Tout d'abord, je sais qu'usuellement, une chose pervertie en devient une autre, ou éventuellement une version pervertie d'elle-même. On a donc coutume de penser que la perversion est le nom que l'on donne à l'étiolement d'un but, au passage d'un état supérieur à un autre inférieur.

Fondamentalement, une chose a tendance à en pervertir une autre. Par exemple, on prête à l'argent la capacité de presque tout pervertir. Sachant cela, je précise que dans mon explication à venir, je considère la perversion comme un élément extérieur et indépendant et non pas comme la modification à tendance négative d'une chose et j'en donnerai la raison plus tard.

Pour comprendre où on va il est important de comprendre l'un des principes fondamental de l'être humain, et c'est le dépassement de soi. N'importe quel architecte ayant construit une tour de 8 étages a envie d'en construire une de 10, puis de 15, 20 et ainsi de suite. N'importe quel concepteur de voiture veut en faire une plus performante.

Malheureusement dans nos sociétés on constate que toute entreprise cherche un moyen d'être plus rentable et pas dans le but d'enrichir les autres mais uniquement dans le but de s'enrichir elle-même, même au détriment des autres et au-delà de ce qui lui est nécessaire.

N'importe quel être humain veut plus de ce qu'il a déjà et par extension veut autant, voir plus, que ce que son voisin a. D'aucun diront que le bonheur c'est de se satisfaire de ce que l'on a, mais c'est juste contraire à ce que nous sommes en tant que race. Si nous nous étions contenté de ce que nous avions nous serions toujours dans des grottes à espérer que le ciel ne nous tombe pas sur la tête (ce qu'il va finalement tout de même finir par faire).

L'opposition se situe entre le besoin et l'envie. Une civilisation qui se base sur ses besoins n'existe pas, c'est en titillant nos envies que les gouvernants font passer leurs volontés. Il ne serait de toute manière pas possible à une nation qui se base sur ses besoins, quelle qu'elle soit, de survivre entourée de nations fondées sur l'envie. Si ce qu'elle fait est moins bien elle disparaîtra d'elle même et si c'est mieux alors les nations basées sur l'envie s'en saisiront.

Nous sommes fondamentalement des créatures envieuses. Nous clamons nos besoins et dissimulons nos envies, ce qui en soi devrait déjà nous alarmer sur la valeur intrinsèque de ces deux aspects. Malheureusement, tout comme on passe de la réflexion au réflexe par la répétition, le fait de céder encore et encore à ses envies finit par créer un besoin d'assouvir ses envies, ce qui a pour finalité de transformer la notion même de besoins fondamentaux (se nourrir, boire, protéger sa famille...) en l'élargissant.

L'envie devient alors un besoin et c'est là le socle de la perversion (il est à noter que toute perversion n'est pas sexuelle). L'envie n'a cependant en elle-même pas la force de rester un besoin, il lui faut une source d'énergie "indépendante" assez aisée à comprendre, qui se trouve être l'addiction. La formule est simple, envie + addiction = besoin.

Je me rends bien compte que ce que je dis pourrait faire croire que les envies sont de mauvaises choses, il n'en est rien. Comprenez que les envies sont de bonnes choses, elles nous font progresser, ne plus en avoir nous condamnerait à une quasi-apathie. Ce qui est dangereux c'est de leur donner une place qu'elles ne doivent pas avoir. Nous, en tant que race, avons la capacité de nous habituer à tout, que ce soient de bonnes ou de mauvaises choses, d'autant que dans ce domaine, le bien et le mal n'ont aucune importance. Il suffit pour cela d'avoir un tout petit peu de mémoire et de prendre du recul face aux événements.

Les exemples sont horriblement nombreux où nos gouvernants ont proposé une loi, un changement sociétal et où le peuple s'est insurgé. Les suites sont toujours les mêmes, les gouvernants opèrent un repli stratégique, formatent les pensées en banalisant le sujet, souvent en faisant accepter les parties les moins problématiques de leurs projets dans le seul but de présenter à nouveau leur loi première, une ou deux années plus tard, en sachant pertinemment que la résistance diminuera et que leur projet passera. Nombre de projets de loi n'ont par ailleurs jamais eu d'autres intentions que de prendre la température pour d'autres projets de loi plus secrets et plus polémiques (le puçage des êtres humains en étant un parfait exemple, les droits sexuels de l'enfant également).

Revenons au dépassement de soi.

Pour beaucoup c'est nécessairement bien. En tous les cas ça sonne bien. Dans la réalité il n'en va pas de même. En fait il s'agit plus de toujours aller plus loin que là où nous sommes déjà allés. Quel coureur faisant 5 kilomètres de footing tous les matins ne pense pas à un moment ou à un autre à passer à 6 kilomètres ? Personne n'en vient à se dire, Je gère bien les 5 kilomètres je vais essayer de passer à 4. C'est un phénomène qui est la conséquence directe du fonctionnement de l'être humain.

Le deuxième mensonge est toujours plus facile que le premier et le troisième plus que le deuxième. Nous nous habituons et nous endormons au fur et à mesure nos consciences jusqu'à ce qu'elles deviennent inaudibles. Pour la plupart d'entre nous, le rappel à l'ordre est souvent assez rapide et nous nous retrouvons forcés de mettre la holà à nos pratiques. Que ce soit socialement ou légalement, il vient rapidement un moment où nous sommes forcés de stopper nos pratiques. Malheureusement tout le monde n'a pas les mêmes garde-fous, et certains n'en ont tout simplement aucun et n'en auront jamais. Pour ces gens-là , les principes précités sont les mêmes. Ils cèdent également à leurs envies et n'ont malheureusement rien du tout qui puissent les convaincre de stopper.

Aussi, l'absence de limite crée une surenchère permanente et la certitude que les conséquences n'existeront jamais fait repousser les limites. Chaque être humain, de l'enfant au vieillard, aura toujours besoin de limites et il les cherchera toujours. L'enfant poussera ses parents non pas parce qu'il veut les embêter mais parce qu'il recherche la limite qui sera la sienne. Il en va de même pour les adolescents, les jeunes adultes et ainsi de suite jusqu'à notre mort. Chacun cherche les limites dans lesquelles il pourra exister à chaque phase de son existence. Pour la plupart des personnes la répétition de ses envies ne produira pas un décalage vers le besoin parce que le glissement ne pourra pas être permanent. Par contre il existe une frange de la population mondiale qui ne rend pas de compte et n'en rendra jamais.

Ces personnes, comme n'importe lesquelles, ont des envies, mais elles n'ont pas de raisons de cesser d'y céder. Cette répétition crée une habitude qui, comme dans n'importe quelle addiction, diminue la satisfaction obtenu et fait naître la volonté d'augmenter l'intensité de l'envie.

Ce faisant, dans ce processus, l'envie est devenue un besoin et dès lors plus rien ne peut faire barrage à sa répétition. On arrive alors à un phénomène impressionnant qui est théoriquement obligatoire chez toutes les personnes qui s'adonnent à leurs envies mais qui est pratiquement toujours temporisé par la pression sociale. Ce phénomène est tout simplement le fait que la perversion devient un besoin. A force de ne pas avoir de limite, ce qui est possible pour une élite hors de tout contrôle social ou légal, le besoin se fait ressentir de trouver de nouvelles envies qui satisferont les pulsions non assouvies.

Etant donné qu'il n'y a aucune barrière, les envies jugées acceptable par ces personnes ne cesseront d'être de plus en plus glauques, voir même inconcevables pour le commun des mortels. Ces dérives nous amènent à des cas comme l'affaire Epstein, dont je ne vois pas comment ce pourrait être un cas isolé.