Simon Pierre, m'aimes-tu ?

Il est un passage où Jésus semble poser la même question trois fois à Pierre. Dans la réalité, il en pose deux différentes. Les traductions ne font cependant pas justice à ce passage et ne permettent généralement pas de réaliser la différence entre les deux formes que prennent cette question. La question en elle-même est simple, Simon Pierre, m'aimes-tu ?

Le mot aimer à cependant plusieurs significations possibles et nous sommes très exactement dans le cas où deux de ses significations sont employées.

AGAPAO : Aimer, préférer, amour

PHILEO : Aimer, approuver ce qui plaît, traiter affectueusement ou avec bonté, accueillir, traiter en ami ...

C'est à la lumière de ces deux significations qu'il faut lire le passage de l'évangile de Jean où Jésus parle à Simon Pierre.

JEAN 21.15 : Après qu'ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre: Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu (AGAPAO) plus que ne m'aiment ceux-ci? Il lui répondit: Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime (PHILEO). Jésus lui dit: Pais mes agneaux.

JEAN 21.16 : Il lui dit une seconde fois: Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu? (AGAPAO) Pierre lui répondit: Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime (PHILEO). Jésus lui dit: Pais mes brebis.

JEAN 21.17 : Il lui dit pour la troisième fois: Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu? (PHILEO) Pierre fut attristé de ce qu'il lui avait dit pour la troisième fois: M'aimes-tu? Et il lui répondit: Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime (PHILEO). Jésus lui dit: Pais mes brebis.

Jésus est en train de demander à Simon Pierre à quel point il l'aime, et ce dernier ne comprend même pas la question. Alors Jésus la lui repose, et reçoit une nouvelle fois l'incompréhension de la part de son disciple.

La troisième fois, Jésus sait que son disciple n'en est pas encore à l'aimer de la bonne manière. Il ne le juge pas pour autant, c'est un état des lieux. Alors il se contente de lui demander la version inférieure de ce qu'il attend de lui.

Ces trois questions de Jésus doivent être rapprochées d'un autre moment qui les concerne également tous les deux. Par trois fois Jésus vient de demander à Simon Pierre si son amour était au-dessus de l'amour des hommes, et par trois fois, Simon, qu'il s'en soit rendu compte ou non, a répondu que non.

Plus tard, Jean écrira :

1 JEAN 4.18 : La crainte n'est pas dans l'amour, mais l'amour parfait bannit la crainte; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n'est pas parfait dans l'amour.

C'est exactement de cela qu'il s'agit, l'amour de Pierre n'était pas parfait, et c'est pour cela qu'il craindra les hommes et reniera Jésus. Par trois fois également. Jésus savait que les hommes poseraient cette question trois fois à Pierre, alors il la lui a également posé trois fois. 

JEAN 13.38 : Jésus répondit: Tu donneras ta vie pour moi! En vérité, en vérité, je te le dis, le coq ne chantera pas que tu ne m'aies renié trois fois.

JEAN 18.17 : Alors la servante, la portière, dit à Pierre: Toi aussi, n'es-tu pas des disciples de cet homme? Il dit: Je n'en suis point.

JEAN 18.25 : Simon Pierre était là, et se chauffait. On lui dit: Toi aussi, n'es-tu pas de ses disciples? Il le nia, et dit: Je n'en suis point.

JEAN 18.26-27 : Un des serviteurs du souverain sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avait coupé l'oreille, dit: Ne t'ai-je pas vu avec lui dans le jardin? Pierre le nia de nouveau. Et aussitôt le coq chanta.

Pierre avait besoin de ça pour s'en rendre compte, et Jésus le savait. Il a gardé le silence et a attendu que Pierre comprenne de lui-même, sans le juger. Pierre le reniait alors même que Jésus allait sur la croix pour ses fautes. Il avait besoin de traverser ça pour le comprendre et grandir.