla dans les champs au lieu convenu avec David, et il était accompagné d'un petit garçon. 36 Il lui dit : Cours, trouve les flèches que je vais tirer. Le garçon courut, et Jonathan tira une flèche qui le dépassa. 37 Lorsqu'il arriva au lieu où était la flèche que Jonathan avait tirée, Jonathan cria derrière lui : La flèche n'est-elle pas plus loin que toi ? 38 Il lui cria encore: Vite, hâte-toi, ne t'arrête pas ! Et le garçon de Jonathan ramassa les flèches et revint vers son maître. 39 Le garçon ne savait rien; Jonathan et David seuls comprenaient la chose. 40 Jonathan remit ses armes à son garçon, et lui dit : Va, porte les à la ville.

🔘 1 Samuel 20.41-43 : Après le départ du garçon, David se leva du côté du midi, puis se jeta le visage contre terre et se prosterna trois fois. Les deux amis s'embrassèrent et pleurèrent ensemble, David surtout fondit en larmes. 42 Et Jonathan dit à David : Va en paix, maintenant que nous avons juré l'un et l'autre, au nom de l'Éternel, en disant : Que l'Éternel soit à jamais entre moi et toi, entre ma postérité et ta postérité ! 43 David se leva, et s'en alla, et Jonathan rentra dans la ville.


3 - Achimélec à Nob.


a) David va chez Achimélec le sacrificateur.

a.1) Le pain.

Cette fois-ci David est réellement en fuite. Le retour n'est pas possible et il le sait.

Bien que le passage qui suit se trouve directement après la séparation entre David et Jonathan, rien ne nous dit qu'il en est directement la suite. En réalité ce passage est problématique. Certaines informations sont mensongères, donc comment accréditer les autres ? Lorsque David prétend avoir reçu un ordre du roi, ça ne peut pas être vrai. Il est officiellement désavoué et en fuite. Ce mensonge ne permet donc pas de savoir si le reste est vrai, en l'occurrence la partie concernant le rendez-vous de David avec ses hommes (qui est pourtant vraie, je reviendrai dessus). Cependant, il faut également considérer que lorsqu'un passage paraît étrange, c'est souvent parce qu'il ne parle pas du tout de ce que l'on croit. Le sujet important dans ce qui suit se trouve être les pains. Le passage complet est le suivant :

🔘 1 Samuel 21.1-6 : David se rendit à Nob (haut lieu, fruit), vers le sacrificateur Achimélec (frère d'un roi), qui accourut effrayé au-devant de lui et lui dit : Pourquoi es-tu seul et n'y a-t-il personne avec toi ? 2 David répondit au sacrificateur Achimélec : Le roi m'a donné un ordre et m'a dit : Que personne ne sache rien de l'affaire pour laquelle je t'envoie et de l'ordre que je t'ai donné. J'ai fixé un rendez-vous à mes gens. 3 Maintenant qu'as-tu sous la main ? Donne-moi cinq pains, ou ce qui se trouvera. 4 Le sacrificateur répondit à David : Je n'ai pas de pain ordinaire sous la main, mais il y a du pain consacré ; si du moins tes gens se sont abstenus de femmes ! 5 David répondit au sacrificateur : Nous nous sommes abstenus de femmes depuis trois jours que je suis parti, et tous mes gens sont purs : d'ailleurs, si c'est là un acte profane, il sera certainement aujourd'hui sanctifié par celui qui en sera l'instrument. 6 Alors le sacrificateur lui donna du pain consacré, car il n'y avait là d'autre pain que du pain de proposition, qu'on avait ôté de devant l'Éternel pour le remplacer par du pain chaud au moment où on l'avait pris.

Concernant les pains, l'étrangeté vient premièrement d'Achimélec. Sa réponse à David lorsqu'il lui demande du pain est la suivante : Je n'ai pas de pain ordinaire sous la main, mais il y a du pain consacré ; si du moins tes gens se sont abstenus de femmes ! (1 Samuel 21.4). Or sa réponse semble venir de nulle part. Les pains de proposition sont sur la table des pains et ils sont changés une fois par semaine. Les anciens sont alors mis dans un panier et doivent être mangés par les sacrificateurs et par personne d'autre. D'où l'étrangeté de la réponse du sacrificateur. Si le croyant lambda ignore probablement cela, par contre un sacrificateur ne peut pas l'ignorer. Pourtant le texte est clair, Achimélec ne voit pas de problème à donner ce pain à David, et ne voit comme problème concernant ses gens que l'éventualité qu'ils aient été charnellement avec des femmes. La réalité étant qu'ils auraient tout autant pu ne jamais en avoir connu une seule de toute leur vie, ça ne les aurait pas pour autant qualifiés pour en manger. De plus l'idée vient d'Achimélec. On pourrait alors simplement se dire qu'Achimélec fait n'importe quoi, mais la réalité est beaucoup plus profonde. David est un type de Jésus, tout comme Joseph ou Josué, et c'est ce même Jésus qui nous éclaire cette scène dans l'évangile selon Matthieu :

🔘 Matthieu 12.3-4 : Mais Jésus leur répondit : N'avez-vous pas lu ce que fit David, lorsqu'il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ; 4 comment il entra dans la maison de Dieu, et mangea les pains de proposition, qu'il ne lui était pas permis de manger, non plus qu'à ceux qui étaient avec lui, et qui étaient réservés aux sacrificateurs seuls ?

La première chose dans ce que Jésus nous dit, c'est justement la confirmation que David n'a pas menti en affirmant qu'il avait rendez-vous avec ses hommes. La deuxième chose est une validation de la consommation des pains de proposition par David et ses hommes. C'est là que la chose devient intéressante. Au regard de la loi de Moïse et de l'organisation du sacerdoce, David et Achimélec sont en tort, pourtant au regard de la grâce, ils sont dans la vérité et Jésus l'atteste. Dans la réalité, il existe deux sacerdoces dans l'ancienne alliance. Le sacerdoce Lévitique, que tout le monde connaît, et le sacerdoce Davidique qu'on a plus souvent tendance à ne pas connaître. Lorsque David sera roi sur Israël, il portera l'Ephod de lin dans le tabernacle dit "de David", et ses fils seront sacrificateurs. Et tous les sacrificateurs du tabernacle de Moïse reconnaîtront la particularité de son sacerdoce. Aucun prophète ne contestera.

Ce qui se passe entre Achimélec et David n'est autre qu'une passation d'onction. David représente le souverain sacrificateur d'un nouveau tabernacle, qui n'efface pas l'ancien. La vie entière de David nous révèle qu'il était sous la grâce en pleine époque de la loi, et les sacrificateurs et les prophètes le savaient. Dans le cas contraire, David n'aurait pas valu mieux qu'Achab ou Manassé puisque ses actes n'auraient été qu'une perversion des rites de Moïse. Au contraire, tous comprendront que Dieu est avec lui et durant tout son règne sur Israël, son tabernacle fera résonner la louange en présence de cette même arche qui aura marqué la fin d'Uzza qui venait de la toucher improprement. Si la conduite de David avait été impropre, il aurait été foudroyé de la même manière, parce que Dieu ne fait pas de favoritisme.

Ce qui se passe entre Achimélec et David est donc une aberration lorsqu'on le regarde sous le prisme de la loi de Moïse, par contre, lorsqu'on l'observe sous l'angle de la grâce de Dieu et plus particulièrement de son annonce, on réalise la force de ce qui s'est réellement passé. C'est le moment de la révélation de ce qui était à venir et qui se concrétiserait plus de 1000 années plus tard. David, le souverain sacrificateur d'un nouvel ordre, dont on nous dit que Jésus est le fils (Matthieu 1.1 : Généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham), lui qui est le souverain sacrificateur du tabernacle céleste, devient celui qui reçoit le pain et qui va le partager avec ses hommes. Cela préfigure le partage du pain qui est le signe de l'unité du corps. Cela représente donc Jésus et ses disciples et c'est dans cette direction que se trouve la légitimation de la consommation d'un pain qui n'est réservé qu'aux sacrificateurs que nous sommes tous en Jésus. Dès lors, la limitation posée non plus dans la sacrificature mais dans la pureté inhérente à l'abstinence des femmes devient l'annonce par Achimélec de ce qui ravage l'église depuis bien longtemps. Une rampante impureté dont les protagonistes ne parviennent même plus à réaliser la généralisation et leur participation à cette dernière. Les hommes de David représentent donc les croyants actuels devant se préserver du monde. Les femmes, non pas en tant que personnes, mais en tant que tentation, étant toujours l'arme par laquelle Israël et l'Eglise chute. Ce fut le cas avec Adam, les Madianites à la sortie du désert de l'Exode, tout comme durant la reconstruction du temple, et même pour Moïse avec Séphora.

a.2) Doëg, l'Édomite.

Les présentations étant faites et le plus urgent accompli, voilà que David va demander une arme. Tout cela se faisant sous le regard d'un : Edomite, nommé Doëg, serviteur de Saül.

🔘 1 Samuel 21.7-9 : Là, ce même jour, un homme d'entre les serviteurs de Saül se trouvait enfermé devant l'Éternel ; c'était un Édomite, nommé Doëg (craintif, timide), chef des bergers de Saül. 8 David dit à Achimélec : N'as-tu pas sous la main une lance ou une épée ? car je n'ai pris avec moi ni mon épée ni mes armes, parce que l'ordre du roi était pressant. 9 Le sacrificateur répondit : Voici l'épée de Goliath (exilé, splendeur), le Philistin, que tu as tué dans la vallée des térébinthes ; elle est enveloppée dans un drap, derrière l'éphod ; si tu veux la prendre, prends-la, car il n'y en a pas d'autre ici. Et David dit : Il n'y en a point de pareille ; donne-la-moi.

Doëg n'est pas un inconnu pour David, il le reconnaît de suite comme serviteur de Saül et a même la pensée qu'il en informerait Saul (1 Samuel 22.22 : J'ai bien pensé ce jour même que Doëg, l'Édomite, se trouvant là, ne manquerait pas d'informer Saül. C'est moi qui suis cause de la mort de toutes les personnes de la maison de ton père). Malheureusement David n'anticipera pas l'intensité de la haine de Saül qui, rejeté par Dieu en raison de ses nombreuses désobéissances, ne craindra plus d'aller à l'extrême contre ses serviteurs.

On notera que l'épée de Goliath, dont on aurait parfaitement pu penser qu'elle trônerait comme trophée, rappelant la victoire d'Israël, n'est en fait qu'une breloque oubliée, enveloppée dans un drap, derrière l'éphod. Un peu comme si elle était nonchalamment posée au fond d'une de nos armoires. Elle devait avoir le défaut de ne pas rappeler la victoire d'Israël à Saül, mais celle de David, victoire que lui, le roi, n'avait pu remporter.

On trouve dans ce passage une deuxième affirmation mensongère, et elle est exactement du même type que la première. Il est parfaitement possible qu'on se trouve simplement en présence d'une tentative maladroite de David de donner à Achimélec un alibi lorsque Saül l'interrogerait. Cela ne justifie pas le mensonge, mais permet de comprendre pourquoi les deux seules affirmations qui sont ouvertement fausses pointent sur le même sujet et ont pour conséquence de donner un alibi au sacrificateur, qui cependant n'en demandait aucun. Il faut également prendre en compte que David n'est pas encore l'homme à la stature de roi, il est en apprentissage et sa jeunesse qui n'est pas encore passée le laisse, dans l'instant présent, démuni face à une situation où son seul véritable allié depuis le commencement, c'est-à-dire Samuel, ne peut plus l'héberger, le roi l'ayant déjà trouvé une première fois avec lui.

S'il tente de donner à Achimélec un alibi, il le fait maladroitement et sans qu'il n'y en ait de réelle utilité, mais il faut envisager qu'il craignait également la soumission éventuelle du sacrificateur au roi.

Quant à Doëg, la raison de sa présence n'est pas très claire. C'est un serviteur de Saül et plus spécifiquement le : chef des bergers. Ca n'est donc pas une personne sans importance, et il se retrouve ici, "enfermé devant l'Eternel". C'est la compréhension du terme "enfermé" qui pose problème. Le terme original peut également être traduit par "retenu". Ce qui signifie qu'en réalité, l'impression d'un emprisonnement que donne la traduction "enfermé" n'est peut-être pas la réalité. Il est parfaitement possible que le texte ne fasse que nous dire que Doëg, en tant que chef des bergers était retenu pour discuter de quelque chose concernant les troupeaux, et donc probablement les animaux sacrificiels. Ce qui serait bien plus cohérent, aucune peine d'enfermement auprès de l'Eternel n'étant prévue dans la Parole de Dieu. En le comprenant de la sorte, le début du verset 7Là, ce même jour, nous parle simplement du fait que David et Doëg sont arrivés chez Achimélec le même jour, pour des raisons différentes.

David se retrouve donc avec l'épée de Goliath, comme s'il venait juste de tuer le géant et que la parenthèse de la cour du roi se terminait ici.

a.3) Saül extermine Achimélec.

Comme anticipé par David, Doëg va s'empresser de se faire bien voir par son maître en parlant de ce qu'il a vu.

🔘 1 Samuel 22.9-10 : Doëg, l'Édomite, qui se trouvait aussi parmi les serviteurs de Saül, répondit : J'ai vu le fils d'Isaï venir à Nob, auprès d'Achimélec, fils d'Achithub. 10 Achimélec a consulté pour lui l'Éternel, il lui a donné des vivres et lui a remis l'épée de Goliath, le Philistin.

Parmi ses affirmations, une semble fausse, celle concernant la consultation de l'Eternel, mais Achimélec va la confirmer. La réaction de Saül sera celle qu'on connaît. Comme dit plus tôt, Saül est devenu un roi immobile. Il ne sort plus que dans de très rares occasions et celle-ci ne fait pas exception. Achimélec et 85 membres de la famille de son père Achithub, tous sacrificateurs, sont convoqués auprès du roi (1 Samuel 22.11 : Le roi envoya chercher Achimélec, fils d'Achithub, le sacrificateur, et toute la maison de son père, les sacrificateurs qui étaient à Nob). On notera que le roi ne demande pas "si" mais exige de savoir "pourquoi". Cela acte que la décision du roi est déjà prise, il a déjà condamné Achimélec et ne fait que le mettre en face de ce qu'il décide être une faute.

🔘 1 Samuel 22.12-13 : Saül dit : Écoute, fils d'Achithub ! (frère de bienveillance) Il répondit : Me voici, mon seigneur ! 13 Saül lui dit : Pourquoi avez-vous conspiré contre moi, toi et le fils d'Isaï (Je possède) ? Pourquoi lui as-tu donné du pain et une épée, et as-tu consulté Dieu pour lui, afin qu'il s'élevât contre moi et me dressât des embûches, comme il le fait aujourd'hui ?

Ca n'est même pas un procès Stalinien, en réalité Saül n'a fait que convoquer Achimélec et les siens pour prononcer sa sentence du haut de son trône. La suite nous montre non pas de la colère, mais de la rage. Saül est devenu un ennemi actif de l'Eternel, et ce qu'il fait il ne le fait pas contre Achimélec, c'est sa réponse à l'Eternel. Comme l'avait fait le peuple plus tôt en rejetant Samuel alors que c'est l'Éternel qu'ils rejetaient (1 Samuel 8.7ce n'est pas toi qu'ils rejettent, c'est moi qu'ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux). Saül s'en prend aux sacrificateurs parce que c'est sa seule manière d'atteindre l'Eternel, et il le fait à partir de son trône pour montrer que les affirmations de l'Eternel faites à travers la bouche de Samuel ne se sont pas accomplies. Aussi, les explications d'Achimélec ne servent à rien devant un roi qui a déjà pris sa décision (1 Samuel 22.14-15*). Sa vengeance n'est pas contre Achimélec, elle est contre David et contre l'Eternel. Saül sait que Achimélec n'a rien fait de mal. D'ailleurs il explique sa décision en mentant. Ses affirmations sont que David s'est élevé contre lui et qu'il lui dresse des embûches, or David ne s'est jamais élevé contre le roi Saül et ne le fera jamais, et les embûches dont il parle ne sont qu'au nombre d'une, et cela concerne sa rencontre avec Samuel, qui protégeait David, et qui l'a vu se rouler à terre, nu comme un ver pendant une journée et une nuit entière. Son humiliation demande vengeance et il frappe ce qui se rapproche le plus de l'Eternel.

🔘 1 Samuel 22.16-18 : Le roi dit : Tu mourras, Achimélec, toi et toute la maison de ton père. 17 Et le roi dit aux coureurs qui se tenaient près de lui : Tournez-vous, et mettez à mort les sacrificateurs de l'Éternel ; car ils sont d'accord avec David, ils ont bien su qu'il s'enfuyait, et ils ne m'ont point averti. Mais les serviteurs du roi ne voulurent pas avancer la main pour frapper les sacrificateurs de l'Éternel. 18 Alors le roi dit à Doëg : Tourne-toi, et frappe les sacrificateurs. Et Doëg, l'Édomite, se tourna, et ce fut lui qui frappa les sacrificateurs ; il fit mourir en ce jour quatre-vingt-cinq hommes portant l'éphod de lin.

Ca n'est pas la maison d'Achimélec que Saül décide de détruire, mais celle de son père. Ce qui fait que même si Achimélec avait fait quelque chose de mal, ce qui n'est pas le cas, Saül extermine l'intégralité des sacrificateurs de la branche dont il fait partie. Mais il ne s'arrêtera pas là. Alors même qu'il avait refusé d'exterminer Amalek (1 Samuel 15) malgré l'ordre de l'Eternel, ce qui lui vaudra son rejet, voilà qu'il n'a aucune hésitation à faire aux serviteurs de Dieu ce qu'il refusait de faire pour Dieu. Il ordonnera donc l'extermination de toute la ville de Nob, ville sacerdotale ; hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs, ânes, et brebis, tombèrent sous le tranchant de l'épée (1 Samuel 22.19).

a.4) Abiathar, le réchappé.

De ce massacre ne sortira indemne qu'une seule personne, un fils d'Achimélec, fils d'Achithub ... . Son nom était Abiathar (père de l'abondance). Il s'enfuit auprès de David, 21 et lui rapporta que Saül avait tué les sacrificateurs de l'Éternel. 22 David dit à Abiathar : J'ai bien pensé ce jour même que Doëg, l'Édomite, se trouvant là, ne manquerait pas d'informer Saül. C'est moi qui suis cause de la mort de toutes les personnes de la maison de ton père. 23 Reste avec moi, ne crains rien, car celui qui cherche ma vie cherche la tienne ; près de moi tu seras bien gardé. (1 Samuel 22.20-23). C'est ce même Abiathar qui apportera l'éphod de lin à David (1 Samuel 23.6).

a.5) Le psaume de David.

Cet épisode sera suffisamment marquant pour que David en fasse un psaume.

🔘 Psaumes 52.1-11 : Au chef des chantres. Cantique de David. 2 A l'occasion du rapport que Doëg, l'Édomite, vint faire à Saül, en lui disant : David s'est rendu dans la maison d'Achimélec. 3 Pourquoi te glorifies-tu de ta méchanceté, tyran ? La bonté de Dieu subsiste toujours. 4 Ta langue n'invente que malice, comme un rasoir affilé, fourbe que tu es ! 5 Tu aimes le mal plutôt que le bien, le mensonge plutôt que la droiture. - Pause. 6 Tu aimes toutes les paroles de destruction, Langue trompeuse ! 7 Aussi Dieu t'abattra pour toujours, Il te saisira et t'enlèvera de ta tente; Il te déracinera de la terre des vivants. - Pause. 8 Les justes le verront, et auront de la crainte, Et ils feront de lui le sujet de leurs moqueries : 9 Voilà l'homme qui ne prenait point Dieu pour protecteur, Mais qui se confiait en ses grandes richesses, Et qui triomphait dans sa malice ! 10 Et moi, je suis dans la maison de Dieu comme un olivier verdoyant, Je me confie dans la bonté de Dieu, éternellement et à jamais. 11 Je te louerai toujours, parce que tu as agi; Et je veux espérer en ton nom, parce qu'il est favorable, En présence de tes fidèles.


* La réponse d'Achimélec à Saül :

🔘 1 Samuel 22.14-15 : Achimélec répondit au roi : Lequel d'entre tous tes serviteurs peut être comparé au fidèle David, gendre du roi, dévoué à ses ordres, et honoré dans ta maison ? 15 Est-ce aujourd'hui que j'ai commencé à consulter Dieu pour lui ? Loin de moi ! Que le roi ne mette rien à la charge de son serviteur ni de personne de la maison de mon père, car ton serviteur ne connaît de tout ceci aucune chose, petite ou grande.



b) David fait semblant d'être fou.

b.1) La folie simulée.

Cependant, entre le moment où David se rend chez Achimélec et celui où Doëg fait son rapport au roi, il se passe deux choses. La première est le départ de David loin des territoires contrôlés par Saül. Et quoi de mieux que les territoires que seul David avait pu soumettre. Il va donc vers les terres des Philistins, pour s'arrêter à Gath. Il arrive donc dans la ville d'Akisch, roi de Gath, armé de l'épée de Goliath. L'ironie est complète puisque c'est dans cette ville que cette épée a été forgée. Pourtant David va craindre le roi, il sait avoir un passif de taille avec lui et n'a pas le courage de l'affronter, pas nécessairement militairement, mais au moins dans une discussion. C'est à ce moment qu'il se fera passer pour fou afin de pouvoir repartir.

🔘 1 Samuel 21.10-15 : David se leva et s'enfuit le même jour loin de Saül. Il arriva chez Akisch (je serai noirci (de peur), homme seul), roi de Gath (pressoir de la vendange). 11 Les serviteurs d'Akisch lui dirent : N'est-ce pas là David, roi du pays ? n'est-ce pas celui pour qui l'on chantait en dansant : Saül a frappé ses mille, -Et David ses dix mille ? 12 David prit à cœur ces paroles, et il eut une grande crainte d'Akisch, roi de Gath. 13 Il se montra comme fou à leurs yeux, et fit devant eux des extravagances ; il faisait des marques sur les battants des portes, et il laissait couler sa salive sur sa barbe. 14 Akisch dit à ses serviteurs : Vous voyez bien que cet homme a perdu la raison ; pourquoi me l'amenez-vous ? 15 Est-ce que je manque de fous, pour que vous m'ameniez celui-ci et me rendiez témoin de ses extravagances ? Faut-il qu'il entre dans ma maison ?

Dans la réalité, la terre des Philistins sera bien sa destination, mais c'est simplement trop tôt, il lui manque encore une chose de taille, c'est le feu vert de l'Eternel. Il est allé par ses propres forces là où il ira bientôt par celles de Dieu. Le résultat est qu'il bat en retraite et se dirige vers la deuxième chose qu'il fera avant la mort de Achimélec. Cela signifie également que dans l'immédiat, il est en fuite mais n'a pas l'éphod de lin avec lui, Abiathar ne l'ayant pas encore rejoint.

b.2) Le psaume 56.

Cet instant devant le roi de Gath est le seul moment où David est dans les mains des Philistins, il est donc plus que probable que le psaume 56 se réfère à ce moment :

🔘 Psaumes 56.1-14 : Au chef des chantres. Sur <<Colombe des térébinthes lointains>>. Hymne de David. Lorsque les Philistins le saisirent à Gath. 2 Aie pitié de moi, ô Dieu ! car des hommes me harcèlent ; Tout le jour ils me font la guerre, ils me tourmentent. 3 Tout le jour mes adversaires me harcèlent; Ils sont nombreux, ils me font la guerre comme des hautains. 4 Quand je suis dans la crainte, En toi je me confie. 5 Je me glorifierai en Dieu, en sa parole ; Je me confie en Dieu, je ne crains rien : Que peuvent me faire des hommes ? 6 Sans cesse ils portent atteinte à mes droits, Ils n'ont à mon égard que de mauvaises pensées. 7 Ils complotent, ils épient, ils observent mes traces, Parce qu'ils en veulent à ma vie. 8 C'est par l'iniquité qu'ils espèrent échapper : Dans ta colère, ô Dieu, précipite les peuples ! 9 Tu comptes les pas de ma vie errante ; Recueille mes larmes dans ton outre : Ne sont-elles pas inscrites dans ton livre ? 10 Mes ennemis reculent, au jour où je crie ; Je sais que Dieu est pour moi. 11 Je me glorifierai en Dieu, en sa parole ; Je me glorifierai en l'Éternel, en sa parole ; 12 Je me confie en Dieu, je ne crains rien: Que peuvent me faire des hommes ? 13 O Dieu ! je dois accomplir les vœux que je t'ai faits ; Je t'offrirai des actions de grâces. 14 Car tu as délivré mon âme de la mort, tu as garanti mes pieds de la chute, afin que je marche devant Dieu, à la lumière des vivants.



c) Le début de l'établissement.

c.1) La caverne d'Adullam.

Il va donc s'enfuir de Gath pour aller se réfugier en Juda. Plus précisément dans la caverne d'Adullam. Pris à l'Est par Saül et à l'Ouest par les Philistins, David se cache dans une grotte, et c'est là que la roue va tourner. Il n'est accompagné que des quelques hommes qui étaient avec lui lors de sa visite à Achimélec, mais la situation commence à être connue, et le peuple aime David autant qu'il se rend compte du problème que devient Saül.

🔘 1 Samuel 22.1-2 : David partit de là, et se sauva dans la caverne d'Adullam (justice du peuple, enclos). Ses frères et toute la maison de son père l'apprirent, et ils descendirent vers lui. 2 Tous ceux qui se trouvaient dans la détresse, qui avaient des créanciers, ou qui étaient mécontents, se rassemblèrent auprès de lui, et il devint leur chef. Ainsi se joignirent à lui environ quatre cents hommes.

On notera que dans sa relative détresse, David a gagné sa famille, et une information supplémentaire la concernant sera donné dans le paragraphe suivant. Quoi qu'il en soit, désormais ils le suivent. Par contre, on ne sait pas combien de temps il est resté dans cette grotte. Probablement jusqu'à ce que son camp devienne trop imposant, mais cela ne nous donne pas de durée.

Jour après jour de nouveaux arrivant grossissaient ses rangs, mais parmi eux se trouvaient de nombreuses personnes plus proches du brigandage que de la 'quête sainte' d'introniser David. Voyant la teneur de sa troupe, David se confiera à l'Eternel dans le psaume 57 :

🔘 Psaumes 57.1-12 : Au chef des chantres. <<Ne détruis pas.>> Hymne de David. Lorsqu'il se réfugia dans la caverne, poursuivi par Saül. 2 Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi ! Car en toi mon âme cherche un refuge ; Je cherche un refuge à l'ombre de tes ailes, Jusqu'à ce que les calamités soient passées. 3 Je crie au Dieu Très Haut, Au Dieu qui agit en ma faveur. 4 Il m'enverra du ciel le salut, Tandis que mon persécuteur se répand en outrages; -Pause. Dieu enverra sa bonté et sa fidélité. 5 Mon âme est parmi des lions ; Je suis couché au milieu de gens qui vomissent la flamme, Au milieu d'hommes qui ont pour dents la lance et les flèches, Et dont la langue est un glaive tranchant. 6 Élève-toi sur les cieux, ô Dieu ! Que ta gloire soit sur toute la terre ! 7 Ils avaient tendu un filet sous mes pas : Mon âme se courbait ; Ils avaient creusé une fosse devant moi : Ils y sont tombés. -Pause. 8 Mon cœur est affermi, ô Dieu ! mon cœur est affermi ; Je chanterai, je ferai retentir mes instruments. 9 Réveille-toi, mon âme ! réveillez-vous, mon luth et ma harpe ! Je réveillerai l'aurore. 10 Je te louerai parmi les peuples, Seigneur ! Je te chanterai parmi les nations. 11 Car ta bonté atteint jusqu'aux cieux, et ta fidélité jusqu'aux nues. 12 Élève-toi sur les cieux, ô Dieu ! Que ta gloire soit sur toute la terre !

c.2) Moab.

Fort de sa nouvelle troupe, David est bien conscient que des combats plus importants se profilent. Israël est en guerre contre les Philistins, et ça n'est pas une guerre de tranchées. Il est possible de tomber sur une troupe Philistine à n'importe quel moment, et lorsqu'on n'en voit pas, c'est souvent qu'Israël occupe le territoire et dans la situation de David et de ses gens ça n'est pas nécessairement plus apaisant. Israël n'est en guerre que contre les Philistins, et les Philistins ne sont en guerre que contre Israël, mais David les a tous les deux sur le dos. Devant la responsabilité qui est la sienne et le fait qu'il se retrouve cette fois-ci également en charge de la maison de son père, il va choisir de commencer par mettre à l'abri son père et sa mère. Et c'est la première fois qu'on parle d'elle. A aucun moment il n'avait été fait mention d'elle.

Pour les mettre à l'abri, il va les amener dans la terre de ses ancêtres du côté de son arrière-grand-mère, Ruth (amitié, une amie). C'est donc en Moab (issu d'un père) qu'il va se rendre afin de les confier aux bons soins du roi de Moab. Dans ce lieu, il restera avec eux pendant toute la période qu'il passera à l'abri dans la forteresse du roi.

🔘 1 Samuel 22.3-4 : De là David s'en alla à Mitspé (tour de guet) dans le pays de Moab. Il dit au roi de Moab : Permets, je te prie, à mon père et à ma mère de se retirer chez vous, jusqu'à ce que je sache ce que Dieu fera de moi. 4 Et il les conduisit devant le roi de Moab, et ils demeurèrent avec lui tout le temps que David fut dans la forteresse.

C'est le prophète Gad qui lui dira de partir pour retourner quasiment d'où il venait. On a donc appris que sa famille a fini par le rejoindre, que Moab est de son côté, et que le prophète Gad l'a également suivi, délaissant le roi d'Israël (1 Samuel 22.5 : Le prophète Gad dit à David : Ne reste pas dans la forteresse, va-t'en, et entre dans le pays de Juda. Et David s'en alla, et parvint à la forêt de Héreth).

La forêt de Héreth, qui est sa destination, se trouve juste au sud de la grotte d'Adullam où il se trouvait précédemment. La suite de son aventure se passera au niveau d'une petite ville à proximité.



d) Retour à la chronologie.

C'est donc à ce moment-là, alors que David retourne vers Adullam et se pose dans la forêt de Héreth, que le roi Saül va servir un discours à ses serviteurs Benjamites. Discours une fois de plus empreint de mensonges divers, mais qui surtout, verra Doëg répondre en livrant Achimélec à Saül.

🔘 1 Samuel 22.6-8 : Saül apprit que l'on avait des renseignements sur David et sur ses gens. Saül était assis sous le tamarisc, à Guibea (colline), sur la hauteur ; il avait sa lance à la main, et tous ses serviteurs se tenaient près de lui. 7 Et Saül dit à ses serviteurs qui se tenaient près de lui : Écoutez, Benjamites ! Le fils d'Isaï vous donnera-t-il à tous des champs et des vignes ? Fera-t-il de vous tous des chefs de mille et des chefs de cent ? 8 Sinon, pourquoi avez-vous tous conspiré contre moi, et n'y a-t-il personne qui m'informe de l'alliance de mon fils avec le fils d'Isaï ? Pourquoi n'y a-t-il personne de vous qui souffre à mon sujet, et qui m'avertisse que mon fils a soulevé mon serviteur contre moi, afin qu'il me dressât des embûches, comme il le fait aujourd'hui ?

C'est suite au massacre de la maison d'Achithub, père d'Achimélec, qu'Abiathar fuira avec l'éphod et le portera à David. Cette série d'évènements se termine donc avec David se trouvant à la tête de 400 hommes de guerres, accompagné du prophète Gad.

David ne se contente désormais plus de fuir.


4 - Keïla.


Tristement, Keïla est une leçon qu'il faut prendre en compte dans la vie de chaque croyant.


a) La libération de Keïla.

Alors qu'il se trouve dans la forêt de Héreth, David apprend que la ville de Keïla (forteresse), qui se trouve proche de son campement, au sud, a été attaquée et pillée par les Philistins. Il fera l'une des choses qui caractérisera son règne dans les années à venir. Chercher le conseil de Dieu, et peu importe qu'il redemande la même chose, l'Eternel répond encore, parce qu'il est sincère.

🔘 1 Samuel 23.1-5 : On vint dire à David : Voici, les Philistins ont attaqué Keïla, et ils pillent les aires. 2 David consulta l'Éternel, en disant: Irai-je, et battrai-je ces Philistins ? Et l'Éternel lui répondit: Va, tu battras les Philistins, et tu délivreras Keïla. 3 Mais les gens de David lui dirent: Voici, nous ne sommes pas sans crainte ici même en Juda ; que sera-ce si nous allons à Keïla contre les troupes des Philistins ? 4 David consulta encore l'Éternel. Et l'Éternel lui répondit : Lève-toi, descends à Keïla, car je livre les Philistins entre tes mains. 5 David alla donc avec ses gens à Keïla, et il se battit contre les Philistins; il emmena leur bétail, et leur fit éprouver une grande défaite. Ainsi David délivra les habitants de Keïla.



b) La fuite de Keïla.

Installé dans la ville de Keïla, David reçoit le renfort d'Abiathar apportant avec lui l'éphod de lin et la triste nouvelle du massacre de la ville de Nob. Malheureusement, la capture d'une ville comme Keïla était connue, suffisamment pour qu'Abiathar en entende parler dans sa fuite, mais suffisamment également pour que Saül fasse de même.

🔘 1 Samuel 23.7-8 : Saül fut informé de l'arrivée de David à Keïla, et il dit : Dieu le livre entre mes mains, car il est venu s'enfermer dans une ville qui a des portes et des barres. 8 Et Saül convoqua tout le peuple à la guerre, afin de descendre à Keïla et d'assiéger David et ses gens.

Evidemment, en convoquant tout le peuple, Saül a aussi averti des sympathisants de David qui, informé de la situation, va comme à son habitude, interroger l'Eternel. C'est également la première fois qu'il le fait avec l'éphod. Il n'est pas clair si c'est lui qui l'utilise où s'il passe par Abiathar. On sait que David la portera pendant son règne, mais dans la situation présente le texte n'est pas assez clair pour affirmer qu'il le fait déjà. D'autant qu'il redemandera plus tard qu'Abiathar la lui apporte, ce qui implique qu'Abiathar l'a conservée. Par contre, la fois suivante dont il est question semble plus en faveur d'un port par David : Il dit au sacrificateur Abiathar, fils d'Achimélec : Apporte-moi donc l'éphod ! Abiathar apporta l'éphod à David. 8 Et David consulta l'Éternel (1 Samuel 30.7-8). Quant à la fois encore après, il sera précisé que : David dansait de toute sa force devant l'Éternel, et il était ceint d'un éphod de lin (2 Samuel 6.14). Il est possible que ce soit en réalité une gradation. La première fois Abiathar en est le détenteur et l'utilisateur, la deuxième fois Abiathar en était le détenteur et l'apporte à David qui l'utilise, et la troisième fois tout est dans les mains de David qui est sacrificateur.

Mais pour en revenir à Keïla, si Saül a des yeux et des oreilles partout, David n'est pas de reste, et ses propres sympathisants l'en informent.

🔘 1 Samuel 23.9-12 : David, ayant eu connaissance du mauvais dessein que Saül projetait contre lui, dit au sacrificateur Abiathar : Apporte l'éphod ! 10 Et David dit : Éternel, Dieu d'Israël, ton serviteur apprend que Saül veut venir à Keïla pour détruire la ville à cause de moi. 11 Les habitants de Keïla me livreront-ils entre ses mains ? Saül descendra-t-il, comme ton serviteur l'a appris ? Éternel, Dieu d'Israël, daigne le révéler à ton serviteur ! Et l'Éternel répondit : Il descendra. 12 David dit encore : Les habitants de Keïla me livreront-ils, moi et mes gens, entre les mains de Saül ? Et l'Éternel répondit : Ils te livreront.

Il ne faut pas voir de la trahison dans le comportement annoncé des habitants de Keïla. Ce serait confondre une reconnaissance bien légitime avec la réelle trahison que serait le rejet du roi. Keïla est une ville de Juda, ce qu'a fait David est évidemment apprécié, mais David ne peut pas s'attendre à ce que soudainement la ville décide de combattre Israël. Et cette logique est dans le coeur de David. Il ne part pas du principe que les habitants de la ville vont les protéger lui et ses 600 hommes. David ne veut pas la division de Juda et c'est pour cela qu'il interroge l'Eternel sur ce sujet spécifique. On aurait pu penser qu'il demanderait à l'Eternel s'il serait victorieux, mais ça n'est pas du tout ce qu'il fait. Sa question semble sortir de nulle part : Les habitants de Keïla me livreront-ils entre ses mains ? Mais en réalité elle est logique, tout comme la réponse de l'Eternel l'est. C'est pour cela que David va faire la seule chose de censée pour le bien de tous. Il va partir, ce qui stoppera effectivement la marche de Saül.

🔘 1 Samuel 23.13 : Alors David se leva avec ses gens au nombre d'environ six cents hommes ; ils sortirent de Keïla, et s'en allèrent où ils purent. Saül, informé que David s'était sauvé de Keïla, suspendit sa marche.



c) La leçon pour tous.

Dans la réalité, c'est une fois de plus une leçon pour David. Il a évidemment envie d'un endroit où se reposer. Déjà lorsqu'il avait amené ses parents chez le roi de Moab, il était resté là-bas, à l'abri de la forteresse, et c'est par le prophète Gad qu'il avait reçu le message de retourner en Juda. Ici une fois de plus, il trouve l'abri d'une forteresse et n'interroge pas l'Eternel sur la possibilité de rester. Il n'aborde le sujet que contraint et forcé. On réalise que les seules fois où David n'interroge pas l'Eternel, c'est quand il pense avoir trouvé un abri. David doit apprendre une chose que le livre des Psaumes nous montre qu'il apprendra finalement.

🔘 Psaumes 91.2 : Je dis à l'Éternel : Mon refuge et ma forteresse, Mon Dieu en qui je me confie !

L'Eternel est sa fronde, son épée, il est son étendard dans la bataille, mais David est en train d'apprendre qu'il est également le seul refuge sur lequel il peut compter. Cette leçon lui est nécessaire, autant pour les jours qu'il traverse que pour son règne à venir, et il va au fur-et-à-mesure l'apprendre jusqu'à ne plus considérer ses propres gardes royaux et les murailles de Jérusalem comme une réelle protection.

🔘 Psaumes 4.9 : Je me couche et je m'endors en paix, car toi seul, ô Éternel ! tu me donnes la sécurité dans ma demeure.

Nous ne pouvons pas compter sur qui que ce soit d'autre que Dieu. Et même les fruits de son œuvre à travers nous ne sont pas digne de confiance. Si Dieu nous demande de faire une chose, cette chose est à lui et nous ne devons pas compter dessus, mais uniquement sur lui. David s'est reposé sur le fruit de son labeur. Il a libéré Keïla et s'y est reposé, au lieu de réaliser qu'il était plus en sécurité dans la grotte d'Adullam qu'il ne l'était au sein des remparts de Keïla.


5 - Le chat et la souris.


a) Désert de Ziph / Jonathan / Colline de Hakila.

a.1) Le désert de Ziph.

Venant de fuir Keïla, David et ses gens partent pour la montagne du désert de Ziph, au sud d'Hébron. Saül de son côté n'a toujours pas laissé tomber mais ne parvient pas à trouver David. C'est dans ce moment que Jonathan va rejoindre David afin de faire une alliance dans laquelle on cerne le problème de perception du prince. Jonathan se voit second après David dans le futur royaume d'Israël. La première chose qu'il dit est conforme à la Parole de Dieu, David régnera, par contre la deuxième n'est pas de Dieu.

🔘 1 Samuel 23.14-18 : David demeura au désert, dans des lieux forts, et il resta sur la montagne du désert de Ziph. Saül le cherchait toujours, mais Dieu ne le livra pas entre ses mains. 15 David, voyant Saül en marche pour attenter à sa vie, se tint au désert de Ziph, dans la forêt. 16 Ce fut alors que Jonathan, fils de Saül, se leva et alla vers David dans la forêt. Il fortifia sa confiance en Dieu, 17 et lui dit : Ne crains rien, car la main de Saül, mon père, ne t'atteindra pas. Tu régneras sur Israël, et moi je serai au second rang près de toi ; Saül, mon père, le sait bien aussi. 18 Ils firent tous deux alliance devant l'Éternel ; et David resta dans la forêt, et Jonathan s'en alla chez lui.

C'est donc dans cet instant que Jonathan, qui se voit bien être le second en Israël, ne se voit cependant pas cesser de l'être dans l'instant présent. Son père le traite déjà comme un moins que rien, l'accuse devant le peuple d'avoir ourdi un complot contre le trône, mais Jonathan préfère rester aux côtés d'un père abusif, rejeté par Dieu, plutôt que de suivre un fuyard dont il reconnaît que Dieu est avec lui, et dont l'avenir annoncé sera de détenir le trône de son père. Il aurait pu rester avec lui ce jour-là, mais il a choisi sa route, pensant qu'il pouvait être le second dans le royaume présent et être le second dans le royaume à venir. Seulement voilà, l'importance de choisir son royaume est primordiale, et celui qui choisit de ne pas choisir à tout de même fait un choix.

 a.2) La délation des Ziphiens.

La tribu de Juda a beau être la tribu de David, il n'en reste pas moins qu'elle fait partie d'Israël, et que Saül en est le roi. Quant aux annonces de Samuel concernant la royauté à venir de David, n'oublions pas qu'une prophétie n'est de Dieu que si elle se réalise. Le livre du Deutéronome est clair : Comment connaîtrons-nous la parole que l'Éternel n'aura point dite ? 22 Quand ce que dira le prophète n'aura pas lieu et n'arrivera pas, ce sera une parole que l'Éternel n'aura point dite. C'est par audace que le prophète l'aura dite : n'aie pas peur de lui (Deutéronome 18.21-22). Avec le recul et les éventuelles relectures de la Parole de Dieu, nous savons que cette parole était de Dieu, par contre il faut également prendre en compte que pour les Hébreux d'alors, ça n'était pas obligatoirement une évidence. Samuel a oint David pour roi longtemps auparavant, et il ne l'est toujours pas. Il est parfaitement compréhensible que certains y voient une parole non accomplie, et donc une parole qui n'était pas de Dieu. Bien sûr Saül sait parfaitement ce qu'il en est, mais il est possible que les Ziphiens, qui sont de la même tribu que David, aient attendu un "sauveur", et les années passant, se rendent bien compte que tout ce qu'ils ont, c'est un fuyard, "ennemi du roi, et donc d'Israël".

David étant réfugié sur le territoire des Ziphiens, il n'en faudra pas plus pour que des langues se délient auprès du roi.

🔘 1 Samuel 23.19-24 : Les Ziphiens montèrent auprès de Saül à Guibea, et dirent : David n'est-il pas caché parmi nous dans des lieux forts, dans la forêt, sur la colline de Hakila (sombre, lugubre), qui est au midi du désert ? 20 Descends donc, ô roi, puisque c'est là tout le désir de ton âme; et à nous de le livrer entre les mains du roi. 21 Saül dit : Que l'Éternel vous bénisse de ce que vous avez pitié de moi ! 22 Allez, je vous prie, prenez encore des informations pour savoir et découvrir dans quel lieu il a dirigé ses pas et qui l'y a vu, car il est, m'a-t-on dit, fort rusé. 23 Examinez et reconnaissez tous les lieux où il se cache, puis revenez vers moi avec quelque chose de certain, et je partirai avec vous. S'il est dans le pays, je le chercherai parmi tous les milliers de Juda. 24 Ils se levèrent donc et allèrent à Ziph avant Saül. David et ses gens étaient au désert de Maon, dans la plaine au midi du désert.



b) Désert de Maon / Les Philistins envahissent Israël.

Comme à son habitude, David va apprendre la délation des Ziphiens (1 Samuel 23.25Saül partit avec ses gens à la recherche de David. Et l'on en informa David). A cette occasion il composera le psaume 54.

🔘 Psaumes 54.1-8 : Au chef des chantres. Avec instruments à cordes. Cantique de David. 2 Lorsque les Ziphiens vinrent dire à Saül : David n'est-il pas caché parmi nous ? 3 O Dieu ! sauve-moi par ton nom, Et rends-moi justice par ta puissance ! 4 O Dieu ! écoute ma prière, Prête l'oreille aux paroles de ma bouche ! 5 Car des étrangers se sont levés contre moi, Des hommes violents en veulent à ma vie ; Ils ne portent pas leurs pensées sur Dieu. -Pause. 6 Voici, Dieu est mon secours, Le Seigneur est le soutien de mon âme. 7 Le mal retombera sur mes adversaires ; Anéantis-les, dans ta fidélité ! 8 Je t'offrirai de bon cœur des sacrifices ; Je louerai ton nom, ô Éternel ! car il est favorable, 9 Car il me délivre de toute détresse, Et mes yeux se réjouissent à la vue de mes ennemis.

Il y a une étrangeté dans ce psaume, David parle clairement des Ziphiens, et il les qualifie d'étrangers (Car des étrangers se sont levés contre moi). Si c'est étrange, c'est parce que les Ziphiens sont descendants de Juda, Ziph était le petit-fils de Caleb (1 Chroniques 2.42 : Fils de Caleb, frère de Jerachmeel : Méscha, son premier-né, qui fut père de Ziph ...). Le sens possible est que les Ziphiens de naissance on bâtit la ville de Ziph, entre Hébron et Carmel. A partir du moment où une ville existe, on peut penser qu'elle n'était plus uniquement peuplée des descendants de Ziph. Un habitant, par exemple Cananite, serait dès lors un Ziphiens, non pas dans sa lignée génétique, mais dans son lieu d'habitation. Dans l'absolue, le texte n'est pas plus précis que cela, mais les Ziphiens de naissance sont bien une branche de Juda, donc ne sont pas des étrangers.

Le roi va donc partir à nouveau en campagne, et on se rend compte qu'une fois de plus, lorsqu'il s'agit de capturer David, il mène les troupes. Cette fois-ci cependant, l'étau se resserre, et les deux troupes restent constamment à portée, David ne parvenant pas à prendre le large (Saül marchait d'un côté de la montagne, et David avec ses gens de l'autre côté de la montagne). La situation devient plus que périlleuse, et il devient de plus en plus certain que David et ses gens vont être capturés, voir pire. La fuite se fait désormais dans la précipitation tant l'urgence est grande.

🔘 1 Samuel 23.25-26 : Saül partit avec ses gens à la recherche de David. Et l'on en informa David, qui descendit le rocher et resta dans le désert de Maon. Saül, l'ayant appris, poursuivit David au désert de Maon (habitation). 26 Saül marchait d'un côté de la montagne, et David avec ses gens de l'autre côté de la montagne. David fuyait précipitamment pour échapper à Saül. Mais déjà Saül et ses gens entouraient David et les siens pour s'emparer d'eux,

Et c'est là qu'une fois de plus, l'Eternel va intervenir.

🔘 1 Samuel 23.27-24.1 : lorsqu'un messager vint dire à Saül : Hâte-toi de venir, car les Philistins ont fait invasion dans le pays. 28 Saül cessa de poursuivre David, et il s'en retourna pour aller à la rencontre des Philistins. C'est pourquoi l'on appela ce lieu Séla Hammachlekoth (le rocher de l'évasion). 24.1 De là David monta vers les lieux forts d'En Guédi (fontaine du chevreau), où il demeura.

David s'installe alors à environ 20 kilomètres à l'Est de Ziph, à En-Guédi.


6 - La caverne et le manteau.

Depuis que les 400 hommes l'ont rejoint dans la grotte d'Adullam, puis 200 de plus à Keïla, le camp de David s'est structuré. Il est en compagnie d'un prophète et d'un sacrificateur, ce qui garantit des gardes fous. Comme dans la forteresse du roi de Moab où c'est Gad qui reçoit la directive de retourner en Juda. Malheureusement, alors que la troupe grandit en nombre, il va de soi qu'elle grandit également en visibilité. Si l'Eternel a montré sa protection en éloignant Saül, ça n'est que partie remise.



a) Le rocher des boucs sauvage.

Une fois les Philistins chassés, Saül va reprendre ses esprits, ou plutôt les reperdre. Il part de suite à la poursuite de David.

🔘 1 Samuel 24.2-4 : Lorsque Saül fut revenu de la poursuite des Philistins, on vint lui dire : Voici, David est dans le désert d'En Guédi. 3 Saül prit trois mille hommes d'élite sur tout Israël, et il alla chercher David et ses gens jusque sur les rochers des boucs sauvages. 4 Il arriva à des parcs de brebis, qui étaient près du chemin ; et là se trouvait une caverne, où il entra pour se couvrir les pieds. David et ses gens étaient au fond de la caverne.

Va se dérouler une scène particulière qui marque les esprits.

Saül, désireux de se reposer, va se diriger vers une grotte dans laquelle il se pense à l'abri. Il se trouve que David avait dû avoir la même idée, et les deux hommes qui jouent au chat et à la souris depuis quelque temps déjà, finissent par se retrouver exactement au même endroit.

Pondérons le hasard. Saül sait que David se trouve quelque part à En-Guédi, et la zone territoriale n'est pas très grande. La grotte est donc plus que probablement connue de tous comme un lieu où s'abriter de la chaleur du jour. Saül étant guidé par les Ziphiens, qui connaissent cette région parfaitement, n'est probablement pas tombé sur cette grotte par hasard. Elle devait être une étape de sa marche.

Cette étape a cependant la particularité de croiser celle de David qui justement se réfugiait au même endroit, au même moment. Caché au fond de cette grotte avec le roi qui dort à l'entrée et l'armée d'Israël à l'extérieur, David va s'en remettre à l'Eternel et composera un psaume qui est retranscrit au chapitre 142 du livre des psaumes :

🔘 Psaumes 142.1-8 : Cantique de David. Lorsqu'il était dans la caverne. Prière. 2 De ma voix je crie à l'Éternel, De ma voix j'implore l'Éternel. 3 Je répands ma plainte devant lui, Je lui raconte ma détresse. 4 Quand mon esprit est abattu au dedans de moi, Toi, tu connais mon sentier. Sur la route où je marche Ils m'ont tendu un piège. 5 Jette les yeux à droite, et regarde ! Personne ne me reconnaît, Tout refuge est perdu pour moi, Nul ne prend souci de mon âme. 6 Éternel ! c'est à toi que je crie. Je dis : Tu es mon refuge, mon partage sur la terre des vivants. 7 Sois attentif à mes cris ! Car je suis bien malheureux. Délivre-moi de ceux qui me poursuivent ! Car ils sont plus forts que moi. 8 Tire mon âme de sa prison, Afin que je célèbre ton nom ! Les justes viendront m'entourer, Quand tu m'auras fait du bien.

Devant le tableau d'un ennemi sans défense, Les gens de David lui dirent : Voici le jour où l'Éternel te dit : Je livre ton ennemi entre tes mains ; traite-le comme bon te semblera (1 Samuel 24.5). Signe que tout ce qui est annoncé comme étant de l'Eternel n'est pas obligatoirement de l'Eternel. Si on le voit ici à travers la bouche des gens de David, on le constate tout autant par la bouche de ses serviteurs de nos jours. Ce qui met une fois de plus en avant la nécessité d'avoir une relation personnelle afin de pouvoir éprouver les prétendues « paroles de l'Eternel ».

C'est justement parce que David ne se fie pas à ce qu'on lui dit mais à ce qu'il connaît de l'Eternel, qu'il choisit de ne pas se « jeter » sur le roi, comme ses hommes le souhaitaient. Il se contente de couper : doucement le pan du manteau de Saül (1 Samuel 24.5). Et cette simple action lui provoqua des palpitations. Non pas directement parce qu'il avait touché à la personne de Saül, mais parce que Saül avait été oint. Il respecte la position au-dessus de l'homme. Bien que parfaitement placé pour comprendre que Dieu avait rejeté Saül, il n'en reste pas moins que cela ne lui donne pas le droit de le mépriser et d'attenter à sa vie. A aucun moment de sa présence à Guibea ou de sa fuite il ne parlera mal ou ne tentera quoi que ce soit contre le roi. Qu'il l'apprécie ou non, il n'en reste pas moins le roi d'Israël.



b) Le dialogue entre les deux hommes.

La suite de cet évènement est simple, Saül ne se rend compte de rien et finit par continuer son chemin, laissant David et ses gens libres de sortir de la grotte sans se faire remarquer.

🔘 1 Samuel 24.8 : … Puis Saül se leva pour sortir de la caverne, et continua son chemin.

La suite n'est qu'un dialogue entre les deux hommes qui prend la forme suivante :

DAVID – 🔘 1 Samuel 24.9-16 : Après cela, David se leva et sortit de la caverne. Il se mit alors à crier après Saül : O roi, mon seigneur ! Saül regarda derrière lui, et David s'inclina le visage contre terre et se prosterna. 10 David dit à Saül : Pourquoi écoutes-tu les propos des gens qui disent : Voici, David cherche ton malheur ? 11 Tu vois maintenant de tes propres yeux que l'Éternel t'avait livré aujourd'hui entre mes mains dans la caverne. On m'excitait à te tuer ; mais je t'ai épargné, et j'ai dit : Je ne porterai pas la main sur mon seigneur, car il est l'oint de l'Éternel. 12 Vois, mon père, vois donc le pan de ton manteau dans ma main. Puisque j'ai coupé le pan de ton manteau et que je ne t'ai pas tué, sache et reconnais qu'il n'y a dans ma conduite ni méchanceté ni révolte, et que je n'ai point péché contre toi. Et toi, tu me dresses des embûches, pour m'ôter la vie ! 13 L'Éternel sera juge entre moi et toi, et l'Éternel me vengera de toi ; mais je ne porterai point la main sur toi. 14 Des méchants vient la méchanceté, dit l'ancien proverbe. Aussi je ne porterai point la main sur toi. 15 Contre qui le roi d'Israël s'est-il mis en marche ? Qui poursuis-tu ? Un chien mort, une puce ! 16 L'Éternel jugera et prononcera entre moi et toi ; il regardera, il défendra ma cause, il me rendra justice en me délivrant de ta main.

🔘 1 Samuel 24.17 : Lorsque David eut fini d'adresser à Saül ces paroles, Saül dit : ...

SAÜL – 🔘 1 Samuel 24.17-22 : … Est-ce bien ta voix, mon fils David ? Et Saül éleva la voix et pleura. 18 Et il dit à David : Tu es plus juste que moi; car tu m'as fait du bien, et moi je t'ai fait du mal. 19 Tu manifestes aujourd'hui la bonté avec laquelle tu agis envers moi, puisque l'Éternel m'avait livré entre tes mains et que tu ne m'as pas tué. 20 Si quelqu'un rencontre son ennemi, le laisse-t-il poursuivre tranquillement son chemin ? Que l'Éternel te récompense pour ce que tu m'as fait en ce jour ! 21 Maintenant voici, je sais que tu régneras, et que la royauté d'Israël restera entre tes mains. 22 Jure-moi donc par l'Éternel que tu ne détruiras pas ma postérité après moi, et que tu ne retrancheras pas mon nom de la maison de mon père.

🔘 1 Samuel 24.23 : David le jura à Saül. Puis Saül s'en alla dans sa maison, et David et ses gens montèrent au lieu fort.

Peu d'informations dans cet échange entre les deux hommes. Les aveux de Saül ne sont qu'une confirmation de ce que l'on sait déjà. Il est conscient du choix de l'Eternel.

On pourrait penser que Saül change d'opinion, qu'il va suivre la voie droite, mais ce serait cruellement se méprendre sur le personnage. L'homme qui a voulu tuer son fils, qui a livré volontairement sa fille Mical à un adultère forcé, n'a aucun sentiment louable. Ca n'est qu'un homme dur et éloigné de Dieu qui a, l'espace d'un instant, une évidence devant les yeux qu'il ne peut nier. Se fier à cette réaction serait une erreur, parce que Saül ne vient pas de changer en un instant. Ce qu'il a été, il l'est toujours.


7 - Mort de Samuel / Nabal et la tonte.


a) La mort de Samuel.

Bien qu'étant un personnage important, la mort de Samuel ne prendra qu'un demi verset ponctuant les pérégrinations de David.

🔘 1 Samuel 25.1 : Samuel mourut. Tout Israël s'étant assemblé le pleura, et on l'enterra dans sa demeure à Rama 

Suite à sa mise en terre, David : se leva et descendit au désert de Paran (1 Samuel 23.1). Ce désert se trouve au sud d'Israël, à cheval entre les terres de Juda et le territoire des Amalécites. Il ne nous est pas dit combien de temps il va résider là-bas, mais cela ne doit probablement pas excéder quelques mois, jusqu'à la saison de la tonte qui le verra remonter vers la ville de Carmel (ne pas confondre avec le mont du même nom). Cette ville se situant entre Ziph et Maon. Dit autrement, David ne s'éloigne jamais longtemps du centre Est de Juda.



b) La tonte des brebis.

C'est une fois de plus un épisode qui s'étire durant de longs versets mais qui nous montre surtout la fidélité de l'Eternel. Bien sûr, c'est également un passage qui nous donne certaines informations concernant le comportement de David tout du long de son errance. On y apprend que lui et ses hommes avaient protégé les bergers de Nabal sans salaire (Ils nous ont nuit et jour servi de muraille). Simplement par bonté d'âme. C'est d'ailleurs la raison de la visite de David à Nabal.

La saison de la tonte est arrivée, en d'autres termes, le moment de percevoir les dividendes de ses troupeaux. Devant l'afflux de nouveaux compagnons de voyages, et résidant dans le désert, David va demander à Nabal son concourt pour nourrir ses gens. Mais voir ses troupeaux protégés des pillards et des bêtes sauvages gracieusement par David est une chose, rendre la pareille lorsque David demande de l'aide en est une autre. Sa réponse sera particulièrement insultante.

🔘 1 Samuel 25.10-11 : Nabal répondit aux serviteurs de David : Qui est David, et qui est le fils d'Isaï ? Il y a aujourd'hui beaucoup de serviteurs qui s'échappent d'auprès de leurs maîtres. 11 Et je prendrais mon pain, mon eau, et mon bétail que j'ai tué pour mes tondeurs, et je les donnerais à des gens qui sont je ne sais d'où ?

La réaction de David sera d'autant plus virulente, et c'est à cet instant qu'on va voir la vigilance de l'Eternel à l'encontre de son serviteur ainsi que sa protection.

La décision de David sera la suivante :

🔘 1 Samuel 25.21-22 : David avait dit : C'est bien en vain que j'ai gardé tout ce que cet homme a dans le désert, et que rien n'a été enlevé de tout ce qu'il possède ; il m'a rendu le mal pour le bien. 22 Que Dieu traite son serviteur David dans toute sa rigueur, si je laisse subsister jusqu'à la lumière du matin qui que ce soit de tout ce qui appartient à Nabal !

La parole est dite, et David vient de la prononcer contre lui-même. Son fils Salomon dira plus tard : La mort et la vie sont au pouvoir de la langue (Proverbes 18.21), et c'est bien de cela qu'il s'agit. David s'est engagé à faire une chose et a appelé une sanction sur lui-même si cela n'était pas. Malheureusement, dans l'intervalle Abigaïl va prendre les choses en main et devancer le futur roi en lui faisant de multiples présents afin d'apaiser sa colère. Devant la droiture de cette femme, David se rend alors compte que ses paroles condamnaient des gens justes (dont cette femme) et que s'il venait à faire ce qu'il a dit, il punirait des justes pour la faute d'un homme méchant. Il revient donc sur sa décision (1 Samuel 25.34 : Mais l'Éternel, le Dieu d'Israël, qui m'a empêché de te faire du mal, est vivant ! si tu ne t'étais hâtée de venir au-devant de moi, il ne serait resté qui que ce soit à Nabal, d'ici à la lumière du matin).

Mais il peut revenir sur sa décision autant de fois qu'il le veut, il n'en reste pas moins que ce que sa bouche a prononcé doit s'accomplir, tel est le pouvoir de la langue. C'est devant cette évidence que l'Eternel va prendre les devants.

Abigaïl va rentrer auprès de son époux qui sera ivre. Elle attendra le matin pour lui dire ce qu'elle a fait. Devant cette annonce, Nabal aura ce qui ressemble à une attaque. Bien qu'il ne décède que 10 jours plus tard, frappé par l'Eternel, il n'est plus en état de diriger quoi que ce soit dès le matin de son « attaque ». Aussi, ça n'est plus lui qui dirige ses gens, mais probablement Abigaïl. Ce ne sont donc plus les gens de Nabal à la lumière du matin, et la parole de David s'accomplit donc d'une manière des plus étranges, mais totalement contrôlée par l'Eternel qui ne voulait pas laisser le futur roi porter le fardeau de sa bouche.

A la mort de Nabal, David demandera Abigaïl pour femme, elle le suivra et deviendra dans le processus sa troisième épouse (1 – Mical ; 2 – Achinoam de Jizréel ; 3 – Abigaïl du Carmel).

Ce que nous apprend ce passage, c'est également le quotidien de David. La difficulté de rester droit alors que ceux-là même auxquels il vient en aide lui tournent constamment le dos.


* Le texte complet concernant Nabal et Abigaïl :

PRESENTATION DE LA SITUATION

🔘 1 Samuel 25.2-9 : Il y avait à Maon un homme fort riche, possédant des biens à Carmel (campagne fertile, grand jardin) ; il avait trois mille brebis et mille chèvres, et il se trouvait à Carmel pour la tonte de ses brebis. 3 Le nom de cet homme était Nabal (sot, insensé, rustre), et sa femme s'appelait Abigaïl (mon père est joie) ; c'était une femme de bon sens et belle de figure, mais l'homme était dur et méchant dans ses actions. Il descendait de Caleb (chien). 4 David apprit au désert que Nabal tondait ses brebis. 5 Il envoya vers lui dix jeunes gens, auxquels il dit : Montez à Carmel, et allez auprès de Nabal. Vous le saluerez en mon nom, 6 et vous lui parlerez ainsi : Pour la vie soit en paix, et que la paix soit avec ta maison et tout ce qui t'appartient ! 7 Et maintenant, j'ai appris que tu as les tondeurs. Or tes bergers ont été avec nous ; nous ne leur avons fait aucun outrage, et rien ne leur a été enlevé pendant tout le temps qu'ils ont été à Carmel. 8 Demande-le à tes serviteurs, et ils te le diront. Que ces jeunes gens trouvent donc grâce à tes yeux, puisque nous venons dans un jour de joie. Donne donc, je te prie, à tes serviteurs et à ton fils David ce qui se trouvera sous ta main. 9 Lorsque les gens de David furent arrivés, ils répétèrent à Nabal toutes ces paroles, au nom de David. Puis ils se turent.

REACTION DE NABAL

🔘 1 Samuel 25.10-11 : Nabal répondit aux serviteurs de David : Qui est David, et qui est le fils d'Isaï ? Il y a aujourd'hui beaucoup de serviteurs qui s'échappent d'auprès de leurs maîtres. 11 Et je prendrais mon pain, mon eau, et mon bétail que j'ai tué pour mes tondeurs, et je les donnerais à des gens qui sont je ne sais d'où ?

REACTION DE DAVID

🔘 1 Samuel 25.12-13 : Les gens de David rebroussèrent chemin ; ils s'en retournèrent, et redirent, à leur arrivée, toutes ces paroles à David. 13 Alors David dit à ses gens : Que chacun de vous ceigne son épée ! Et ils ceignirent chacun leur épée. David aussi ceignit son épée, et environ quatre cents hommes montèrent à sa suite. Il en resta deux cents près des bagages.

ABIGAÏL APPREND LA SITUATION

🔘 1 Samuel 25.14-17 : Un des serviteurs de Nabal vint dire à Abigaïl, femme de Nabal : Voici, David a envoyé du désert des messagers pour saluer notre maître, qui les a rudoyés. 15 Et pourtant ces gens ont été très bons pour nous ; ils ne nous ont fait aucun outrage, et rien ne nous a été enlevé, tout le temps que nous avons été avec eux lorsque nous étions dans les champs. 16 Ils nous ont nuit et jour servi de muraille, tout le temps que nous avons été avec eux, faisant paître les troupeaux. 17 Sache maintenant et vois ce que tu as à faire, car la perte de notre maître et de toute sa maison est résolue, et il est si méchant qu'on ose lui parler.

REACTION D'ABIGAÏL

🔘 1 Samuel 25.18-20 : Abigaïl prit aussitôt deux cents pains, deux outres de vin, cinq pièces de bétail apprêtées, cinq mesures de grain rôti, cent masses de raisins secs, et deux cents de figues sèches. Elle les mit sur des ânes, 19 et elle dit à ses serviteurs : Passez devant moi, je vais vous suivre. Elle ne dit rien à Nabal, son mari. 20 Montée sur un âne, elle descendit la montagne par un chemin couvert ; et voici, David et ses gens descendaient en face d'elle, en sorte qu'elle les rencontra.

IMPRECATIONS DE DAVID

🔘 1 Samuel 25.21-22 : David avait dit : C'est bien en vain que j'ai gardé tout ce que cet homme a dans le désert, et que rien n'a été enlevé de tout ce qu'il possède ; il m'a rendu le mal pour le bien. 22 Que Dieu traite son serviteur David dans toute sa rigueur, si je laisse subsister jusqu'à la lumière du matin qui que ce soit de tout ce qui appartient à Nabal !

CONTRITION D'ABIGAIL DEVANT DAVID

🔘 1 Samuel 25.23-31 : Lorsque Abigaïl aperçut David, elle descendit rapidement de l'âne, tomba sur sa face en présence de David, et se prosterna contre terre. 24 Puis, se jetant à ses pieds, elle dit : A moi la faute, mon seigneur ! Permets à ta servante de parler à tes oreilles, et écoute les paroles de ta servante. 25 Que mon seigneur ne prenne pas garde à ce méchant homme, à Nabal, car il est comme son nom ; Nabal est son nom, et il y a chez lui de la folie. Et moi, ta servante, je n'ai pas vu les gens que mon seigneur a envoyés. 26 Maintenant, mon seigneur, aussi vrai que l'Éternel est vivant et que ton âme est vivante, c'est l'Éternel qui t'a empêché de répandre le sang et qui a retenu ta main. Que tes ennemis, que ceux qui veulent du mal à mon seigneur soient comme Nabal ! 27 Accepte ce présent que ta servante apporte à mon seigneur, et qu'il soit distribué aux gens qui marchent à la suite de mon seigneur. 28 Pardonne, je te prie, la faute de ta servante, car l'Éternel fera à mon seigneur une maison stable ; pardonne, car mon seigneur soutient les guerres de l'Éternel, et la méchanceté ne se trouvera jamais en toi. 29 S'il s'élève quelqu'un qui te poursuive et qui en veuille à ta vie, l'âme de mon seigneur sera liée dans le faisceau des vivants auprès de l'Éternel, ton Dieu, et il lancera du creux de la fronde l'âme de tes ennemis. 30 Lorsque l'Éternel aura fait à mon seigneur tout le bien qu'il t'a annoncé, et qu'il t'aura établi chef sur Israël, 31 mon seigneur n'aura ni remords ni souffrance de cœur pour avoir répandu le sang inutilement et pour s'être vengé lui-même. Et lorsque l'Éternel aura fait du bien à mon seigneur, souviens-toi de ta servante.

REACTION DE DAVID A ABIGAÏL

🔘 1 Samuel 25.32-35 : David dit à Abigaïl : Béni soit l'Éternel, le Dieu d'Israël, qui t'a envoyée aujourd'hui à ma rencontre ! 33 Béni soit ton bon sens, et bénie sois-tu, toi qui m'as empêché en ce jour de répandre le sang, et qui as retenu ma main ! 34 Mais l'Éternel, le Dieu d'Israël, qui m'a empêché de te faire du mal, est vivant ! si tu ne t'étais hâtée de venir au-devant de moi, il ne serait resté qui que ce soit à Nabal, d'ici à la lumière du matin. 35 Et David prit de la main d'Abigaïl ce qu'elle lui avait apporté, et lui dit : Monte en paix dans ta maison ; vois, j'ai écouté ta voix, et je t'ai favorablement accueillie.

ABIGAÏL ANNONCE A NABAL CE QU'ELLE A FAIT

🔘 1 Samuel 25.36-38 : Abigaïl arriva auprès de Nabal. Et voici, il faisait dans sa maison un festin comme un festin de roi ; il avait le cœur joyeux, et il était complètement dans l'ivresse. Elle ne lui dit aucune chose, petite ou grande, jusqu'à la lumière du matin. 37 Mais le matin, l'ivresse de Nabal s'étant dissipée, sa femme lui raconta ce qui s'était passé. Le cœur de Nabal reçut un coup mortel, et devint comme une pierre. 38 Environ dix jours après, l'Éternel frappa Nabal, et il mourut.

DAVID BENIT DIEU ET DEMANDE ABIGAÏL POUR FEMME

🔘 1 Samuel 25.39-44 : David apprit que Nabal était mort, et il dit : Béni soit l'Éternel, qui a défendu ma cause dans l'outrage que m'a fait Nabal, et qui a empêché son serviteur de faire le mal ! L'Éternel a fait retomber la méchanceté de Nabal sur sa tête. David envoya proposer à Abigaïl de devenir sa femme. 40 Les serviteurs de David arrivèrent chez Abigaïl à Carmel, et lui parlèrent ainsi : David nous a envoyés vers toi, afin de te prendre pour sa femme. 41 Elle se leva, se prosterna le visage contre terre, et dit : Voici, ta servante sera une esclave pour laver les pieds des serviteurs de mon seigneur. 42 Et aussitôt Abigaïl partit, montée sur un âne, et accompagnée de cinq jeunes filles ; elle suivit les messagers de David, et elle devint sa femme. 43 David avait aussi pris Achinoam de Jizreel, et toutes les deux furent ses femmes. 44 Et Saül avait donné sa fille Mical, femme de David, à Palthi (ma délivrance) de Gallim (sources, tas), fils de Laïsch (lion).


8 - La lance et la cruche.


David se retrouve donc au Carmel avec deux de ses épouses, Saül avait donné sa fille Mical, femme de David, à Palthi (ma délivrance) de Gallim (sources, tas), fils de Laïsch (lion) (1 Samuel 25.44). Depuis la dernière altercation avec Saül, les choses semblent aller mieux, ce qui justifie le retour de David dans la région qu'il affectionne.

Son retour ne passe cependant pas inaperçu. Certains devaient probablement s'en réjouir, mais d'autres y trouvent du déplaisir. Suffisamment pour qu'ils aillent à nouveau en parler au roi Saül. Peut-être que les Ziphiens, conscient qu'en dénonçant David une première fois s'en étaient probablement fait un adversaire potentiel, choisissent de le faire à nouveau. Dans tous les cas, ils : allèrent auprès de Saül à Guibea, et dirent : David n'est-il pas caché sur la colline de Hakila, en face du désert ? (1 Samuel 26.1). Comme on pouvait s'y attendre d'un roi versatile, Saül va lever une troupe de 3000 hommes d'élite, pour chasser une troupe de 600 hommes qui ne sont pas de base des soldats confirmés.

Ce qui est amusant c'est de réaliser que la grandeur de la troupe et le niveau des soldats choisis attestent que celui des deux qui a le plus peur, c'est Saül. On remarque d'ailleurs que la réaction de David lorsqu'il se rend compte que le roi est à nouveau après lui n'est pas de fuir. S'étant aperçu que Saül marchait à sa poursuite au désert, 4 il envoya des espions, et apprit avec certitude que Saül était arrivé. 5 Alors David se leva et vint au lieu où Saül était campé, et il vit la place où couchait Saül (1 Samuel 26.3-5).

David a changé. Il était un fuyard qui dès que le roi s'approchait, prenait le large. Maintenant, quoi qu'il se soit passé, il a grandi. Non pas en tant que chef de guerre ou de meneur d'hommes, ses campagnes au service du roi Saül montrent qu'il l'était déjà, ce qui a changé chez David est d'un autre ordre. A sa dernière altercation avec le roi, son sang-froid montre qu'il y avait déjà un début de quelque chose, mais ça n'était qu'une ébauche de ce qui se trouve désormais en lui. Il voit que le roi est là, il voit qu'il a avec lui des hommes de guerres vaillants. Il les connaît d'autant mieux qu'il n'y a pas si longtemps il combattait à leurs côtés. Il sait que la troupe qui campe est 5 fois plus nombreuse que la sienne, mais cela ne rentre plus en ligne de compte. Il agit avec autorité. Il a cessé de réagir et s'est mis à agir.

Sa décision sera non pas de tuer le roi, ce qu'Abischaï essayera de le convaincre de faire : Abischaï dit à David : Dieu livre aujourd'hui ton ennemi entre tes mains ; laisse-moi, je te prie, le frapper de ma lance et le clouer en terre d'un seul coup, pour que je n'aie pas à y revenir (1 Samuel 26.8), mais de donner au roi une preuve supplémentaire de l'absence de duplicité chez lui. David, accompagné d'Abischaï, se rendra au centre du camp, au milieu de 3000 hommes que l'Eternel a plongé dans un profond sommeil (1 Samuel 26.12). Il va lui prendre sa lance et la cruche d'eau qui se trouvait à son chevet, puis s'éloignera à portée de voix, sur le sommet de la montagne.

De sa position surélevée, il va réveiller le camp en invectivant non pas le roi, mais Abner, lui reprochant de ne pas l'avoir protégé. Dans l'échange, Saül va également se réveiller et constater que sa vie était à la merci de David. Comme lors de leur rencontre dans la caverne, il tiendra un discours apaisant qui paraît d'autant plus hypocrite maintenant qu'on connaît le mépris qu'il a eu pour ses propres paroles d'avant.

🔘 1 Samuel 26.21Saül dit : J'ai péché ; reviens, mon fils David, car je ne te ferai plus de mal, puisqu'en ce jour ma vie a été précieuse à tes yeux. J'ai agi comme un insensé, et j'ai fait une grande faute.

On note que David n'appelle plus Saül "père", comme lors de leur rencontre dans la grotte. Ayant toujours été méprisé par son vrai père Isaï, il n'est pas étonnant qu'il ait pu éventuellement voir une influence paternelle dans ce roi qui avait proposé jusqu'à lui donner son armure et ses armes. Le père de Jonathan qu'il qualifie lui-même de "frère". C'est pour cela que Saül lui a répondu au sortir de la grotte en l'appelant "fils". Mais dans la rencontre présente, David est sorti de cette relation avec Saül et ne l'appelle plus "père", il l'appelle "seigneur". L'aspect émotionnel est effacé au profit de la réalité. Il ne lui reconnaît plus que sa position de roi, pour le reste, il n'y a plus rien. Saül essayera encore de passer par les émotions en l'appelant tout de même "fils", mais rien n'y fera. Le divorce est prononcé entre les deux hommes.

Une fois de plus, Saül va retourner à Guibea bredouille avec de nouvelles promesses qu'il s'empresserait de rompre s'il en avait l'occasion. Par contre, David n'est pas dupe. Les choses avaient déjà semblé s'arranger, mais ça n'était qu'un leurre. Il va donc prendre la seule décision possible dans la situation où il se trouve.


* Le texte complet concernant la lance et la cruche :

🔘 1 Samuel 26.1-25 : Les Ziphiens allèrent auprès de Saül à Guibea, et dirent : David n'est-il pas caché sur la colline de Hakila, en face du désert ? 2 Saül se leva et descendit au désert de Ziph, avec trois mille hommes de l'élite d'Israël, pour chercher David dans le désert de Ziph. 3 Il campa sur la colline de Hakila, en face du désert, près du chemin. David était dans le désert ; et s'étant aperçu que Saül marchait à sa poursuite au désert, 4 il envoya des espions, et apprit avec certitude que Saül était arrivé. 5 Alors David se leva et vint au lieu où Saül était campé, et il vit la place où couchait Saül, avec Abner, fils de Ner, chef de son armée. Saül couchait au milieu du camp, et le peuple campait autour de lui. 6 David prit la parole, et s'adressant à Achimélec, Héthien, et à Abischaï, fils de Tseruja et frère de Joab, il dit : Qui veut descendre avec moi dans le camp vers Saül ? Et Abischaï répondit : Moi, je descendrai avec toi. 7 David et Abischaï allèrent de nuit vers le peuple. Et voici, Saül était couché et dormait au milieu du camp, et sa lance était fixée en terre à son chevet. Abner et le peuple étaient couchés autour de lui. 8 Abischaï dit à David : Dieu livre aujourd'hui ton ennemi entre tes mains ; laisse-moi, je te prie, le frapper de ma lance et le clouer en terre d'un seul coup, pour que je n'aie pas à y revenir. 9 Mais David dit à Abischaï : Ne le détruis pas ! car qui pourrait impunément porter la main sur l'oint de l'Éternel ? 10 Et David dit : L'Éternel est vivant ! c'est à l'Éternel seul à le frapper, soit que son jour vienne et qu'il meure, soit qu'il descende sur un champ de bataille et qu'il y périsse. 11 Loin de moi, par l'Éternel! de porter la main sur l'oint de l'Éternel ! Prends seulement la lance qui est à son chevet, avec la cruche d'eau, et allons-nous-en. 12 David prit donc la lance et la cruche d'eau qui étaient au chevet de Saül ; et ils s'en allèrent. Personne ne les vit ni ne s'aperçut de rien, et personne ne se réveilla, car ils dormaient tous d'un profond sommeil dans lequel l'Éternel les avait plongés. 13 David passa de l'autre côté, et s'arrêta au loin sur le sommet de la montagne, à une grande distance du camp. 14 Et il cria au peuple et à Abner, fils de Ner : Ne répondras-tu pas, Abner ? Abner répondit : Qui es-tu, toi qui pousses des cris vers le roi ? 15 Et David dit à Abner : N'es-tu pas un homme ? et qui est ton pareil en Israël ? Pourquoi donc n'as-tu pas gardé le roi, ton maître ? Car quelqu'un du peuple est venu pour tuer le roi, ton maître. 16 Ce que tu as fait là n'est pas bien. L'Éternel est vivant ! vous méritez la mort, pour n'avoir pas veillé sur votre maître, sur l'oint de l'Éternel. Regarde maintenant où sont la lance du roi et la cruche d'eau, qui étaient à son chevet ! 17 Saül reconnut la voix de David, et dit : Est-ce bien ta voix, mon fils David ? Et David répondit : C'est ma voix, ô roi, mon seigneur ! 18 Et il dit : Pourquoi mon seigneur poursuit-il son serviteur ? Qu'ai-je fait, et de quoi suis-je coupable ? 19 Que le roi, mon seigneur, daigne maintenant écouter les paroles de son serviteur : si c'est l'Éternel qui t'excite contre moi, qu'il agrée le parfum d'une offrande ; mais si ce sont des hommes, qu'ils soient maudits devant l'Éternel, puisqu'ils me chassent aujourd'hui pour me détacher de l'héritage de l'Éternel, et qu'ils me disent : Va servir des dieux étrangers ! 20 Oh ! que mon sang ne tombe pas en terre loin de la face de l'Éternel ! Car le roi d'Israël s'est mis en marche pour chercher une puce, comme on chasserait une perdrix dans les montagnes. 21 Saül dit : J'ai péché ; reviens, mon fils David, car je ne te ferai plus de mal, puisqu'en ce jour ma vie a été précieuse à tes yeux. J'ai agi comme un insensé, et j'ai fait une grande faute. 22 David répondit : Voici la lance du roi ; que l'un de tes gens vienne la prendre. 23 L'Éternel rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité ; car l'Éternel t'avait livré aujourd'hui entre mes mains, et je n'ai pas voulu porter la main sur l'oint de l'Éternel. 24 Et comme aujourd'hui ta vie a été d'un grand prix à mes yeux, ainsi ma vie sera d'un grand prix aux yeux de l'Éternel et il me délivrera de toute angoisse. 25 Saül dit à David : Sois béni, mon fils David! tu réussiras dans tes entreprises. David continua son chemin, et Saül retourna chez lui.


II - AU PAYS DES PHILISTINS.

9 - Le pays des Philistins.


Devant la récidive de Saül qui avait déjà une première fois fait la paix avec David, le futur roi comprend qu'il ne peut pas continuer de prendre les risques qu'il prend. Un jour ou l'autre cela risquerait de tourner mal. Cette fois-ci, une décision qui ne repose pas sur le temporaire doit être prise. La troupe est accompagnée de femmes, d'enfants et de troupeaux (1 Samuel 27.3 : ... ils avaient chacun leur famille ...), il n'est pas possible de passer son temps à courir pour essayer d'échapper à quelqu'un qui promet après chaque échec que cela n'arrivera plus, pour revenir une fois la vigilance des gens de David étiolée.

Bien que David ne s'en rende pas compte, son départ de Juda vers la terre des Philistins est dans la volonté de l'Eternel. Cela peut paraître étrange si l'on prend en compte que c'est justement l'Eternel qui, par l'entremise du prophète Gad, lui avait dit de retourner en Juda. Mais la croissance de David, non pas en termes de nombre d'hommes, mais de stature, provoque le déclenchement d'une nouvelle phase dans le règne à venir du jeune homme. Pour ce faire, l'Eternel va devoir l'éloigner pendant un temps.

David, qui dans la première phase de son existence, avant la rencontre avec Goliath, prenait continuellement soin du troupeau de son père, a mis un certain temps à réaliser que ce qu'il était appelé à faire n'était pas un changement de carrière, mais un changement de troupeau. Ainsi, ce qui s'est passé sur le territoire des Ziphiens alors qu'il finit enfin par prendre les devants, c'est la réconciliation du jeune homme avec les deux parties de sa vie. Il est maintenant prêt à prendre les devants et à s'exposer pour le bien du peuple plutôt que de fuir pour cette même raison. Son départ pour Gath n'est pas une fuite, c'est le début d'un établissement. 



a) Le pays des Philistins.

De manière assez étrange, David va une fois de plus se retrouver chez Akisch. Ce même roi chez lequel il avait simulé la folie quelque temps auparavant.

🔘 1 Samuel 27.1-2 : David dit en lui-même : je périrai un jour par la main de Saül ; il n'y a rien de mieux pour moi que de me réfugier au pays des Philistins, afin que Saül renonce à me chercher encore dans tout le territoire d'Israël ; ainsi j'échapperai à sa main. 2 Et David se leva, lui et les six cents hommes qui étaient avec lui, et ils passèrent chez Akisch, fils de Maoc (oppression), roi de Gath (pressoir de la vendange).

La différence majeure par rapport à la première fois, c'est très simplement non seulement la stature de l'homme, mais également qu'il ne vient pas avec quelques compagnons, mais avec 600 hommes, ce qui en ces temps représente une très grosse troupe. C'est un renfort non négligeable dans les temps troublés que traverse la cité de Gath.

a.1) Tsiklag.

S'installant de manière durable, David va alors demander une ville à Akisch. C'est de cette manière qu'il obtiendra Tsiklag pour lui et les siens.

🔘 1 Samuel 27.3-6 : David et ses gens restèrent à Gath auprès d'Akisch ; ils avaient chacun leur famille, et David avait ses deux femmes, Achinoam de Jizreel, et Abigaïl de Carmel, femme de Nabal. 4 Saül, informé que David s'était enfui à Gath, cessa de le chercher. 5 David dit à Akisch : Si j'ai trouvé grâce à tes yeux, qu'on me donne dans l'une des villes du pays un lieu où je puisse demeurer ; car pourquoi ton serviteur habiterait-il avec toi dans la ville royale ? 6 Et ce même jour Akisch lui donna Tsiklag (enroulement, sinueux). C'est pourquoi Tsiklag a appartenu aux rois de Juda jusqu'à ce jour.

C'est également la première fois qu'on nous parle d'une durée, le temps que David demeura dans le pays des Philistins fut d'un an et quatre mois (1 Samuel 27.7).

a.2) Les incursions de David.

N'oublions pas que si David a des raisons personnelles de fuir la proximité de Saül, tout cela se passe en temps de guerre. Les Philistins et les Hébreux battent le fer. Si Saül a cessé de le chercher, c'est justement parce qu'il est réfugié chez ses ennemis, et que s'il avait déjà peur de la troupe de 600 hommes qui était avec David, son refuge auprès du roi de Gath, une ville qu'il ne parvenait déjà pas à faire tomber avant le refuge de David, ça n'est pas maintenant qu'il allait le faire. Fou, mais pas téméraire.

Par contre, le cœur de David pour le peuple qu'il est appelé à diriger ne va pas changer. Etant rangé du côté des Philistins, il ne peut pas se mettre à frapper Juda pour leur faire plaisir. Il va donc faire ce qu'il a une certaine tendance à faire : mentir. Ainsi, le texte suivant nous indique les endroits que David attaquait réellement, et ceux qu'il prétendait attaquer. La ville de Gath se trouve tout au nord du territoire des Philistins, et David prétendra attaquer les ennemis d'Akisch. Dans ses affirmations il prétendra attaquer le sud de Juda, alors que dans la réalité, il poursuivra encore plus au sud de ces territoires, ne laissant jamais un seul survivant pour éviter que ne s'ébruite le lieu de ses ravages.

🔘 1 Samuel 27.8-11 : David et ses gens montaient et faisaient des incursions chez les Gueschuriens (orgueilleux, pont), les Guirziens (lieu retranché, précipice) et les Amalécites (qui demeure dans une vallée); car ces nations habitaient dès les temps anciens la contrée, du côté de Schur (mur, fortification) et jusqu'au pays d'Égypte (territoire des Coptes, terre de dépression). 9 David ravageait cette contrée ; il ne laissait en vie ni homme ni femme, et il enlevait les brebis, les bœufs, les ânes, les chameaux, les vêtements, puis s'en retournait et allait chez Akisch. 10 Akisch disait : Où avez-vous fait aujourd'hui vos courses ? Et David répondait : Vers le midi de Juda, vers le midi des Jerachmeélites (puisse Dieu avoir pitié) et vers le midi des Kéniens. 11 David ne laissait en vie ni homme ni femme, pour les amener à Gath ; car, pensait-il, ils pourraient parler contre nous et dire : Ainsi a fait David. Et ce fut là sa manière d'agir tout le temps qu'il demeura dans le pays des Philistins.

Akisch, satisfait de cette situation, pouvait imaginer l'affaiblissement de Juda pour les batailles à venir, n'imaginant pas que dans l'intervalle c'est l'inverse qui pouvait arriver. De plus, il y voyait l'assurance que David se rende : odieux à Israël, son peuple (1 Samuel 27.12), pensant qu'en agissant de la sorte, le jeune guerrier deviendrait : son serviteur à jamais (1 Samuel 27.12).

Ce petit cirque fait de guerres et de mensonges va durer tout le temps pendant lequel David résidera à Tsiklag. Finalement, le temps ayant avancé, les Philistins décident une nouvelle bataille massive et les cinq rois des Philistins se regroupent pour une attaque qu'ils espèrent décisive.



b) Saül consulte un mort.

🔘 1 Samuel 28.1-2 : En ce temps-là, les Philistins rassemblèrent leurs troupes et formèrent une armée, pour faire la guerre à Israël. Akisch dit à David : Tu sais que tu viendras avec moi à l'armée, toi et tes gens. 2 David répondit à Akisch : Tu verras bien ce que ton serviteur fera. Et Akisch dit à David : Aussi je te donnerai pour toujours la garde de ma personne.

Si le passage complet est une fois de plus relativement long, il nous apprend que devant la réunion des armées Philistines, Saül va se retrouver démuni. Il sait qu'il est en guerre, mais n'a pas anticipé que les rois des Philistins puissent mener une attaque concertée. Il n'a plus réellement de contact avec l'Eternel, qu'il méprise au plus haut point, et cela fait longtemps que la situation est celle-là. Au moins lorsque David était encore à ses côtés, l'Eternel était avec David, et ça lui assurait la victoire. Maintenant il se retrouve seul, sans Dieu ni personne avec qui il soit, et son ennemi s'apprête à frapper. Il aimerait évidemment que la situation soit différente, mais dans l'immédiat il n'a pas le choix et doit lui aussi réunir son armée. La suite que Saül va donner à cette situation nous est introduite en nous rappelant que : Samuel était mort, et que : Saül avait ôté du pays ceux qui évoquaient les morts et ceux qui prédisaient l'avenir (1 Samuel 28.3).

b.1) Le lieu de la bataille.

Pour le coup c'est presque un dépaysement. Depuis le début de la fuite de David la quasi-intégralité des évènements se déroulent en Juda, en dehors du détour vers Moab pour mettre ses parents à l'abri, et de quelques voyages au sud de Juda (vers les Amalécites). On en oublierait presque que la guerre n'est pas entre les Philistins et Juda mais entre les Philistins et Israël. Cette bataille se prépare donc dans le territoire d'Issacar (il donnera un salaire) dont le nom semble parfaitement prédestiné.

🔘 1 Samuel 28.4 : Les Philistins se rassemblèrent, et vinrent camper à Sunem (double lieu de repos); Saül rassembla tout Israël, et ils campèrent à Guilboa (fontaine jaillissante).

b.2) Saül panique.

Cette partie est la plus longue, mais elle n'apporte pas grand-chose. Elle nous prouve une fois de plus que Saül est pervers. Lui qui a éliminé ceux qui évoquent les morts, se retrouvent à rechercher une femme qui puisse le faire. S'il en vient à cette extrémité, c'est parce qu'en s'en remettant à tous les moyens légaux connus, il ne parvenait pas à obtenir de réponses. On se rappellera que lorsque les Hébreux perdaient encore et encore leurs batailles contre Aï, ils chercheront ce qui n'allait pas chez eux. Saül n'a pas cette disposition de coeur. Si Dieu ne répond pas, alors il veut essayer de lui forcer la main en faisant monter son serviteur Samuel afin de l'interroger.

On peut légitimement se demander si c'était réellement Samuel ou non. La plupart des avis sont que ça ne l'était pas, mais le texte qui suit ne semble pas laisser planer le doute. Il y a une différence entre comprendre comment une chose est possible et admettre qu'elle ait eu lieu. Il est difficile d'admettre que l'Eternel a fait reculer le temps sur les degrés d'Achaz, pourtant il l'a fait. Ne pas comprendre ne signifie pas qu'une chose ne soit pas arrivée. Sinon, chaque païen qui ne comprend pas le sacrifice et la résurrection de Jésus attesterait que cela n'a pas eu lieu.

La réalité du texte et qu'il nous est bien dit que c'est Samuel qui est monté. La réaction tant de la femme que de Saül l'atteste. En outre, il prophétise des choses qui toutes vont se réaliser. Il n'y a donc pas réellement de doute sur le fait que le texte parle bien de Samuel, même si cela peut paraître étrange, voire choquant, à la lumière de nos compréhensions usuelles concernant la mort et la vie.

Samuel rappellera donc à Saül ce qu'il lui avait dit concernant son règne, et pour la première fois nommera effectivement son successeur. Si Saül n'avait pas grand doute sur le fait qu'il s'agissait de David, n'oublions pas que cela fait une année et demie qu'il n'en entend plus parler, et qu'il y a souvent une différence entre être certain d'une chose, et en avoir une confirmation formelle. Maintenant il sait sans l'ombre d'un doute que David régnera, et il vient en outre d'entendre quand lui-même cessera de le faire, et il n'a plus que quelques heures devant lui (1 Samuel 28.19 : Demain, toi et tes fils, vous serez avec moi).

Tout est en place pour que puisse commencer l'installation de David sur le trône qui lui appartient de droit divin.


Le texte complet de la consultation avec la nécromancienne :

🔘 1 Samuel 28.5-25 : A la vue du camp des Philistins, Saül fut saisi de crainte, et un violent tremblement s'empara de son cœur. 6 Saül consulta l'Éternel; et l'Éternel ne lui répondit point, ni par des songes, ni par l'urim, ni par les prophètes. 7 Et Saül dit à ses serviteurs : Cherchez-moi une femme qui évoque les morts, et j'irai la consulter. Ses serviteurs lui dirent : Voici, à En Dor (fontaine de Dor, fontaine d'habitation) il y a une femme qui évoque les morts. 8 Alors Saül se déguisa et prit d'autres vêtements, et il partit avec deux hommes. Ils arrivèrent de nuit chez la femme. Saül lui dit : Prédis-moi l'avenir en évoquant un mort, et fais-moi monter celui que je te dirai. 9 La femme lui répondit : Voici, tu sais ce que Saül a fait, comment il a retranché du pays ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l'avenir ; pourquoi donc tends-tu un piège à ma vie pour me faire mourir ? 10 Saül lui jura par l'Éternel, en disant : L'Éternel est vivant ! il ne t'arrivera point de mal pour cela. 11 La femme dit : Qui veux-tu que je te fasse monter ? Et il répondit : Fais moi monter Samuel. 12 Lorsque la femme vit Samuel, elle poussa un grand cri, et elle dit à Saül : Pourquoi m'as-tu trompée ? Tu es Saül ! 13 Le roi lui dit : Ne crains rien ; mais que vois-tu ? La femme dit à Saül : je vois un dieu qui monte de la terre. 14 Il lui dit: Quelle figure a-t-il ? Et elle répondit : C'est un vieillard qui monte et il est enveloppé d'un manteau. Saül comprit que c'était Samuel, et il s'inclina le visage contre terre et se prosterna. 15 Samuel dit à Saül : Pourquoi m'as-tu troublé, en me faisant monter ? Saül répondit : Je suis dans une grande détresse : les Philistins me font la guerre, et Dieu s'est retiré de moi ; il ne m'a répondu ni par les prophètes ni par des songes. Et je t'ai appelé pour que tu me fasses connaître ce que je dois faire. 16 Samuel dit : Pourquoi donc me consultes-tu, puisque l'Éternel s'est retiré de toi et qu'il est devenu ton ennemi ? 17 L'Éternel te traite comme je te l'avais annoncé de sa part ; l'Éternel a déchiré la royauté d'entre tes mains, et l'a donnée à un autre, à David. 18 Tu n'as point obéi à la voix de l'Éternel, et tu n'as point fait sentir à Amalek l'ardeur de sa colère : voilà pourquoi l'Éternel te traite aujourd'hui de cette manière. 19 Et même l'Éternel livrera Israël avec toi entre les mains des Philistins. Demain, toi et tes fils, vous serez avec moi, et l'Éternel livrera le camp d'Israël entre les mains des Philistins. 20 Aussitôt Saül tomba à terre de toute sa hauteur, et les paroles de Samuel le remplirent d'effroi ; de plus, il manquait de force, car il n'avait pris aucune nourriture de tout le jour et de toute la nuit. 21 La femme vint auprès de Saül, et, le voyant très effrayé, elle lui dit : Voici, ta servante a écouté ta voix ; j'ai exposé ma vie, en obéissant aux paroles que tu m'as dites. 22 Écoute maintenant, toi aussi, la voix de ta servante, et laisse-moi t'offrir un morceau de pain, afin que tu manges pour avoir la force de te mettre en route. 23 Mais il refusa, et dit : Je ne mangerai point. Ses serviteurs et la femme aussi le pressèrent, et il se rendit à leurs instances. Il se leva de terre, et s'assit sur le lit. 24 La femme avait chez elle un veau gras, qu'elle se hâta de tuer; et elle prit de la farine, la pétrit, et en cuisit des pains sans levain. 25 Elle les mit devant Saül et devant ses serviteurs. Et ils mangèrent. Puis, s'étant levés, ils partirent la nuit même.

TRIVIA : 10 Saül lui jura par l'Éternel, en disant : L'Éternel est vivant ! il ne t'arrivera point de mal pour cela. C'est amusant de réaliser que Saül jure toujours par l'Eternel alors qu'il ne le suit plus du tout et même qu'ils sont devenus mutuellement ennemis l'un de l'autre. En plus de ça, il jure par l'Eternel pour convaincre une femme qui invoque les morts et donc qui n'en a pas grand-chose à faire de l'Eternel.


10 - Akisch renvoie David / Tsiklag


a) La méfiance des princes des Philistins.

Avec le temps, David a totalement gagné la confiance d'Akisch, par contre ça n'est pas le cas des autres princes des Philistins. Ils se rappellent d'où il vient et imaginent avec peine que David puisse réellement se retourner contre le roi d'Israël afin de livrer son propre pays aux Philistins. On constate cependant que les mensonges répétés de David ont porté leurs fruits. Il a la confiance d'Akisch qui témoigne en sa faveur, même s'il ne parviendra pas à convaincre le collège de ses pères.

🔘 1 Samuel 29.1-5 : Les Philistins rassemblèrent toutes leurs troupes à Aphek, et Israël campa près de la source de Jizreel. 2 Les princes des Philistins s'avancèrent avec leurs centaines et leurs milliers, et David et ses gens marchaient à l'arrière-garde avec Akisch. 3 Les princes des Philistins dirent : Que font ici ces Hébreux ? Et Akisch répondit aux princes des Philistins : N'est-ce pas David, serviteur de Saül, roi d'Israël? il y a longtemps qu'il est avec moi, et je n'ai pas trouvé la moindre chose à lui reprocher depuis son arrivée jusqu'à ce jour. 4 Mais les princes des Philistins s'irritèrent contre Akisch, et lui dirent : Renvoie cet homme, et qu'il retourne dans le lieu où tu l'as établi; qu'il ne descende pas avec nous sur le champ de bataille, afin qu'il ne soit pas pour nous un ennemi pendant le combat. Et comment cet homme rentrerait-il en grâce auprès de son maître, si ce n'est au moyen des têtes de nos gens ? 5 N'est-ce pas ce David pour qui l'on chantait en dansant : Saül a frappé ses mille, Et David ses dix mille ?

a.1) Une clairvoyante méfiance.

On peut se demander si les princes des Philistins avaient vu juste ou si David serait resté fidèle à Akisch contre Saül. Certains éléments nous sont donnés. Le premier est évidemment celui concernant les mensonges à répétition de David, mensonges destinés à camoufler le fait qu'il ne s'en prenait pas à Israël. Mais il y a aussi le flou de la réponse que David donne à Akisch lorsqu'il l'interroge à ce sujet. David répondit à Akisch : Tu verras bien ce que ton serviteur fera (1 Samuel 28.2). Comment ne rien dire est espérer faire comprendre quelque chose !

Plus tard, alors que les princes des Philistins ont exprimé leurs doutes et leur désaccord, David prendra sa défense face à Akisch en ces termes : Mais qu'ai-je fait, et qu'as-tu trouvé en ton serviteur depuis que je suis auprès de toi jusqu'à ce jour, pour que je n'aille pas combattre les ennemis de mon seigneur le roi ?  (1 Samuel 29.8). Or nous savons que David mentait depuis longtemps sur ses actions. Il est impossible que soudainement ce qui n'était pas envisageable auparavant deviennent une possibilité.

Donc oui, les princes des Philistins ont bien compris ce qui allait se passer, et seul Akisch était dans le déni. David avait bien l'intention de se retourner contre les Philistins, non pas pour rentrer dans les bonnes faveurs du roi, David n'était pas calculateur. Il l'aurait fait uniquement pour son peuple.

a.2) La séparation.

Le jugement de l'Eternel était proche de s'accomplir, et il n'était pas possible que David puisse participer à ce combat. Jamais l'Eternel n'aurait autorisé qu'il ne lui arrive quoi que ce soit, et David aurait remporté la bataille. Ce jour devait être la chute de Saül et de ses fils, et David ne devait pas l'empêcher. C'est également ce qui va justifier ce qui se déroule au moment même où David quitte Gath pour retourner auprès des siens à Tsiklag.

David part donc plein Sud, alors que les Philistins partent plein Nord, pour le territoire d'Issacar.

🔘 1 Samuel 29.11 : David et ses gens se levèrent de bonne heure, pour partir dès le matin, et retourner dans le pays des Philistins. Et les Philistins montèrent à Jizreel.

La volonté de Dieu est en marche, et le retour de David vers Tsiklag voit des représentants de nombreuses tribus d'Israël le rejoindre.



b) Les Amalécites.

Depuis une année et demie David et ses gens allaient plein sud et ravageaient le territoire des Amalécites dont on ne mentionne aucun retour de bâton avant cette capture. Il est probable qu'ils aient profité de la situation entre Israël et les Philistins pour se dire que le moment était parfait pour une incursion. A leurs yeux, tant les Philistins que les Hébreux et les hommes de Tsiklag ne seraient plus là. De plus les richesses des conquêtes de David étaient un butin attirant, et d'ici au retour de ce dernier, les Amalécites se seraient réfugiés dans leur territoire.

Aussi, à l'instant où David et ses gens quittent Gath, les Amalécites attaquent Tsiklag. On sait que c'est concomitant en raison de ce que va dire le jeune Egyptien que les gens de David vont trouver : Je suis un garçon égyptien, au service d'un homme amalécite, et voilà trois jours que mon maître m'a abandonné parce que j'étais malade (1 Samuel 30.13). Peu importe la distance, le temps indique que le pillage a eu lieu trois jours avant l'arrivée de David à Tsiklag, et il a justement mis trois jours à y arriver.

🔘 1 Samuel 30.1-2 : Lorsque David arriva le troisième jour à Tsiklag avec ses gens, les Amalécites avaient fait une invasion dans le midi et à Tsiklag. Ils avaient détruit et brûlé Tsiklag, 2 après avoir fait prisonniers les femmes et tous ceux qui s'y trouvaient, petits et grands. Ils n'avaient tué personne, mais ils avaient tout emmené et s'étaient remis en route.

b.1) Le conseil de Dieu.

On se rend une fois de plus compte que David ne demande le conseil de Dieu que dans certaines situations, et pas dans d'autres. On se rappelle qu'il n'avait rien demandé pour savoir s'il pouvait rester à Keïla et qu'il avait fallu l'annonce de la venue de Saül pour qu'il le fasse. De même dans la forteresse du roi de Moab, il n'a rien demandé, et l'Eternel est passé par le prophète Gad afin de lui dire de retourner en Juda. Une fois de plus, David avait planifié d'accompagner Akisch afin de les prendre à revers, mais n'avait pas demandé à l'Eternel ce qu'il en pensait. S'il revient à Tsiklag, c'est contraint et forcé par les princes des Philistins, pas parce qu'il a interrogé l'Eternel.

Le schéma va se répéter.

🔘 1 Samuel 30.3-6 : David et ses gens arrivèrent à la ville, et voici, elle était brûlée; et leurs femmes, leurs fils et leurs filles, étaient emmenés captifs. 4 Alors David et le peuple qui était avec lui élevèrent la voix et pleurèrent jusqu'à ce qu'ils n'eussent plus la force de pleurer. 5 Les deux femmes de David avaient été emmenées, Achinoam de Jizreel, et Abigaïl de Carmel, femme de Nabal. 6 David fut dans une grande angoisse, car le peuple parlait de le lapider, parce que tous avaient de l'amertume dans l'âme, chacun à cause de ses fils et de ses filles ...

A ce stade, David n'a pas consulté l'Eternel pour rentrer à Tsiklag, Dieu lui a forcé la main par l'entremise des princes des Philistins. Maintenant il est dans les problèmes et l'angoisse le saisit. Ca n'est qu'à ce moment qu'il décide de consulter l'Eternel. C'est-à-dire lorsque la situation est mauvaise.

🔘 1 Samuel 30.6-8 : ... Mais David reprit courage en s'appuyant sur l'Éternel, son Dieu. 7 Il dit au sacrificateur Abiathar, fils d'Achimélec : Apporte-moi donc l'éphod ! Abiathar apporta l'éphod à David. 8 Et David consulta l'Éternel, en disant: Poursuivrai-je cette troupe ? l'atteindrai-je ? L'Éternel lui répondit : Poursuis, car tu atteindras, et tu délivreras.

Consulter l'Eternel sera toujours une très grande force dans la vie de David. Malheureusement, il a cette tendance, particulièrement répandue à ne le faire que lorsque la situation est périlleuse. Il grandira dans ce domaine, mais ne pas le consulter dans certaines situations restera une faiblesse.

b.2) La poursuite.

Il n'y a pas grand-chose à dire sur la poursuite en elle-même. Les Amalécites sont confiants. Pour eux David et les Philistins sont partis au Nord pour faire la guerre à Israël. Ils ne se pressent pas de rentrer et passent du temps à fêter leur victoire. Pendant deux journées et une nuit David va semer le chaos dans leurs rangs et seul 400 échapperont. N'oublions pas que le raid des Amalécites n'est pas un raid contre Tsiklag, mais contre tout le sud de Juda (1 Samuel 30.14 : Nous avons fait une invasion dans le midi des Kéréthiens, sur le territoire de Juda et au midi de Caleb, et nous avons brûlé Tsiklag). Ca n'est donc pas une troupe qui est venu battre Tsiklag, mais une armée qui est venue piller tout le sud du territoire de Juda (les Amalécites étaient répandus sur toute la contrée), Tsiklag n'étant qu'une halte parmi d'autres combats, et sa destruction que le signe de la haine qu'ils vouent à David.

On notera que tout le monde sera récupéré sans perte.

Le texte de la poursuite :

🔘 1 Samuel 30.9-20 : Et David se mit en marche, lui et les six cents hommes qui étaient avec lui. Ils arrivèrent au torrent de Besor, où s'arrêtèrent ceux qui restaient en arrière. 10 David continua la poursuite avec quatre cents hommes ; deux cents hommes s'arrêtèrent, trop fatigués pour passer le torrent de Besor. 11 Ils trouvèrent dans les champs un homme égyptien, qu'ils conduisirent auprès de David. Ils lui firent manger du pain et boire de l'eau, 12 et ils lui donnèrent un morceau d'une masse de figues sèches et deux masses de raisins secs. Après qu'il eut mangé, les forces lui revinrent, car il n'avait point pris de nourriture et point bu d'eau depuis trois jours et trois nuits. 13 David lui dit: A qui es-tu, et d'où es-tu ? Il répondit : Je suis un garçon égyptien, au service d'un homme amalécite, et voilà trois jours que mon maître m'a abandonné parce que j'étais malade. 14 Nous avons fait une invasion dans le midi des Kéréthiens, sur le territoire de Juda et au midi de Caleb, et nous avons brûlé Tsiklag. 15 David lui dit : Veux-tu me faire descendre vers cette troupe ? Et il répondit : Jure-moi par le nom de Dieu que tu ne me tueras pas et que tu ne me livreras pas à mon maître, et je te ferai descendre vers cette troupe. 16 Il lui servit ainsi de guide. Et voici, les Amalécites étaient répandus sur toute la contrée, mangeant, buvant et dansant, à cause du grand butin qu'ils avaient enlevé du pays des Philistins et du pays de Juda. 17 David les battit depuis l'aube du jour jusqu'au soir du lendemain, et aucun d'eux n'échappa, excepté quatre cents jeunes hommes qui montèrent sur des chameaux et s'enfuirent. 18 David sauva tout ce que les Amalécites avaient pris, et il délivra aussi ses deux femmes. 19 Il ne leur manqua personne, ni petit ni grand, ni fils ni fille, ni aucune chose du butin, ni rien de ce qu'on leur avait enlevé : David ramena tout. 20 Et David prit tout le menu et le gros bétail ; et ceux qui conduisaient ce troupeau et marchaient à sa tête disaient : C'est ici le butin de David.

b.3) Les particularités du butin.

Il va y avoir deux particularités concernant : le butin de David.

1️⃣ Les hommes trop fatigués.

Alors qu'ils vont commencer la poursuite des Amalécites, David et ses hommes ont déjà 3 jours de marche dans les jambes. Ils sont fatigués, et alors qu'ils pensaient pouvoir se reposer, voilà que leurs femmes et leurs enfants ont été enlevés et que leurs maisons ont été brûlées. La troupe n'a pas le temps de se reposer, et doit de suite partir à la poursuite des Amalécites. La fatigue est donc déjà présente, et si l'adrénaline devait compenser la fatigue les premières heures de la poursuite, il y a un moment où cela prend fin.

Il n'est cependant pas question de s'arrêter pour se reposer lorsque vous ne savez pas le sort qui est celui de votre épouse et de vos enfants. Pourtant certains atteindront leurs limites, et on peut facilement imaginer la fatigue qui devait être la leur lorsque des hommes ne peuvent plus avancer alors qu'ils poursuivent ceux qui détiennent leurs femmes et leurs enfants.

Pendant deux journées et une nuit entière les gens de David combattront les Amalécites dont il ne restera que 400 hommes en fuite. L'histoire de Tsiklag peut donner l'idée d'un combat égale dans lequel David aura le dessus, mais le simple fait que : aucun d'eux n'échappa, excepté quatre cents jeunes hommes, nous montre que 400 hommes n'est pas un grand nombre comparé : aux Amalécites qui étaient répandus sur toute la contrée. La réalité et que ça n'était pas une incursion vers Tsiklag, mais vers toute la région et c'est bien l'armée des Amalécites qui s'était déplacée. Le fait que Tsiklag soit la seule ville qu'ils aient détruite montre uniquement la haine qu'ils avaient envers David, ce qui tend à faire penser qu'ils étaient au courant des raids que David menait chez eux.

Finalement David retrouvera la totalité de ce qui leur avait été dérobé. Revenant sur leur pas un conflit va éclater avec les hommes mauvais qui accompagnaient David. Il ne faut pas non plus oublier qu'entre David et Saül nous n'avons pas à faire à une dichotomie manichéenne. Tous les gens de David ne sont pas bons, et tous les gens de Saül ne sont pas mauvais. Lorsque David était dans la grotte d'Adullam, ce sont bien les personnes qui avaient des griefs contre le système en place qui venaient trouver un refuge à ses côtés, et pas ceux qui auraient choisi le "parti du serviteur de Dieu". Ces gens méchants voudront chasser ceux qui, trop faibles pour continuer la marche, étaient restés près des bagages, en ne leur laissant que leurs femmes et leurs enfants tout en les privant de butin. C'est cependant sans compter sur David qui reconnaîtra que chacun doit avoir la même part. Les hommes ayant des forces n'auraient pu hâter le pas s'ils avaient dû continuer de porter leurs propres affaires, ainsi ceux qui sont restés auprès des bagages ont permis à la troupe d'arriver plus vite.

Quoi qu'il en soit, chacun recevra la même part et cet évènement fera jurisprudence en Israël.

🔘 1 Samuel 30.10 : David continua la poursuite avec quatre cents hommes; deux cents hommes s'arrêtèrent, trop fatigués pour passer le torrent de Besor.

🔘 1 Samuel 30.21-25 : David arriva auprès des deux cents hommes qui avaient été trop fatigués pour le suivre, et qu'on avait laissés au torrent de Besor. Ils s'avancèrent à la rencontre de David et du peuple qui était avec lui. David s'approcha d'eux, et leur demanda comment ils se trouvaient. 22 Tous les hommes méchants et vils parmi les gens qui étaient allés avec David prirent la parole et dirent: Puisqu'ils ne sont pas venus avec nous, nous ne leur donnerons rien du butin que nous avons sauvé, sinon à chacun sa femme et ses enfants ; qu'ils les emmènent, et s'en aillent. 23 Mais David dit : N'agissez pas ainsi, mes frères, au sujet de ce que l'Éternel nous a donné ; car il nous a gardés, et il a livré entre nos mains la troupe qui était venue contre nous. 24 Et qui vous écouterait dans cette affaire ? La part doit être la même pour celui qui est descendu sur le champ de bataille et pour celui qui est resté près des bagages : ensemble ils partageront. 25 Il en fut ainsi dès ce jour et dans la suite, et l'on a fait de cela jusqu'à ce jour une loi et une coutume en Israël.


2️⃣ Les familles de Juda.

Comme je le disais, les Amalécites ne sont pas spécifiquement venus pour Tsiklag. L'armée de ce peuple a profité de l'absence de l'armée de Saül et de l'armée des Philistins, partis guerroyer au nord, pour ravager le sud, certains qu'ils étaient de ne pas rencontrer de résistance. Aussi lorsque David les rattrape et les terrasse, ils ne s'attendaient pas du tout à le voir arriver. 

La deuxième particularité se trouve donc dans ce que David va récupérer non seulement ce qui lui a été pris, mais également ce qui a été pris aux autres villes de Juda qui ont été la cible des Amalécites.

🔘 1 Samuel 30.26-31 : De retour à Tsiklag, David envoya une partie du butin aux anciens de Juda, à ses amis, en leur adressant ces paroles : Voici pour vous un présent sur le butin des ennemis de l'Éternel ! 27 Il fit ainsi des envois à ceux de Béthel, à ceux de Ramoth du midi, à ceux de Jatthir, 28 à ceux d'Aroër, à ceux de Siphmoth, à ceux d'Eschthemoa, 29 à ceux de Racal, à ceux des villes des Jerachmeélites, à ceux des villes des Kéniens, 30 à ceux de Horma, à ceux de Cor Aschan, à ceux d'Athac, 31 à ceux d'Hébron, et dans tous les lieux que David et ses gens avaient parcourus.

N'ayant pas la liste des endroits visités par les Amalécites et encore moins la liste des trésors dérobés chez les uns et les autres, il fera un présent à chacune des villes de Juda où il avait des amis. S'assurant dans la procédure, de rester dans leurs pensées, tout en ne conservant pas les richesses de Juda, un peu à l'image d'Abraham délivrant Lot et n'acceptant pas de salaire en retour de la part du roi de Sodome.



c) Tsiklag.

La ville de David aura servi à l'éloigner du combat qui allait se dérouler dans le nord.

Il lui a fallu trois jours pour descendre de Gath à Tsiklag et constater la désolation de sa ville. Il faut ajouter à cela une journée supplémentaire, voire deux pour rattraper les Amalécites qui, s'ils avaient trois journées d'avance, ne se pressaient pas et se déplaçaient avec des troupeaux, des femmes et des enfants. Il fallait ensuite revenir à Tsiklag, cette fois-ci accompagnés à leur tour de ces mêmes troupeaux, femmes et enfants, ce qui doit leur prendre trois jours. Cela fait donc au bas mot 8 jours que David est parti de Gath, et il se retrouve avec des hommes épuisés, des femmes et des enfants qui sortent d'un lourd traumatisme, et tout cela devant une ville rasée.

En huit jours, les Philistins se sont rendus dans le territoire d'Issacar. David n'est pas en mesure de les rattraper, et les gens qui sont avec lui n'accepteraient certainement pas de le suivre après ce qui vient de se passer. Le plus urgent est de rebâtir et de rassurer les familles.

Le deuxième livre de Samuel nous donne par ailleurs une indication temporelle sur la mort de Saül : Après la mort de Saül, David, qui avait battu les Amalécites, était depuis deux jours revenu à Tsiklag (2 Samuel 1.1). Il n'aurait donc bel et bien pas eu le temps de remonter jusque dans le territoire d'Issacar. Cela ne signifie cependant pas que Saül soit mort depuis deux jours, mais bien que David soit revenu depuis deux jours. Saül étant mort depuis un peu plus, ce qu'atteste le discours de l'Amalécite qui viendra mentir à David sur la manière dont est mort le roi et dont 2 Samuel 1.1 est justement l'introduction.

On pourrait se demander pourquoi Dieu a permis la destruction de Tsiklag et le rapt des femmes et des enfants. Généralement on se contente de souligner que personne n'a perdu la vie et de voir la main de Dieu dans le secours qu'ont reçu les gens de David. Mais les choses vont bien plus loin, le sac de Tsiklag était nécessaire pour éloigner David, afin qu'il ne participe pas à ce qui était à venir.



d) Les gens qui ont rejoint David à Tsiklag.

Certaines tribus sont plus éloignées que d'autres de Juda, et on va retrouver cette logique dans les personnes qui vont choisir de rejoindre David alors qu'il réside encore à Tsiklag. Ils viendront de 4 tribus, toutes étant mitoyennes à Juda (avec la particularité des Gadites séparés par la mer).  

d.1) Benjamin.

🔘 1 Chroniques 12.1-7 : Voici ceux qui se rendirent auprès de David à Tsiklag, lorsqu'il était encore éloigné de la présence de Saül, fils de Kis. Ils faisaient partie des vaillants hommes qui lui prêtèrent leur secours pendant la guerre. 2 C'étaient des archers, lançant des pierres de la main droite et de la main gauche, et tirant des flèches avec leur arc : ils étaient de Benjamin, du nombre des frères de Saül. 3 Le chef Achiézer et Joas, fils de Schemaa, de Guibea ; Jeziel, et Péleth, fils d'Azmaveth ; Beraca ; Jéhu, d'Anathoth ; 4 Jischmaeja, de Gabaon, vaillant parmi les trente et chef des trente ; Jérémie; Jachaziel ; Jochanan ; Jozabad, de Guedéra ; 5 Éluzaï ; Jerimoth ; Bealia ; Schemaria ; Schephathia, de Haroph ; 6 Elkana, Jischija, Azareel, Joézer et Jaschobeam, Koréites ; 7 Joéla et Zebadia, fils de Jerocham, de Guedor.

d.2) Gad.

🔘 1 Chroniques 12.8-15 : Parmi les Gadites, des hommes vaillants partirent pour se rendre auprès de David dans la forteresse du désert, des soldats exercés à la guerre, armés du bouclier et de la lance, semblables à des lions, et aussi prompts que des gazelles sur les montagnes. 9 Ézer, le chef ; Abdias, le second ; Éliab, le troisième ; 10 Mischmanna, le quatrième ; Jérémie, le cinquième ; 11 Attaï, le sixième ; Éliel, le septième ; 12 Jochanan, le huitième ; Elzabad, le neuvième ; 13 Jérémie, le dixième ; Macbannaï, le onzième. 14 C'étaient des fils de Gad, chefs de l'armée ; un seul, le plus petit, pouvait s'attaquer à cent hommes, et le plus grand à mille. 15 Voilà ceux qui passèrent le Jourdain au premier mois, lorsqu'il débordait sur toutes ses rives, et qui mirent en fuite tous les habitants des vallées, à l'orient et à l'occident.

d.3) Juda (et Benjamin à nouveau).

🔘 1 Chroniques 12.16-18 : Il y eut aussi des fils de Benjamin et de Juda qui se rendirent auprès de David dans la forteresse. 17 David sortit au-devant d'eux, et leur adressa la parole, en disant : Si vous venez à moi dans de bonnes intentions pour me secourir, mon cœur s'unira à vous ; mais si c'est pour me tromper au profit de mes ennemis, quand je ne commets aucune violence, que le Dieu de nos pères le voie et qu'il fasse justice ! 18 Amasaï, l'un des principaux officiers, fut revêtu de l'esprit, et dit : Nous sommes à toi, David, et avec toi, fils d'Isaï! Paix, paix à toi, et paix à ceux qui te secourent, car ton Dieu t'a secouru ! Et David les accueillit, et les plaça parmi les chefs de la troupe.

d.4) Manassé.

🔘 1 Chroniques 12.19-22 : Des hommes de Manassé se joignirent à David, lorsqu'il alla faire la guerre à Saül avec les Philistins. Mais ils ne furent pas en aide aux Philistins ; car, après s'être consultés, les princes des Philistins renvoyèrent David, en disant : Il passerait du côté de son maître Saül, au péril de nos têtes. 20 Quand il retourna à Tsiklag, voici ceux de Manassé qui se joignirent à lui : Adnach, Jozabad, Jediaël, Micaël, Jozabad, Élihu et Tsilthaï, chefs des milliers de Manassé. 21 Ils prêtèrent leur secours à David contre la troupe [des pillards Amalécites], car ils étaient tous de vaillants hommes, et ils furent chefs dans l'armée. 22 Et de jour en jour des gens arrivaient auprès de David pour le secourir, jusqu'à ce qu'il eût un grand camp, comme un camp de Dieu.

d.5) Ittaï de Gath.

Bien qu'il n'ait pas rejoint David à ce moment, il est intéressant de souligner que l'un des trois hommes qui commandera le peuple sous le règne de David sera Ittaï de Gath, qui, comme son nom l'indique, est un Philistin venant précisément de la ville d'Akisch.

🔘 2 Samuel 18.2 : Il plaça le tiers du peuple sous le commandement de Joab, le tiers sous celui d'Abischaï, fils de Tseruja, frère de Joab, et le tiers sous celui d'Ittaï, de Gath. Et le roi dit au peuple : Moi aussi, je veux sortir avec vous.

A ne pas confondre avec : Ittaï, fils de Ribaï, de Guibea des fils de Benjamin (2 Samuel 23.29).

Son statut d'étranger à Israël est confirmé par le roi David lors de la fuite devant Absalom :

🔘 2 Samuel 15.19-21 : Le roi dit à Ittaï de Gath: Pourquoi viendrais-tu aussi avec nous ? Retourne, et reste avec le roi, car tu es étranger, et même tu as été emmené de ton pays. 20 Tu es arrivé d'hier, et aujourd'hui je te ferais errer avec nous çà et là, quand je ne sais moi-même où je vais ! Retourne, et emmène tes frères avec toi. Que l'Éternel use envers toi de bonté et de fidélité ! 21 Ittaï répondit au roi, et dit : L'Éternel est vivant et mon seigneur le roi est vivant! au lieu où sera mon seigneur le roi, soit pour mourir, soit pour vivre, là aussi sera ton serviteur.


11 - La mort de Saul.


a) La réalité.

La mort de Saül n'a pas tant d'importance en soi. Bien qu'elle soit l'accomplissement de ce que David disait alors qu'il venait de l'épargner dans la caverne (1 Samuel 26.10 : soit qu'il descende sur un champ de bataille et qu'il y périsse), elle est surtout la représentation de ce qui attend spirituellement tous ceux qui sont loin de Dieu. Saül et ses trois fils vont mourir sur le mont Guilboa, qui est la partie Sud-Est de la vallée de Jizréel, donc l'endroit où se déroulera la bataille d'Armageddon.

On notera qu'il s'est suicidé et qu'il n'a pas été tué par les Philistins.

Il existe deux versions de sa mort, celle étant la bonne est la suivante :

🔘 1 Samuel 31.1-12 : Les Philistins livrèrent bataille à Israël, et les hommes d'Israël prirent la fuite devant les Philistins et tombèrent morts sur la montagne de Guilboa. 2 Les Philistins poursuivirent Saül et ses fils, et tuèrent Jonathan, Abinadab et Malkischua, fils de Saül. 3 L'effort du combat porta sur Saül; les archers l'atteignirent, et le blessèrent grièvement. 4 Saül dit alors à celui qui portait ses armes : Tire ton épée, et m'en transperce, de peur que ces incirconcis ne viennent me percer et me faire subir leurs outrages. Celui qui portait ses armes ne voulut pas, car il était saisi de crainte. Et Saül prit son épée, et se jeta dessus. 5 Celui qui portait les armes de Saül, le voyant mort, se jeta aussi sur son épée, et mourut avec lui. 6 Ainsi périrent en même temps, dans cette journée, Saül et ses trois fils, celui qui portait ses armes, et tous ses gens. 7 Ceux d'Israël qui étaient de ce côté de la vallée et de ce côté du Jourdain, ayant vu que les hommes d'Israël s'enfuyaient et que Saül et ses fils étaient morts, abandonnèrent leurs villes pour prendre aussi la fuite. Et les Philistins allèrent s'y établir. 8 Le lendemain, les Philistins vinrent pour dépouiller les morts, et ils trouvèrent Saül et ses trois fils tombés sur la montagne de Guilboa. 9 Ils coupèrent la tête de Saül, et enlevèrent ses armes. Puis ils firent annoncer ces bonnes nouvelles par tout le pays des Philistins dans les maisons de leurs idoles et parmi le peuple. 10 Ils mirent les armes de Saül dans la maison des Astartés, et ils attachèrent son cadavre sur les murs de Beth Schan. 11 Lorsque les habitants de Jabès en Galaad apprirent comment les Philistins avaient traité Saül, 12 tous les vaillants hommes se levèrent, et, après avoir marché toute la nuit, ils arrachèrent des murs de Beth Schan le cadavre de Saül et ceux de ses fils. Puis ils revinrent à Jabès, où ils les brûlèrent ; 13 ils prirent leurs os, et les enterrèrent sous le tamarisc à Jabès. Et ils jeûnèrent sept jours.

Elle est confirmée par un autre descriptif qui se trouve dans le livre des Chroniques :

🔘 1 Chroniques 10.1-14 : Les Philistins livrèrent bataille à Israël, et les hommes d'Israël prirent la fuite devant les Philistins et tombèrent morts sur la montagne de Guilboa. 2 Les Philistins poursuivirent Saül et ses fils, et tuèrent Jonathan, Abinadab et Malki Schua, fils de Saül. 3 L'effort du combat porta sur Saül ; les archers l'atteignirent et le blessèrent. 4 Saül dit alors à celui qui portait ses armes : Tire ton épée, et transperce-m'en, de peur que ces incirconcis ne viennent me faire subir leurs outrages. Celui qui portait ses armes ne voulut pas, car il était saisi de crainte. Et Saül prit son épée, et se jeta dessus. 5 Celui qui portait les armes de Saül, le voyant mort, se jeta aussi sur son épée, et mourut. 6 Ainsi périrent Saül et ses trois fils, et toute sa maison périt en même temps. 7 Tous ceux d'Israël qui étaient dans la vallée, ayant vu qu'on avait fui et que Saül et ses fils étaient morts, abandonnèrent leurs villes pour prendre aussi la fuite. Et les Philistins allèrent s'y établir. 8 Le lendemain, les Philistins vinrent pour dépouiller les morts, et ils trouvèrent Saül et ses fils tombés sur la montagne de Guilboa. 9 Ils le dépouillèrent, et emportèrent sa tête et ses armes. Puis ils firent annoncer ces bonnes nouvelles par tout le pays des Philistins à leurs idoles et au peuple. 10 Ils mirent les armes de Saül dans la maison de leur dieu, et ils attachèrent son crâne dans le temple de Dagon. 11 Tout Jabès en Galaad ayant appris tout ce que les Philistins avaient fait à Saül, 12 tous les hommes vaillants se levèrent, prirent le corps de Saül et ceux de ses fils, et les transportèrent à Jabès. Ils enterrèrent leur os sous le térébinthe, à Jabès, et ils jeûnèrent sept jours. 13 Saül mourut, parce qu'il se rendit coupable d'infidélité envers l'Éternel, dont il n'observa point la parole, et parce qu'il interrogea et consulta ceux qui évoquent les morts. 14 Il ne consulta point l'Éternel ; alors l'Éternel le fit mourir, et transféra la royauté à David, fils d'Isaï.

Le plus terrible dans tout cela, c'est que dans la réalité, Saül aurait eu le temps de fuir, c'est parce qu'il était saisi par la peur qu'il a choisi de se suicider. Le texte nous dit bien que ça n'est que le lendemain que les Philistins ont trouvé son corps. Le règne de Saül se termine donc avec un royaume d'Israël conquis par les Philistins et David qui règne sur Tsiklag en ruine.



b) Le mensonge.

Il existe donc une deuxième version de la mort de Saül. Comme par hasard, elle est donnée par un Amalécite (Je lui répondis : Je suis Amalécite). Si cet homme était réellement serviteur de Saül, alors Saül avait de toute évidence moins de sagesse que les princes des Philistins. Il est cependant difficile de croire un menteur qui par ailleurs ment dans le but d'obtenir des faveurs.

🔘 2 Samuel 1.1-10 : Après la mort de Saül, David, qui avait battu les Amalécites, était depuis deux jours revenu à Tsiklag. 2 Le troisième jour, un homme arriva du camp de Saül, les vêtements déchirés et la tête couverte de terre. Lorsqu'il fut en présence de David, il se jeta par terre et se prosterna. 3 David lui dit : D'où viens-tu ? Et il lui répondit : Je me suis sauvé du camp d'Israël. 4 David lui dit: Que s'est-il passé ? dis-moi donc ! Et il répondit : Le peuple s'est enfui du champ de bataille, et un grand nombre d'hommes sont tombés et ont péri ; Saül même et Jonathan, son fils, sont morts. 5 David dit au jeune homme qui lui apportait ces nouvelles : Comment sais-tu que Saül et Jonathan, son fils, sont morts ? 6 Et le jeune homme qui lui apportait ces nouvelles répondit : Je me trouvais sur la montagne de Guilboa; et voici, Saül s'appuyait sur sa lance, et voici, les chars et les cavaliers étaient près de l'atteindre. 7 S'étant retourné, il m'aperçut et m'appela. Je dis: Me voici ! 8 Et il me dit : Qui es-tu? Je lui répondis : Je suis Amalécite. 9 Et il dit : Approche donc, et donne-moi la mort ; car je suis pris de vertige, quoique encore plein de vie. 10 Je m'approchai de lui, et je lui donnai la mort, sachant bien qu'il ne survivrait pas à sa défaite. J'ai enlevé le diadème qui était sur sa tête et le bracelet qu'il avait au bras, et je les apporte ici à mon seigneur.

On notera que dans son descriptif, non seulement c'est lui qui a donné la mort à Saül, ce que deux autres passages infirment, mais il n'est question que de la mort de Jonathan, ami de David, et non de ses deux autres frères. Jonathan étant de notoriété publique l'ami de David, l'Amalécite essaye simplement de lui donner les informations suffisantes pour attirer sa sympathie. C'était mal connaître David qui tremblait rien qu'à avoir coupé le pan du manteau de Saül.

🔘 2 Samuel 1.11-16 : David saisit ses vêtements et les déchira, et tous les hommes qui étaient auprès de lui firent de même. 12 Ils furent dans le deuil, pleurèrent et jeûnèrent jusqu'au soir, à cause de Saül, de Jonathan, son fils, du peuple de l'Éternel, et de la maison d'Israël, parce qu'ils étaient tombés par l'épée. 13 David dit au jeune homme qui lui avait apporté ces nouvelles : D'où es-tu ? Et il répondit : Je suis le fils d'un étranger, d'un Amalécite. 14 David lui dit : Comment n'as-tu pas craint de porter la main sur l'oint de l'Éternel et de lui donner la mort ? 15 Et David appela l'un de ses gens, et dit: Approche, et tue-le! Cet homme frappa l'Amalécite, qui mourut. 16 Et David lui dit : Que ton sang retombe sur ta tête, car ta bouche a déposé contre toi, puisque tu as dit : J'ai donné la mort à l'oint de l'Éternel !



c) Le cantique qui en découle. 

🔘 Psaumes 18.1-51 : Au chef des chantres. Du serviteur de l'Éternel, de David, qui adressa à l'Éternel les paroles de ce cantique, lorsque l'Éternel l'eut délivré de la main de tous ses ennemis et de la main de Saül. Il dit : 2 Je t'aime, ô Éternel, ma force ! 3 Éternel, mon rocher, ma forteresse, mon libérateur ! Mon Dieu, mon rocher, où je trouve un abri ! Mon bouclier, la force qui me sauve, ma haute retraite ! 4 Je m'écrie : Loué soit l'Éternel ! Et je suis délivré de mes ennemis. 5 Les liens de la mort m'avaient environné, Et les torrents de la destruction m'avaient épouvanté ; 6 Les liens du sépulcre m'avaient entouré, Les filets de la mort m'avaient surpris. 7 Dans ma détresse, j'ai invoqué l'Éternel, J'ai crié à mon Dieu; De son palais, il a entendu ma voix, Et mon cri est parvenu devant lui à ses oreilles. 8 La terre fut ébranlée et trembla, Les fondements des montagnes frémirent, Et ils furent ébranlés, parce qu'il était irrité. 9 Il s'élevait de la fumée dans ses narines, Et un feu dévorant sortait de sa bouche : Il en jaillissait des charbons embrasés. 10 Il abaissa les cieux, et il descendit: Il y avait une épaisse nuée sous ses pieds. 11 Il était monté sur un chérubin, et il volait, Il planait sur les ailes du vent. 12 Il faisait des ténèbres sa retraite, sa tente autour de lui, Il était enveloppé des eaux obscures et de sombres nuages. 13 De la splendeur qui le précédait s'échappaient les nuées, Lançant de la grêle et des charbons de feu. 14 L'Éternel tonna dans les cieux, Le Très Haut fit retentir sa voix, Avec la grêle et les charbons de feu. 15 Il lança ses flèches et dispersa mes ennemis, Il multiplia les coups de la foudre et les mit en déroute. 16 Le lit des eaux apparut, Les fondements du monde furent découverts, Par ta menace, ô Éternel! Par le bruit du souffle de tes narines. 17 Il étendit sa main d'en haut, il me saisit, Il me retira des grandes eaux ; 18 Il me délivra de mon adversaire puissant, De mes ennemis qui étaient plus forts que moi. 19 Ils m'avaient surpris au jour de ma détresse; Mais l'Éternel fut mon appui. 20 Il m'a mis au large, Il m'a sauvé, parce qu'il m'aime. 21 L'Éternel m'a traité selon ma droiture, Il m'a rendu selon la pureté de mes mains ; 22 Car j'ai observé les voies de l'Éternel, Et je n'ai point été coupable envers mon Dieu. 23 Toutes ses ordonnances ont été devant moi, Et je ne me suis point écarté de ses lois. 24 J'ai été sans reproche envers lui, Et je me suis tenu en garde contre mon iniquité. 25 Aussi l'Éternel m'a rendu selon ma droiture, Selon la pureté de mes mains devant ses yeux. 26 Avec celui qui est bon tu te montres bon, Avec l'homme droit tu agis selon la droiture, 27 Avec celui qui est pur tu te montres pur, Et avec le pervers tu agis selon sa perversité. 28 Tu sauves le peuple qui s'humilie, Et tu abaisses les regards hautains. 29 Oui, tu fais briller ma lumière ; L'Éternel, mon Dieu, éclaire mes ténèbres. 30 Avec toi je me précipite sur une troupe en armes, Avec mon Dieu je franchis une muraille. 31 Les voies de Dieu sont parfaites, La parole de l'Éternel est éprouvée ; Il est un bouclier pour tous ceux qui se confient en lui. 32 Car qui est Dieu, si ce n'est l'Éternel ; Et qui est un rocher, si ce n'est notre Dieu ? 33 C'est Dieu qui me ceint de force, Et qui me conduit dans la voie droite. 34 Il rend mes pieds semblables à ceux des biches, Et il me place sur mes lieux élevés. 35 Il exerce mes mains au combat, Et mes bras tendent l'arc d'airain. 36 Tu me donnes le bouclier de ton salut, Ta droite me soutient, Et je deviens grand par ta bonté. 37 Tu élargis le chemin sous mes pas, Et mes pieds ne chancellent point. 38 Je poursuis mes ennemis, je les atteins, Et je ne reviens pas avant de les avoir anéantis. 39 Je les brise, et ils ne peuvent se relever ; Ils tombent sous mes pieds. 40 Tu me ceins de force pour le combat, Tu fais plier sous moi mes adversaires. 41 Tu fais tourner le dos à mes ennemis devant moi, Et j'extermine ceux qui me haïssent. 42 Ils crient, et personne pour les sauver ! Ils crient à l'Éternel, et il ne leur répond pas ! 43 Je les broie comme la poussière qu'emporte le vent, Je les foule comme la boue des rues. 44 Tu me délivres des dissensions du peuple ; Tu me mets à la tête des nations ; Un peuple que je ne connaissais pas m'est asservi. 45 Ils m'obéissent au premier ordre, Les fils de l'étranger me flattent ; 46 Les fils de l'étranger sont en défaillance, Ils tremblent hors de leurs forteresses. 47 Vive l'Éternel, et béni soit mon rocher ! Que le Dieu de mon salut soit exalté, 48 Le Dieu qui est mon vengeur, Qui m'assujettit les peuples, 49 Qui me délivre de mes ennemis ! Tu m'élèves au-dessus de mes adversaires, Tu me sauves de l'homme violent. 50 C'est pourquoi je te louerai parmi les nations, ô Éternel ! Et je chanterai à la gloire de ton nom. 51 Il accorde de grandes délivrances à son roi, Et il fait miséricorde à son oint, A David, et à sa postérité, pour toujours.




A étudier plus tard.

🔘 2 Samuel 1.17-27 : Voici le cantique funèbre que David composa sur Saül et sur Jonathan, son fils, 18 et qu'il ordonna d'enseigner aux enfants de Juda. C'est le cantique de l'arc : il est écrit dans le livre du Juste. 19 L'élite d'Israël a succombé sur tes collines! Comment des héros sont-ils tombés ? 20 Ne l'annoncez point dans Gath, N'en publiez point la nouvelle dans les rues d'Askalon, De peur que les filles des Philistins ne se réjouissent, De peur que les filles des incirconcis ne triomphent. 21 Montagnes de Guilboa ! Qu'il n'y ait sur vous ni rosée ni pluie, Ni champs qui donnent des prémices pour les offrandes ! Car là ont été jetés les boucliers des héros, Le bouclier de Saül ; L'huile a cessé de les oindre. 22 Devant le sang des blessés, devant la graisse des plus vaillants, l'arc de Jonathan n'a jamais reculé, et l'épée de Saül ne retournait point à vide. 23 Saül et Jonathan, aimables et chéris pendant leur vie, n'ont point été séparés dans leur mort ; Ils étaient plus légers que les aigles, ils étaient plus forts que les lions. 24 Filles d'Israël ! pleurez sur Saül, Qui vous revêtait magnifiquement de cramoisi, qui mettait des ornements d'or sur vos habits. 25 Comment des héros sont-ils tombés au milieu du combat ? Comment Jonathan a-t-il succombé sur tes collines ? 26 Je suis dans la douleur à cause de toi, Jonathan, mon frère! Tu faisais tout mon plaisir ; Ton amour pour moi était admirable, Au-dessus de l'amour des femmes. 27 Comment des héros sont-ils tombés ? Comment leurs armes se sont-elles perdues ?


12 - David retourne en Juda.


a) Le début du règne sur Juda.

Une fois ces tragiques évènements terminés, Israël est aux mains des Philistins et David se retrouve au milieu d'une ville en ruine. Sans la pression de Saül et ne craignant pas particulièrement les Philistins avec lesquels il n'est pas en mauvais termes, David doit se chercher un nouvel abri. Rebâtir une ville en partant de zéro, n'est pas dans ses intentions. Le territoire de Juda est cependant de grande taille et il n'affiche pas de préférence. Il va donc s'en remettre au choix de l'Eternel, non pas seulement pour savoir dans quelle ville il doit aller, mais déjà pour savoir s'il doit partir. Bien qu'on passe assez souvent sur ce détail, il n'est pas sans importance. Bien que Tsiklag ait besoin d'être rebâtit, il est chez lui. Akisch est toujours son ami et les princes des Philistins ont constaté qu'il n'est pas allé au secours de Saül. Du côté des Amalécites, ils ne sont pas près de remonter vers lui. Il est donc en sécurité à Tsiklag et pourrait simplement planter la tente, le temps de rebâtir ce qui doit l'être. Qu'il demande s'il doit partir est donc un réel changement dans sa façon de faire, parce qu'il avait l'habitude de surtout demander le conseil de Dieu lorsqu'il était acculé. Ici, il peut rester, personne ne le poursuivra, mais face à un changement majeur en Israël, il se tourne vers l'Eternel.

🔘 2 Samuel 2.1-3 : Après cela, David consulta l'Éternel, en disant : Monterai-je dans une des villes de Juda ? L'Éternel lui répondit : Monte. David dit : Où monterai-je ? Et l'Éternel répondit : A Hébron. 2 David y monta, avec ses deux femmes, Achinoam de Jizreel, et Abigaïl de Carmel, femme de Nabal. 3 David fit aussi monter les gens qui étaient auprès de lui, chacun avec sa maison ; et ils habitèrent dans les villes d'Hébron (association, union, ligue, amitié).

L'Eternel lui choisit donc Hébron qui deviendra plus tard la capitale de Juda.

Devant la nouvelle de l'arrivée de David à Hébron, les hommes de Juda vinrent, et là ils oignirent David pour roi sur la maison de Juda (2 Samuel 2.4).



b) La division du royaume.

On peut se demander si David pensait que la promesse de Dieu venait de se réaliser et qu'il allait dans les jours à venir être roi sur Israël. Lorsqu'il parle aux habitants de Galaad, sa phrase semble bien indiquer qu'il imaginait leur ralliement prochain : Que vos mains se fortifient, et soyez de vaillants hommes ; car votre maître Saül est mort, et c'est moi que la maison de Juda a oint pour roi sur elle (2 Samuel 2.7). Mais les choses ne vont pas prendre cette direction, et : Abner, fils de Ner, chef de l'armée de Saül, prit Isch Boscheth (homme de honte), fils de Saül, et le fit passer à Mahanaïm (deux camps). 9 Il l'établit roi sur Galaad, sur les Gueschuriens, sur Jizreel, sur Éphraïm, sur Benjamin, sur tout Israël. 10 Isch Boscheth, fils de Saül, était âgé de quarante ans, lorsqu'il devint roi d'Israël, et il régna deux ans (2 Samuel 2.8-10).

Pour localisation, Mahanaïm se situe sur le territoire de la demie tribu de Manassé. Les Philistins ayant envahi Israël à partir du Nord de Juda, Guibéa n'était plus un lieu sûr pour régner.

Finalement, alors que David devait s'attendre à enfin voir s'accomplir la promesse de Dieu, il n'y eut que la maison de Juda qui resta attachée à David (2 Samuel 2.10).