Jésus n'est pas venu pour ...
1 - Introduction.
2 - ... faire sa volonté.
a) La recherche des miracles.
b) Les bonnes intentions.
c) La réalité du cœur.
d) Les recentrages de Jésus.
e) La signification de son affirmation.
f) Versets intéressants non utilisés.
3 - ... juger le monde.
a) Jésus ne juge personne.
b) La Parole nous juge, mais pas celui qui l'a prononcée.
c) Le corollaire.
d) Conclusion.
4 - ... apporter la paix.
5 - ... abolir la loi.
6 - ... appeler des justes.
a) Une vérité à répétition.
b) Le cadre.
c) Le rappel à l'ordre.
7 - ... faire de lui-même.
8 - ... chercher sa gloire.
9 - Conclusion, pas de lui-même.
1 - Introduction.
La plupart des enseignements et des prédications qu'on entend nous parlent de ce que Jésus a fait, passant des guérisons aux délivrances et ainsi de suite. C'est tout à fait normal d'expliquer ces choses, mais il y a une chose dont on ne parle que très rarement, ce sont les choses non pas qu'il n'a pas faites, mais les choses pour lesquelles il dit lui-même ne pas être venu.
Chacune de ces notions est amenée par la négative, tout en ayant pour destination une clarification de ce pour quoi il est venu. La raison en est simplement que ses affirmations concernant ce pour quoi il n'est pas venu sont faites en réponses aux attentes de ses interlocuteurs. Il affirme donc, sommairement, que nos pensées ne sont pas les pensées de Dieu (Esaïe 55.8 : Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, Dit l'Éternel).
Cela doit cependant également nous rappeler que si nous nous attendons à ces choses, c'est qu'il nous manque un niveau de compréhension. Ca n'est jamais problématique, le but a toujours été de progresser et cette dite progression ne cessera jamais. Il est donc évident que certaines de nos attentes d'aujourd'hui finiront par disparaître si elles n'étaient pas en accord avec la volonté de Dieu, pour peu que nous soyons sincères avec lui et avec nous-même.
2 - ... faire sa volonté.
La première des choses que Jésus n'est pas venu faire, se trouve être sa propre volonté. On trouve cette affirmation dans l'évangile selon Jean :
🔘 Jean 6.37-40 : Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi ; 38 car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. 39 Or, la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. 40 La volonté de mon Père, c'est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour.
Il affirme ici qu'il n'est pas venu faire sa volonté, dans le but de rediriger l'attention vers celui qui est à l'origine de ce qu'il fait. Son affirmation tend à faire de suite cesser ce qui est dans la pensée de ses interlocuteurs. Ses propos font directement suite aux versets qui les précèdent et qui les éclairent.
La scène complète commence une dizaine de versets plus tôt, et elle est nécessaire pour comprendre correctement ce qui se passe entre Jésus et ses interlocuteurs. Cela se passe donc après la multiplication des pains incluant 5 pains et deux poissons. Non pas que cela fasse une différence en fonction de la multiplication concernée, mais cela permet de resituer. Jésus est donc reparti avec ses disciples et a traversé la mer de Galilée (le lac de Tibériade). La foule s'est alors empressée de le retrouver et le début de cette conversation aboutit à la déclaration de Jésus qui prend place à ce moment.
a) La recherche des miracles.
Dans l'affirmation de Jésus se trouve une affirmation qui veut en réalité dire l'inverse de ce qu'il dit. Ses propos sont les suivants :
🔘 Jean 6.26-27 : Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. 27 Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l'homme vous donnera ; car c'est lui que le Père, que Dieu, a marqué de son sceau.
Lorsqu'il dit à la foule : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, il leur dévoile la réalité de leur coeur. Oui, ils viennent de voir le miracle de la multiplication des pains, et ils viennent vers lui pour en voir plus, mais ce que Jésus dit c'est que la réalité de leur cœur ne s'attache pas à ce qu'ils ont vu mais à ce qu'ils ont eu. Ils ne sont pas attirés par la révélation de la puissance de Dieu, mais par le fait qu'ils aient pu en tirer profit. Son conseil est donc de déployer leurs efforts pour ce qui est de Dieu et non pour ce qui peut concourir à la satisfaction de la chair.
b) Les bonnes intentions.
Devant l'affirmation de Jésus, le peuple ne se rebelle pas, par contre, il ne comprend pas non plus ce que Jésus a dit et reste dans sa disposition première. Un peu comme si Jésus n'avait rien dit dans l'intervalle.
🔘 Jean 6.28-30 : Ils lui dirent : Que devons-nous faire, pour faire les œuvres de Dieu ? 29 Jésus leur répondit : L'œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. 30 Quel miracle fais-tu donc, lui dirent-ils, afin que nous le voyions, et que nous croyions en toi ? Que fais-tu ?
Ils sont toujours ancrés dans la chair. Leur but est de savoir quoi FAIRE pour FAIRE (Que devons-nous faire, pour faire). C'est à ce moment que Jésus résume tout en une phrase qui n'est toujours pas prise en compte 2000 ans plus tard : L'œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. Ce qui est un pluriel pour la foule est un singulier pour Jésus. L'œuvre de Dieu c'est une seule chose et non plusieurs. Cette affirmation sera encore et encore détournée pour tout justifier. Nous la supprimons souvent pour affirmer celle qui suit, qui consiste à faire ce qu'il nous dit. Pourtant ça n'est pas du tout ce que Jésus nous dit. L'œuvre de Dieu c'est de croire en Jésus, le reste ne sera qu'une conséquence.
c) La réalité du cœur.
Mais une fois qu'il dit cela, la foule se découvre et en conclut qu'elle veut voir un miracle pour croire en lui. Les personnes présentes ne sont pas uniquement celles qui se trouvaient avec Jésus lors de la multiplication des pains. D'autres barques étaient arrivées de Tibériade alors que Jésus avait quitté le lieu (Jean 6.23) et les nouveaux arrivant ont forcément été confrontés à l'excitation de la foule qui venait d'assister à la multiplication, peut-être même ont-ils vu, interloqués, les quantités de pains restantes. Or si c'est déjà quelque chose de miraculeux pour nos esprits, il faut bien imaginer ce que cela représentait pour les Hébreux, enseignés en boucle sur la manne que leurs ancêtres avaient mangée durant 40 années.
Ce sont donc ces personnes qui forment la foule qui va rejoindre Jésus, et cela explique pourquoi la foule lui demande un miracle, et qu'elle parle spécifiquement de la manne. C'est une réaction à ce qu'une partie entend de leurs frères, mais à quoi ils n'ont pas assisté.
🔘 Jean 6.30-34 : Quel miracle fais-tu donc, lui dirent-ils, afin que nous le voyions, et que nous croyions en toi ? Que fais-tu ? 31 Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit: Il leur donna le pain du ciel à manger. 32 Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel, mais mon Père vous donne le vrai pain du ciel ; 33 car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. 34 Ils lui dirent: Seigneur, donne-nous toujours ce pain.
Le passage qui terminera le chapitre 6 de l'évangile selon Jean est celui où Jésus parlera de sa chair comme d'une nourriture et de son sang comme d'un breuvage. C'est probablement son discours le plus perturbant pour les juifs et plusieurs le quitteront suite à cela. Mais avant qu'il ne le commence, il avait déjà mis en place les éléments de ce qu'il allait dire.
La fin du verset 32 nous annonce que le Père donne le vrai pain du ciel, et le verset 33 nous dit que c'est une personne, en l'occurrence, Jésus. Ce qui nous montre que personne ne comprenait ce qu'il disait puisque leur réponse est de demander ce pain et qu'ils ne réalisaient donc pas qu'il venait de dire qu'il l'était. Une fois de plus, cela vient de la différence entre la réponse qu'on attend et la réponse qu'on reçoit. Si la réponse qu'on reçoit n'est pas alignée avec la réponse qu'on attend, alors on ne réalise pas que c'est la réponse. C'est le problème de nombre de prières que l'on pense être restées sans réponses.
d) Les recentrages de Jésus.
Devant le fossé qu'il y a entre ce que Jésus dit et ce que la foule est en mesure d'écouter, Jésus va recentrer les choses.
🔘 Jean 6.33-40 : car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. 34 Ils lui dirent: Seigneur, donne-nous toujours ce pain. 35 Jésus leur dit: Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais soif. 36 Mais, je vous l'ai dit, vous m'avez vu, et vous ne croyez point. 37 Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi ; 38 car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. 39 Or, la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. 40 La volonté de mon Père, c'est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour.
On est parti d'une multiplication de pains et on arrive à l'annonce de la résurrection des croyants, et pourtant, Jésus n'a jamais réellement changé de sujet. Si la foule a suivi Jésus, ça n'est pas spirituellement, mais uniquement physiquement. Pourtant la notion de nourriture, et spécifiquement du pain, est ancienne. Sachant que Jésus est la vie (Jean 14.6a : Jésus lui dit: Je suis le chemin, la vérité, et la vie ...), comment ne pas voir l'arbre de la vie comme une représentation de Jésus ? D'autant que le prophète Jérémie plaçait le pain comme étant le fruit de l'arbre (Jérémie 11.19b : ... Détruisons l'arbre avec son fruit (Lechem = pain) ! ...*).
(* Jérémie 11.19 : J'étais comme un agneau familier qu'on mène à la boucherie, et j'ignorais les mauvais desseins qu'ils méditaient contre moi : Détruisons l'arbre avec son fruit! Retranchons-le de la terre des vivants, et qu'on ne se souvienne plus de son nom !).
Dieu avait mis l'arbre de la vie dans le jardin et Adam devait s'en nourrir, de la même manière qu'il a mis Jésus dans ce monde et que nous devons nous en nourrir. Jésus leur en a parlé, expliquant qu'il était le pain du ciel, mais ils ne parvenaient pas à faire le saut du charnel au spirituel. La foule reste attachée au pain et non à celui qui le fournit, que ce soit Dieu dans le jardin, ou l'arbre dans la citation de Jérémie. C'est pour cela que Jésus redirige l'attention vers le Père, qui est l'origine de toute chose.
e) La signification de son affirmation.
Jésus vient de multiplier les pains, suite à quoi il s'en va. Des juifs rejoignent ceux qui ont assisté au miracle et tout ce beau monde décide de rejoindre Jésus. Il lui est alors demandé de faire un miracle, mais comme une provocation. Ce sont ceux à qui on a dit que Jésus venait de multiplier les pains qui l'interpellent en lui disant : Quel miracle fais-tu donc, lui dirent-ils, afin que nous le voyions, et que nous croyions en toi ? Que fais-tu ? Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : Il leur donna le pain du ciel à manger (Jean 6.30-31). Ils mettent donc Jésus en opposition avec Moïse et ne sont pas dans l'optique de réaliser que Moïse parle de Jésus mais dans celle où Jésus doit faire un effort pour qu'ils acceptent de croire en lui. Ceux qui reconnaîtraient Jésus s'ils croyaient en Moïse, utilisent Moïse, en qui ils ne croient pas, pour confondre Jésus.
C'est à ces personnes que Jésus fait l'affirmation concernant la raison pour laquelle il n'est pas venu :
🔘 Jean 6.38 : car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé..
Ce verset ne dit pas que la volonté de Jésus est différente de celle du Père, mais que ce que Jésus en pense n'a pas de valeur à ses propres yeux. Ce qui compte c'est ce que le Père veut. Dans certains cas leurs volontés seront les mêmes, mais pas forcément toujours, alors ce qui compte à ses yeux, ça n'est pas ce qu'il veut, mais que le Père le veuille. Ce qui nous est confirmé dans sa prière de Gethsémané où il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux (Marc 14.36).
Dans cette première affirmation de ce que Jésus n'est pas venu faire, il faut donc voir un double sens. Il dit autant qu'il n'est pas venu faire sa propre volonté qu'il est en train de dire qu'il n'est pas venu faire la leur et donc la nôtre. Ce message est d'une importance capitale dans notre époque où l'on entend en permanence des personnes prier pour que Dieu bénisse leurs décisions et leurs propres actions. On oublie trop souvent que si les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres, nos façons de faire ne sont pas les siennes (Esaïe 55.8 : Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, Dit l'Éternel). Jésus avait une volonté propre, mais ne s'attachait qu'à celle du Père. Les interlocuteurs de Jésus demandaient un miracle pour croire en lui, et les choses n'ont pas changé. Si on est réaliste, c'est même toujours exactement ce qui arrive de nos jours. Combien de fois a-t-on entendu des incroyants dire "si Dieu existe, alors pourquoi il permet telle chose", et ça n'est rien d'autre que le fait de dire : "qu'il prouve son existence en faisant quelque chose contre ce qui nous choque", c'est donc une fois de plus une demande égoïste. Et combien de fois des croyants font ce qu'ils veulent et demandent ensuite la prière pour que ça marche, et soudainement, lorsque cela ne marche pas, alors c'est la faute de Dieu parce qu'il aurait une supposée obligation de les bénir. Ceux qui demandent un miracle pour croire aujourd'hui ne croiront pas pour autant, ils en demanderont simplement un autre demain. Et ceux qui demandent à ce que Dieu bénissent leurs œuvres oublient par trop souvent de faire celle de Dieu.
Jésus est venu mourir et ressusciter parce que c'était la volonté du Père. Il n'y a pas eu de limite à son obéissance, et le tentateur essayera toujours, que ce soit avec Jésus en son temps, ou avec nous, de nous convaincre que notre volonté est interchangeable avec celle de Dieu. Oui, le Saint-Esprit nous renouvelle, mais cela ne signifie pas pour autant que soudainement nos pensées soient celles de Dieu. La Parole reste la vérité, et Jésus en est une fois de plus la preuve. Même lui aurait préféré une autre solution que les souffrances qu'il allait endurer sur la croix.
Jésus n'est venu que pour faire la volonté du Père, pas pour faire la sienne. Aussi, si Jésus est un exemple que nous devons suivre c'est également la volonté du Père que nous devons rechercher et faire et certainement pas la nôtre. Et les fois où nos volontés concordent alors il est important de se rappeler que nous faisons l'œuvre de Dieu et non la nôtre.
f) Versets intéressants non utilisés.
Jean 4.34 : Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé, et d'accomplir son œuvre.
Jean 5.30 : Je ne puis rien faire de moi-même: selon que j'entends, je juge; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé.
Jean 9.31 : Nous savons que Dieu n'exauce point les pécheurs ; mais, si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, c'est celui là qu'il l'exauce.
Jean 14.10 : Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; et le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les oeuvres.
Marc 14.36 : Il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.
Matthieu 7.21 : Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.
Matthieu 12.49-50 : Puis, étendant la main sur ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères. 50 Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma soeur, et ma mère.
Matthieu 26.39-42 (Gethsémané) : Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta sur sa face, et pria ainsi : Mon Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. 40 Et il vint vers les disciples, qu'il trouva endormis, et il dit à Pierre : Vous n'avez donc pu veiller une heure avec moi ! 41 Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation ; l'esprit est bien disposé, mais la chair est faible. 42 Il s'éloigna une seconde fois, et pria ainsi : Mon Père, s'il n'est pas possible que cette coupe s'éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite !
Matthieu 26.53-54 : Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l'instant plus de douze légions d'anges ? 54 Comment donc s'accompliraient les Écritures, d'après lesquelles il doit en être ainsi ?
3 - ... juger le monde.
a) Jésus ne juge personne.
La deuxième chose que Jésus n'est pas venu faire, c'est juger le monde. On trouve cette affirmation dans la version de l'évangile transmise par Jean.
🔘 Jean 3.16-19 : Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. 17 Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu'il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. 18 Celui qui croit en lui n'est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. 19 Et ce jugement c'est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Bien qu'il y ait d'autres passages amenant la même évidence, il se trouve que celui-ci est particulièrement intéressant. Ce qu'il met en avant est évidemment le fait que Jésus ne soit pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver. Par contre, ce qu'on note moins souvent, c'est qu'il continue en affirmant que cela n'enlève en rien la présence d'un jugement qui est rattaché à sa venue.
Le verset 16 nous fait l'affirmation très connue concernant le don de Jésus et la raison qui le sous tendait. Le verset 17 le clarifie en affirmant que la raison de la venue de Jésus était le salut du monde et non sons jugement. Cependant, devant l'évidence que ces propos seraient détournés, une précision est faite. Oui ! Jésus n'est pas venu juger le monde, mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de jugement directement rattaché à sa venue. Cela ne fait que dire que Jésus ne juge pas. A partir du monde où il n'y a que l'obscurité, alors il n'y a pas de choix à faire. Par contre si on ajoute la lumière, il y a soudainement une alternative, et si la lumière ne vous juge pas, vous n'en restez pas moins en face d'un choix.
C'est ce que nous montrent les versets 18 et 19 qui, s'ils sont généralement exclus des différentes citations de Jean 3.16, n'en restent pas moins fondamentaux quand on en vient à essayer de comprendre ce qu'il signifie réellement. Ils le sont parce qu'après nous avoir dit que Jésus est venu nous sauver, et non nous juger, il nous pose l'évidence que toute action a une conséquence. Dans le cas présent, l'action c'est la venue de Jésus, qui, bien que ne nous jugeant pas, met sur la table une offre par le simple fait de sa présence. Un peu comme un train qui entre dans une gare, qui y reste un instant et repart avec ceux qui sont montés à bord. Le train ne juge personne, c'est chacun individuellement qui décide s'il veut monter dedans ou non. Cela met en avant que nous étions tous condamnés, et que, bien que sa venue ne nous sauve pas, nous avons désormais la possibilité de l'être. Ca n'est donc pas Jésus qui décide qui est sauvé et qui ne l'est pas, c'est chacun qui a la possibilité de monter dans le train ou de rester sur le quai.
La manière utilisée par Jean pour l'expliquer est simplement que ceux qui ne voulaient pas abandonner leurs pratiques ont préféré rester loin de Dieu parce qu'ils savaient qu'elles allaient être révélées. Ils ont préféré le confort temporaire des ténèbres et ont, ce faisant, prononcé leur propre jugement. Ce que chacun est appelé à faire. C'est la conséquence de la venue de Jésus. Oui, il ne nous juge pas, mais par contre, en le refusant, nous nous jugeons nous-même.
b) La Parole nous juge, mais pas celui qui l'a prononcée.
Ceux qui veulent que Dieu leur fasse justice demandent en réalité un jugement, et cela n'arrivera pas de la part de Dieu, qui est là pour sauver.
Je suis revenu sur le sujet de la chronologie du jugement à de nombreux endroits sur le site. Je vais donc uniquement le résumer très succinctement. Le jugement ne peut exister au ciel puisqu'il consiste à faire un tri et au ciel règne la justice, qui n'est pas la mise en pratique d'un tri, mais la volonté de Dieu. Le jugement a donc été remis au Fils qui allait sur terre, parce que le jugement est fait pour le terrestre. Jésus n'étant pas là pour juger, mais pour sauver, ne garde pas le jugement en lui et le transmet à son tour. Il le transmet à sa Parole qui, elle, nous jugera à la fin des temps. Cela signifie que notre conformité à ce qui est écrit sera l'élément fondamental de notre salut. Et pour ceux qui détournent la chose en affirmant que c'est Jésus qui est l'élément fondamental de notre salut, il faut se rappeler que Jésus est la Parole faite chair. Ce qui ne signifie pas seulement qu'il est devenu humain, mais surtout, et donc en premier lieu, qu'il est l'accomplissement de la Parole de Dieu. Il est ce qui a été annoncé. Il est la chose dite. Il est la Parole de Dieu.
C'est pour cela que ça n'est pas sa Parole qui est notre juge, puisqu'il est la Parole et que cela impliquerait qu'il est notre juge. Ce qui invaliderait cette même Parole qui nous dit que Jésus ne nous juge pas. En réalité, le texte nous dit donc non pas que c'est la Parole qui nous juge, mais plus spécifiquement : Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a son juge ; la parole que j'ai annoncée, c'est elle qui le jugera au dernier jour (Jean 12.48). Ca n'est donc pas une décision de Jésus, mais une conformité avec ce qu'il a dit qui sera notre juge. C'est un jugement mécanique qui ne fait état d'aucun favoritisme. C'est, selon Jésus : la parole que j'ai annoncée, qui sera notre juge, et pas Jésus lui-même. Un peu comme la situation que nous avons dans le chapitre 6 du livre de Daniel, où le roi Nebucadnetsar, prononce une loi et Daniel se voit condamner par cette loi alors même que Nebucadnetsar ne lui voulait aucun mal (Daniel 6.14 : Le roi fut très affligé quand il entendit cela ; il prit à cœur de délivrer Daniel, et jusqu'au coucher du soleil il s'efforça de le sauver). De la même manière, Jésus a prononcé une loi, et bien qu'il souhaite que tous les hommes soient sauvés et qu'il continue d'œuvrer à cela, il ne peut annuler la loi.
c) Le corollaire.
Il existe un corollaire à cette affirmation concernant le fait que Jésus ne soit pas venu juger le monde. Comme dans tous les cas où il nous est précisé une des raisons pour lesquelles Jésus n'est pas venu, le but est de pointer du doigt une incompréhension des hommes concernant leurs attentes. Or, on constate souvent cette tendance à demander à Dieu de prendre parti dans un différend qui nous concerne. Cela revient à demander à lui demander de juger, alors qu'il a clairement précisé qu'il avait remis le jugement dans les mains de la Parole qu'il a prononcée.
Ce problème vient de deux choses. Tout d'abord on confond la justice et le jugement. Si on demande le deuxième, c'est généralement parce qu'on n'a pas compris la signification du premier. Le jugement consiste en une catégorisation de deux parties (une bonne et une mauvaise), alors que la justice consiste en une élévation d'une seule. C'est pour cela que Dieu nous justifie mais ne nous juge pas. Nous interprétons mal ce que nous lisons parce que nous ne nous reposons pas sur une vue d'ensemble. Un bon exemple se trouve dans l'évangile selon Jean alors qu'il nous est transmis ce qui suit : Je ne puis rien faire de moi-même : selon que j'entends, je juge ; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé (Jean 5.30). Dans ce verset, Jésus nous dit qu'il juge, mais en réalité, ce qui est concrètement écrit, c'est tout d'abord qu'il juge selon ce qu'il entend. Il parle ici non pas de ce qu'il entend des hommes et donc éventuellement des parties concernées, mais de ce qu'il entend du Père. Donc il évalue une situation non pas en prenant tous les éléments qui sont charnellement à sa disposition, mais il le fait en transmettant ce que le Père a dit. Cette façon de faire a pour conséquence la suite de ce qu'il dit : et mon jugement est juste. Ce qui signifie que ce qu'il prononce est rattaché à la justice. Son jugement est en réalité l'expression de la justice de Dieu, parce que, poursuit-il, son but est la volonté de celui qui l'a envoyé. Donc bien qu'il soit fait mention de jugement, dans la réalité, il ne fait que parler de justice. Pour essayer de schématiser, imaginons deux personnes en conflit qui viendraient demander à une autorité supérieure de trancher entre elles. Si cette autorité établit que l'une a raison et l'autre tort, alors elle vient de prononcer un jugement. Par contre, si elle dit de l'une qu'elle était dans son bon droit, alors elle la justifie mais ne prononce pas de jugement, parce qu'elle ne s'occupe pas de l'autre. C'est la différence entre le jugement et la justice. La justice s'occupe de ce qui est en accord avec la volonté de Dieu, mais ne prend pas égard à ce qui ne l'est pas. Le jugement classifie les deux parties.
Or, lorsque nous demandons à Dieu, dans nos prières par exemple, de prendre parti dans ce qui nous arrive, dans de très nombreux cas, nous appelons un jugement sur l'autre. Soyons francs, nous l'appelons rarement sur nous-même. Mais Jésus a été clair, il n'est pas venu pour juger, mais pour sauver. Celui sur qui nous appelons un jugement, que nous le fassions consciemment ou non, est très précisément une personne pour laquelle Jésus est venu, s'est sacrifié et à été ressuscité. Il nous a dit clairement qu'il n'est pas venu pour ça, et il ne le fera pas. C'est pour cela que Jésus est notre avocat (1 Jean 2.1) et non notre juge.
Cette notion de justice et de jugement est essentiellement difficile à comprendre parce que sa signification même dans la Parole varie en fonction de l'époque dont le texte parle. Si la justice représente toujours la même chose, le jugement par contre change en fonction du moment. Non pas comme une girouette, parce qu'il y a une logique, mais les affirmations le concernant dans l'ancienne alliance sont à comprendre à travers l'éclaircissement de la grâce révélée dans la nouvelle, et sa signification se module une fois de plus lorsque l'on parle spécifiquement de la période de la fin des temps et donc précisément de la période des jugements. Lorsqu'on ajoute à cela que le jugement concernant les hommes et concernant les choses ne suit pas les mêmes règles, il devenait presque inévitable de s'emmêler les pinceaux dans une doctrine qui n'est somme toutes pas si difficile à comprendre. Par ailleurs, même dans la langue française, le terme "jugement" est ambigu puisqu'il peut prendre le sens de "condamnation", qui n'est pas nécessairement porté par les affirmations de la Parole de Dieu.
Nous devons porter un jugement permanent sur ce qui nous entoure, ne serait-ce que pour savoir si c'est conforme à la volonté de Dieu. Ce jugement doit donc se faire selon la justice (Jean 7.24 : Ne jugez pas selon l'apparence, mais jugez selon la justice), donc selon la volonté de Dieu et non selon la nôtre. Il reste cependant obligatoire et nécessaire à notre sécurité. Cela fait que ce jugement, qui doit se faire selon la justice de Dieu, ne peut être pour stigmatiser l'autre, mais uniquement pour nous protéger nous. Par exemple, ne pas accepter de côtoyer certaines personnes ne doit pas relever d'un rejet de ces personnes, mais d'une volonté de ne pas nous laisser influencer par leurs comportements. C'est donc en raison de nos faiblesses (Matthieu 26.41 : l'esprit est bien disposé, mais la chair est faible) que nous devons juger l'autre. Non pas pour le condamner, mais pour nous protéger de son influence. Tout comme nous ferions bien plus attention à un couteau aiguisé que nous ne le ferions avec un couteau émoussé.
Malheureusement, cette incompréhension de la notion de jugement porte de nombreux croyants à l'appeler sur d'autres ne comprenant pas qu'ils pointent du doigt des personnes que le Seigneur aime et pour lesquelles il s'est tout autant sacrifié qu'il l'a fait pour chacun d'entre nous. C'est l'équivalent de la colère de Jonas, qui ne réalisait pas la volonté de Dieu de sauver Ninive et qui condamnait cette ville dans son coeur. Il jugeait cette ville, alors que Dieu voulait la sauver.
Nous faisons de même, ne réalisant pas qu'il y a une différence entre appeler un jugement sur l'autre et demander à Dieu de nous justifier. Nous pensons à tort, souvent parce que la société nous a formaté ainsi, que la condamnation de la partie adverse est une condition sine qua non à notre justification. Mais c'est devant Dieu que nous devons être juste, pas devant les hommes.
d) Conclusion.
Dans cette affirmation mettant en avant le fait que Jésus ne soit pas venu juger le monde se trouve un rappel à l'ordre. Ca n'est pas une simple précision, mais la remise en avant de ce que cela ne sert à rien de le demander. Rien ne pourra empêcher ce qui doit être d'arriver. Le livre de l'Apocalypse précise les choses, et personne ne pourra rien y changer, parce que Jésus n'a fait qu'y faire écrire ce qui est déjà arrivé et non ce qui pourrait potentiellement advenir. Etant inscrit dans le temps, les évènements qui ont mené à ce que chacune des choses qui nous sont dites arrive, ne sont pas encore accomplis lorsqu'on les regarde sous notre angle, mais sous l'angle de Dieu, qui vit hors du temps, ces évènements sont déjà arrivés et leurs descriptions est celle de ce qui s'est passé et auquel nous assistons petit à petit.
Dans l'intervalle, nous ne devons pas appeler de jugement sur qui que ce soit, parce que si nous n'entrons pas en jugement, le jugement de ceux qui rejettent Dieu est déjà prononcé, par la Parole de Dieu.
Bien que le livre de l'Apocalypse nous annonce ce qui sera, nous devons nous attacher à ce qui est. Et dans les moments que nous traversons, Jésus ne juge personne, au contraire, il veut sauver tout le monde. Ce qui inclut toutes les personnes qui nous veulent ou nous font du mal. Les horreurs dont nous entendons parler aux informations poussent bien des croyants à demander un jugement sur ceux qui les commettent, en oubliant que le Seigneur est également venu les sauver. Combien passent plus de temps à demander ce jugement qu'à prier pour les victimes ? Il est évident que ça n'est pas facile, mais Jésus ne nous a jamais dit que ça le serait.
Demander un jugement, c'est dire à Dieu quoi faire. Nous pouvons lui présenter la situation, et il agira selon sa volonté. Si nous demandons un jugement, c'est que nous en avons déjà prononcé un, et alors nous demandons à Dieu d'agir selon notre volonté. Mais Dieu n'est le larbin de personne. Il y aura au ciel des personnes qui ont fait beaucoup de mal durant leur passage sur terre, mais qui se seront repentis, et il y aura dans la géhenne des personnes qui ont fait beaucoup de bien, parce que le salut ne procède pas du bien et du mal, mais uniquement de la justice de Dieu, et celui qui se mettra en règle avec le Seigneur, celui-là sera sauvé.
4 - ... apporter la paix.
La notion de paix est particulière. Comme beaucoup de notions, elle a une finalité différente en fonction de la personne qu'elle désigne ou qui la vit. Bien que la distinction soit simple, il convient cependant de mettre cette notion en avant en raison de ses implications dans le monde qui est le nôtre. En outre, c'est bel et bien spécifiquement une des choses que Jésus n'est pas venu faire, ou, plus précisément dans le cas qui nous occupe, apporter.
🔘 Matthieu 10.32-35 : C'est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux ; 33 mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux. 34 Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée. 35 Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère ; 36 et l'homme aura pour ennemis les gens de sa maison.
Pourtant, dans l'évangile selon Jean, une déclaration semble être en contradiction avec celle-ci. Il nous y est dit peu avant que Jésus ne retourne au ciel : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s'alarme point (Jean 14.27). Le problème ne vient pas d'une chronologie qui placerait la possibilité de paix après la crucifixion alors qu'elle aurait été impossible avant. Il se trouve très simplement que Jésus ne parle pas de la même chose.
Il en va de même lorsque l'on parle de l'amour, il ne s'agit pas de la même chose selon que ce soit un croyant ou un incroyant qui en parle. Même Jésus ne fait pas exception. Selon que ce soit un croyant ou un incroyant qui en parle, il ne s'agit pas de la même personne.
Il n'y a pas beaucoup de notions nouvelles dans la Parole de Dieu. Il y a surtout une façon renouvelée de regarder des choses que nous avons simplement mal cernées. Ca n'est pas que le monde ait tort dans sa façon de voir, c'est que nous ne sommes pas de ce monde. Si à sa première venue Jésus est venu sauver les perdus, à sa seconde, il ne fait que chercher ceux qui lui appartiennent. Il y a une différence entre le monde et les enfants de Dieu, et c'est cette différence, difficile à cerner dans bon nombre d'assemblées, qui pousse à persécuter et à haïr ceux qui appartiennent à Dieu.
Parmi ces définitions différentes des mêmes mots ou notions, se trouve évidemment celle de la paix, que Jésus n'est pas venu apporter, mais qu'il nous donne. Cela rejoint ce que je disais sur le jugement. Jésus n'est pas venu juger le monde, mais sa simple présence a poussé le monde à se juger lui-même. Il a vu la lumière et a choisi les ténèbres. Lorsque Jésus est venu dans le monde, il a provoqué la naissance d'un choix, ce même choix qui nous est donné dans le livre du Deutéronome : J'en prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité (Deutéronome 30.19). Je ne vais pas détailler ici ce verset, mais il faut noter qu'il parle d'avoir mis : "la vie et la mort", qu'il renomme ensuite par : "la bénédiction et la malédiction", devant nous. Par contre, il va donner la conséquence d'un choix et non de l'autre. La raison est exactement la même que celle qui nous rend détenteurs de la paix de Dieu alors que le monde est dans le trouble. Les personnes à qui l'Eternel s'adressait dans le livre du Deutéronome étaient déjà sur le chemin de la mort et de la malédiction. Ce que l'Eternel offrait, c'était une alternative, un nouveau chemin.
Avec la paix il fait exactement la même chose. Il est venu dans un monde troublé et perdu pour apporter ce que personne ne parvenait à trouver par ses propres moyens. Il est venu apporter une alternative, un nouveau chemin, lui-même.
Lors de sa venue, Israël attendait un messie qui apporterait la paix à leur nation. Pas la paix de l'âme, mais la cessation des problèmes relationnels que ce peuple entretenait depuis toujours avec son entourage. La prophétie de Daniel 9* pointait la venue de ce Messie avant l'an 70. Tout le monde attendait, autant la venue d'Elie, qui devait précéder le Messie que celle du Messie lui-même. Jésus arrive dans cette période d'attente ardente de tous. Cela ne signifie pas que les juifs étaient dans le droit chemin, mais simplement qu'ils attendaient la venue d'un Messie qu'ils ne comprenaient pas. De nos jours certains attendent la venue des extraterrestres avec énormément de foi, mais ça ne les fera pas venir pour autant. Par contre ça les aidera à prendre des vessies pour des lanternes. Pour les juifs d'alors, tout comme pour les juifs d'aujourd'hui, leurs attentes n'étaient pas conformes à ce que dit la Parole de Dieu. Ils attendaient donc bien un Messie, mais qui ne correspondait pas à la réalité. Tant et si bien que lorsque le vrai Messie est arrivé, sa différence d'avec leurs attentes l'a fait passer pour un imposteur.
Lorsqu'il leur dit qu'il n'est pas venu apporter la paix, il parle donc de leurs attentes, et souvent de celles des croyants, persuadés que tout ira bien maintenant qu'ils sont convertis. Croyance totalement opposée à la réalité de ce qui est écrit et qui pour partie est issue d'une évangélisation basée sur le mensonge plutôt que sur la vérité. La précision qu'il fait est nécessaire, parce qu'il est précisément venu pour rétablir le lien entre les hommes et le Père. Il est donc venu pour établir la paix entre les hommes et Dieu. Ce qui rendait primordial de préciser que la vision des juifs de la paix n'était pas celle de Dieu.
Dès lors qu'on comprend pourquoi il parle de ne pas être venu apporter la paix, on note qu'il affirme même que c'est exactement l'inverse qui sera la conséquence de sa venue. La mise en avant de l'épée comme conséquence de sa venue répond à la logique que je mettais en avant avec le passage du Deutéronome. Le peuple demande une paix charnelle, alors que Jésus est venu apporter une paix spirituelle. Une nouvelle voie existant alors, la division devient obligatoire. Cette paix fera que ceux qui la recevront seront haït par ceux qui ne l'auront pas. C'est de cette division qu'il nous parle. La poser, cependant, dans un contexte où l'église aurait la paix et ceux qui n'en sont pas ne l'auraient pas, est cependant trompeur. Dans l'église, beaucoup ne l'ont pas, souvent parce qu'ils n'y ont simplement pas leur place.
Je finirai en pointant le verset de l'évangile de Jean que je citais : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s'alarme point (Jean 14.27). Ce verset, dont on se rappelle plus volontiers le commencement que la fin est plus qu'on ne l'imagine un complément au passage de l'évangile de Matthieu qui motive cette courte explication. Ce qu'il nous dit ici c'est que le monde aussi donne la paix, mais qu'il ne donne pas la même chose. Et il complète son affirmation en disant à ceux à qui il a donné sa paix de ne pas s'alarmer, et de ne pas laisser leur cœur se troubler. Etrange pour des personnes qui ont reçu sa paix. C'est simplement parce qu'il parle d'un monde troublé qui essaye de happer les croyants dans ses mensonges par les différentes séductions dont il est coupable et qui nous sont pour partie citées dans Matthieu 24.
La paix du croyant est à l'intérieur et lui donne le repos dans la tempête. C'est pour cela que les disciples étaient en panique dans la tempête alors que Jésus dormait. Ils n'avaient pas encore reçu la paix de Dieu. Le monde nous promet la paix extérieure si nous rejetons Jésus, donc si nous rejetons la paix intérieure. Tant qu'il existera sur terre une seule personne qui a la paix de Dieu en lui, alors il n'y aura pas de paix possible parce qu'ils lui feront la guerre. Jésus n'est pas venu apporter la paix à un monde troublé, il est venu apporter la paix pour traverser un monde troublé. Malheureusement, beaucoup pensent qu'une fois convertis, leurs problèmes vont cesser, alors que toute la Parole de Dieu nous prévient de l'inverse. Cela va encore plus loin lorsqu'ils finissent par croire ceux qui semblent vivre cette paix extérieure, parce qu'elle est le reflet de ce qu'ils recherchaient. Ils finissent donc par s'assembler entre victimes consentantes d'un terrible mensonge. Jésus nous le disait, s'ils m'ont haï, ils vous haïront, s'ils m'ont persécuté ils vous persécuteront. Je vous ai dis ces choses afin que lorsqu'elles arriveront vous croyiez. Il n'est pas venu nous apporter la paix avec le monde, au contraire, il est venu nous annoncer la guerre et nous a donné la paix nécessaire pour traverser ces évènements.
* 🔘 Daniel 9.24-25 : Soixante-dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour faire cesser les transgressions et mettre fin aux péchés, pour expier l'iniquité et amener la justice éternelle, pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le Saint des saints. 25 Sache-le donc, et comprends! Depuis le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera rebâtie jusqu'à l'Oint, au Conducteur, il y a sept semaines et soixante-deux semaines, les places et les fossés seront rétablis, mais en des temps fâcheux.
5 - ... abolir la loi.
C'est probablement la chose que Jésus n'est pas venu faire la plus connue. Il n'est pas venu abolir la loi ou les prophètes.
🔘 Matthieu 5.17-22 : Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. 18 Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé. 19 Celui donc qui supprimera l'un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. 20 Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux. 21 Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point; celui qui tuera mérite d'être puni par les juges. 22 Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d'être puni par les juges ; que celui qui dira à son frère : Raca! mérite d'être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : Insensé ! mérite d'être puni par le feu de la géhenne.
Si ce passage le dit clairement, il précise également que tous ceux qui opteraient pour l'abolition au-dessus de l'accomplissement seront considérés comme faisant partie des plus petits aux yeux du royaume des cieux. Bien que l'on pourrait penser que cette affirmation prononcerait un salut différencié mais tout de même acquis pour les deux types de personnes, il est bien plus probable que cela ne parle pas du tout de cela. Ne serait ce que parce que le royaume des cieux est parmi nous (Luc 17.20-21*), et il a toujours été préparé pour nous (Matthieu 25.34*). Ce qui floute la compréhension c'est le fait que personne ne soit nommé. Ainsi, on nous parle de ceux qui enseignent les commandements qui se trouvent dans la loi et les prophètes, en nous précisant qu'ils seront appelés de telle ou telle manière, en fonction de la manière dont ils les auront enseignés. Par contre, ce qu'on ne nous dit pas, c'est qui les appellera comme ça. On sait où ils seront appelés de la sorte, mais c'est bien la seule information qui soit présente. On pourrait se borner à imaginer que cela parle des anges, mais le royaume étant préparé pour nous et non pour eux, cela semble contradictoire. De plus cela mettrait en avant la possibilité de salut même en essayant de détourner les croyants, ce qui paraît peu cohérent. Dans la réalité, il parle ici de l'église, évidemment pas en tant que bâtisse, puisqu'elle ne représente jamais Dieu, mais en tant que personne spirituelle. Il nous parle donc en réalité de la séparation qui se fait entre ceux qui prônent l'abolition et ceux qui prônent l'accomplissement. C'est le même thème que dans son affirmation présente dans le livre du prophète Malachie : Et vous verrez de nouveau la différence Entre le juste et le méchant, Entre celui qui sert Dieu Et celui qui ne le sert pas (Malachie 3.18). Verset qui ne pose pas la différence entre le monde et les croyants, mais entre les vrais et les faux croyants dans l'église.
Pour poser courtement la différence entre l'abolition et l'accomplissement, elle se situe assez schématiquement dans l'impossibilité de tourner la page. Le ver devient un papillon, mais il ne peut s'exonérer du ver qu'il a été. Il est devenu autre chose, mais ne le peut sans avoir été un ver et continue de le porter en lui. Le ver n'est pas mort, il s'est transformé. C'est exactement le symbole de l'accomplissement. La loi et les prophètes sont nécessaires au croyant pour lui aussi pouvoir devenir un papillon. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, dans cette image, le croyant né sous la grâce ne commence pas comme un papillon, mais comme un cocon, qui a besoin du ver pour en devenir un.
Celui qui accepte la grâce mais rejette la loi stagnera dans sa transformation, parce que celui qui ne comprend pas pleinement sa faute, ne comprend pas pleinement son pardon.
Cette fois-ci, en nous disant une nouvelle chose qu'il n'est pas venu faire, Jésus pointe à nouveau du doigt l'un des problèmes récurrent de l'humanité. La loi pose problème au croyant pour deux raisons. Comprendre son accomplissement, c'est écouter Dieu et laisser le Saint-Esprit nous révéler le fond des choses. Il se trouve que très peu de croyants le font parce que cela demande un effort, et les rares qui le font n'ont justement aucun problème avec la notion d'accomplissement, qu'ils embrassent pleinement. Pour tous ceux qui la refusent, la compréhension spirituelle de la loi n'est pas possible, ils ne parviennent qu'à en avoir une vision charnelle et se heurtent donc à un problème de taille. Ne faisant donc pas premièrement l'effort de la compréhension spirituelle et ensuite refusant également l'application charnelle qui est impossible à respecter, ils choisissent donc de considérer Jésus comme le point final de la loi et le début de la grâce, oubliant ironiquement que la loi est une grâce en soi. Ils effacent la loi et n'ayant aucun argument tiré de la Parole de Dieu pour justifier leur position, ils parlent fort. Mais si l'on peut mentir aux hommes, on ne peut le faire à Dieu. C'est donc un mensonge d'autant plus stupide qu'il ne changera pas la destination de ceux qui le pratiquent avec autant d'acharnement.
Comme à chaque fois, Jésus précise ce qu'il n'est pas venu faire parce qu'il sait quels seront les détournements qui viendront du croyant paresseux. C'est un avertissement que l'ensemble de l'évangile sous ses quatre formes remet constamment en avant. Les mentions de la loi et des prophètes, que ce soit par citations de livres ou de versets, d'évènements particuliers ou plus généralement, comme textes, sont nombreux. Jésus allant même jusqu'à nous expliquer l'accomplissement des dix commandements dans le discours sur la montagne.
Il a donc mené la loi à la perfection et ce qui en découle ne peut être compris sans le trajet qui y a mené. S'il avait été possible de se contenter de la grâce, la loi n'aurait tout simplement pas eu de raison d'exister.
* 🔘 Luc 17.20-21 : Les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur répondit : Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. 21 On ne dira point : Il est ici, ou : Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous.
* 🔘 Matthieu 25.34 : Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde.
6 - ... appeler des justes.
a) Une vérité à répétition.
Cette affirmation du pourquoi il n'est pas venu est très simple. Il faut garder à l'esprit que ce sont toujours des réponses aux attentes des hommes pour lesquelles Jésus précise que leurs pensées ne sont pas les siennes. Dans le cas qui nous concerne, il parle donc de ne pas être venu appeler des justes. On retrouve cette affirmation dans les trois premières versions de l'évangile.
🔘 Matthieu 9.12-13 : Ce que Jésus ayant entendu, il dit : Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. 13 Allez, et apprenez ce que signifie : Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices. Car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.
🔘 Marc 2.17 : Ce que Jésus ayant entendu, il leur dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.
🔘 Luc 5.31-32 : Jésus, prenant la parole, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. 32 Je ne suis pas venu appeler à la repentance des justes, mais des pécheurs.
Cela semble tout simplement être du bon sens. Il est venu pour que nous puissions être réconciliés avec Dieu. Ce qui établit clairement que nous ne l'étions pas. La chose est simple et ne peut être contesté que volontairement, pas sincèrement.
Cela ne signifie cependant pas que ce soit tout ce qui est a comprendre dans l'affirmation de Jésus. Parce que placer la différence entre ceux pour lesquels il est venu dans le fait de l'avoir accepté ou non est cruellement restrictif. Le penser comme cela reviendrait à nier la possibilité d'une action dans la vie du croyant après sa conversion. En outre, la question de la repentance et de son instant dans la vie du croyant est également importante à comprendre.
Dans son affirmation, il y a deux éléments qui équilibrent la notion du tout. Ainsi, bien qu'il nous dise : "je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs" dans l'évangile selon Matthieu et l'évangile selon Marc, il précise dans celui de Luc le sous-entendu qui était présent dans les deux premiers. Lorsqu'il disait "appeler des justes", il fallait comprendre : "appeler à la repentance des justes". C'est en se basant sur cette précision qu'on pourrait penser qu'il limitait son discours à la conversion. Pourtant, Jésus ne choisit pas des illustrations bancales lorsqu'il veut faire comprendre son point.
Dans le cas présent, l'exemple utilisé est celui de bien portants et de malades, se posant comme le médecin.
Or, on a tendance à croire, à tort, que la repentance se limite a être une porte d'entrée dans le royaume de Dieu. En réalité, elle est le début d'un processus incluant des repentances successives. C'est dans cette optique que doit être compris ce que Jésus dit ici.
b) Le cadre.
Le cadre dans lequel se passe la déclaration de Jésus est évidemment important, mais ça ne le rend pas limitatif. En l'occurrence, il est attablé avec des publicains et des gens de mauvaises vie (Matthieu 9.10-11*). C'est devant la critique des pharisiens concernant le fait d'être attablé avec des personnes de cet acabit, que Jésus prononce les paroles concernant ce qu'il n'est pas venu faire.
Cela fait qu'on peut comprendre pourquoi certains pourraient limiter l'affirmation de Jésus à la conversion. Cependant, comme dans de nombreux cas, cela revient à considérer que Jésus explique le charnel par le spirituel, alors qu'il fait exactement l'inverse. Il ouvre la compréhension d'une vérité spirituelle en s'appuyant sur un exemple charnel permettant de comprendre le principe. Son repas avec des gens de mauvaise vie n'est donc pas l'équivalent d'une vérité spirituelle, mais une manifestation de cette dernière. Ce faisant, ça ne peut pas être une limitation, mais une expression.
Cela signifie que la vérité spirituelle exprimée, c'est-à-dire la notion de bien portant et de malade, se trouve représentée dans la situation présente, mais reste effective dans de nombreuses autres situations. Par exemple, justement, celle des croyants qui ont toujours des choses à régler. La conversion ne règle qu'une question, celle du salut. La route est cependant encore très longue, et jalonnée de nombreux points à traiter qui chacun auront besoin du concours de Dieu, voir de son action exclusive.
Le cadre n'est donc qu'une expression de la vérité annoncée et pas son déterminant exclusif.
* 🔘 Matthieu 9.10-11 : Comme Jésus était à table dans la maison, voici, beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie vinrent se mettre à table avec lui et avec ses disciples. 11 Les pharisiens virent cela, et ils dirent à ses disciples : Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les gens de mauvaise vie ?
c) Le rappel à l'ordre.
Comme à chaque fois, Jésus n'a pas de raison de dire pourquoi il n'est pas venu. Le fonctionnement de Jésus a toujours été d'annoncer la vérité, pas de perdre du temps dans des lapalissades. Dans toutes les occurrences où il annonce ce qu'il n'est pas venu faire, il la fait en suivant son discours par l'affirmation de la raison de sa venue. Les deux affirmations sont toujours antagonistes ; juger/sauver ; abolir/accomplir ; paix/division ; sa volonté/la volonté de Dieu ; et ici bien portant/malade.
Il adresse en réalité les mauvaises conceptions qui peuvent égarer le croyant. Dans le cas présent, il s'agit de croire que la conversion nous exonère de changer sous prétexte qu'elle serait le changement ultime. La grâce ne fait pas de nous des personnes parfaites, elle nous permet d'être sauvé bien que nous ne soyons précisément pas parfaits. Nous restons cependant malades, de bien des maux qui devront être résolus au cours de notre existence. Ce que Jésus met en avant, c'est que tant que nous prétendrons ne pas avoir besoin de lui, il ne pourra rien faire pour nous. La question n'est pas combien d'aide nous pouvons lui fournir pour qu'il résolve nos problèmes, mais si nous aurons l'humilité de reconnaître notre situation et de le laisser nous soigner.
Nous pouvons toujours regarder notre vie et considérer certains de nos problèmes en nous disant que nous les admettons devant Dieu, mais il y en aura toujours que nous ne reconnaissons même pas avoir, souvent parce que nous le réalisons tout simplement pas. Nous tournons les yeux lorsque quelque chose semble indiquer un éventuel problème. Parce que tant que nous serons sur terre, la chair luttera contre l'esprit, et dans ce bras de fer, c'est à notre esprit de s'imposer. Identifier un problème se trouve malencontreusement souvent relié à "devoir le régler". Pourtant, aussi étrange que cela soit, ça n'est pas le cas. Identifier doit être un pas spécifique détaché de tout le reste. Dans l'immense majorité des cas, Dieu pointe un problème non pas pour nous dire de le régler, parce que si nous pouvions le faire, nous n'aurions pas besoin de lui. Il pointe un problème pour nous dire qu'il va le régler. Cependant, entre le moment où il le pointe et le moment où il le règle, il y a une étape incontournable. Celle de l'admission. La reconnaissance de notre incapacité à le faire, et parfois même de l'identifier sans qu'il nous le révèle.
Beaucoup se considèrent parfaits à partir du moment où ils ont accepté Dieu dans leur vie. Jésus nous rappelle ici qu'il s'agit d'une marche. Il est le chemin. David, parlant à l'Eternel, disait : Qui connaît ses égarements ? Pardonne-moi ceux que j'ignore. 14 Préserve aussi ton serviteur des orgueilleux * ; Qu'ils ne dominent point sur moi ! Alors je serai intègre, innocent de grands péchés (Psaumes 19.13-14).
(* Il parle ici des égarements orgueilleux et non des personnes orgueilleuses, le sous entendu n'est pas présent dans quelques traductions, dont la Segond 1910, mais il est présent dans une grande majorité des autres traductions)
Il reconnaissait ses fautes, et reconnaissait qu'il en avait même dont il ignorait l'existence. Ce faisant, Dieu pouvait l'aider à s'en sortir.
Il y a une différence entre comprendre que la grâce nous rend parfaits dans le regard de Dieu, et croire que nous sommes parfaits de nous-même. Jésus nous fait l'affirmation qu'il n'aidera pas ceux qui se disent parfaits, parce qu'en le faisant, ils affirment ne pas en avoir besoin et il n'ira pas contre leur volonté. Il est venu pour des malades, et non des bien portants. Aussi justes que certains peuvent penser être, tant que nous le serons moins que Dieu lui-même, nous aurons besoin de grandir plus dans ce domaine également. Etre juste n'est pas un état permanent, il induit une suite à cette justice qui est de la pratiquer. De la même manière que celui qui est saint doit encore se sanctifier. Un verset résume ces deux affirmations et nous fait comprendre encore mieux la première : ... que le juste pratique encore la justice, et que celui qui est saint se sanctifie encore (Apocalypse 22.11).
C'est ça que Jésus mettait en avant. Nous devons persévérer et comprendre que nous ne serons réellement parfaits que le jour où nous serons enfin au ciel. En attendant, nous sommes charnels, avec toutes les difficultés que cela représente. Nous avons besoin d'admettre nos failles et de les lui confier plutôt que d'affirmer orgueilleusement des choses que nous ne pouvons pas soutenir spirituellement.
7 - ... faire de lui-même.
Dans un premier temps, Jésus avait affirmé qu'il n'était pas venu faire sa volonté. Son affirmation présente y fait suite tout en en étant le complément en ce qu'il affirme cette fois-ci qu'il n'est pas venu faire de lui-même. Les trois passages qui suivent, tous de l'évangile selon Jean, mettent en avant cette façon d'être et de faire qui non seulement dissocie Jésus de l'origine de ses actes, mais également de ses Paroles.
🔘 Jean 5.30 : Je ne puis rien faire de moi-même : selon que j'entends, je juge ; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé.
🔘 Jean 8.28-29 : Jésus donc leur dit: Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle selon ce que le Père m'a enseigné. 29 Celui qui m'a envoyé est avec moi ; il ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.
🔘 Jean 14.10 : Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; et le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les œuvres.
La réalité de ce que nous montre la Parole de Dieu, autant dans l'ancienne que dans la nouvelle alliance , c'est que Jésus n'est pas venu faire sa volonté mais celle de son Père, et que durant tout le temps de sa présence sur terre, il n'aura pris qu'une seule décision, celle d'obéir au Père. En fin de compte, aucune des paroles qu'il a prononcé n'a été de lui, elles venaient toutes du Père, et rien de ce qu'il a accompli ne venait de lui, mais tout venait du Père. L'autorité de Jésus n'était possible que tant qu'il restait dans une position de soumission envers celui qui décide de toute chose.
L'église, qui majoritairement regarde les choses charnellement, essaye de reproduire ce que Jésus faisait en imitant le geste et le verbe. Ils apprennent des formules, comme les magiciens le feraient et prononcent des incantations plus que la Parole qui leur est inspirée.
Ce que Jésus nous montre dans tout ce qu'il est et ce qu'il a dit, c'est que rien ne doit venir de nous. Humain, nous avons besoin de faire le tri et de progresser. Si cela avait été si facile, le Père n'aurait pas sacrifié son fils pour que nous soyons réconciliés avec lui, chacun aurait pu le faire lui-même. Il nous montre à travers la Parole que seule la volonté du Père compte, et si nous ne pensons pas comme lui, c'est parfaitement normal, cela prouve que nous sommes humains. Ses pensées ne sont pas nos pensées (Esaïe 55.8 : Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, Dit l'Éternel). Par contre, cela ne nous dispense pas de chercher sa volonté afin de l'accomplir et non d'attendre son secours pour accomplir la notre. Lorsqu'il nous dit de demander, de chercher ou de frapper à la porte, les croyants ont tendance à le prendre de manière limitative. Ils demandent ce qu'ils veulent, comme des enfants capricieux, cherchent ce qui les arrange. Mais c'est faux, tout le monde a des exemples où il a demandé et il n'a pas reçu, et ainsi de suite. Ce qu'il nous dit réellement c'est que dans le cadre de l'accomplissement de la volonté de Dieu, nous pouvons demander, chercher ou frapper à la porte lorsque nécessaire et il s'ensuivra une conséquence positive.
Aucune Parole et aucun miracle ne venait de Jésus. Il était l'instrument par lequel le Père agissait. Rien ne doit venir de nous. Jean l'avait compris. Il faut qu'il croisse et que je diminue (Jean 3.30). C'est ce que Jésus nous rappelle constamment, mais l'orgueil a la vie dure, et il est ardu de réaliser que les œuvres mortes sont bien plus étendues que ce qu'on imaginait de prime abord.
8 - ... chercher sa gloire.
La dernière chose pour laquelle Jésus n'est pas venu, c'est pour sa propre gloire.
🔘 Jean 8.50 : Je ne cherche point ma gloire ; il en est un qui la cherche et qui juge.
🔘 Jean 5.41 : Je ne tire pas ma gloire des hommes.
Et la raison en est simple. Il n'est pas venu pour lui. Dans son affirmation de Jean 8 il pose les choses clairement. C'est le Père qui est la seule source de la gloire et, aussi étrange que cela puisse sembler, il cherche à nous la donner. Cela peut sembler choquant lorsqu'on ne prend pas en compte un autre passage, qui se trouve également dans l'évangile selon Jean et qui pose la raison pour laquelle il veut le faire.
🔘 Jean 17.1-5 : Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel, et dit : Père, l'heure est venue ! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, 2 selon que tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu'il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. 3 Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. 4 Je t'ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'œuvre que tu m'as donnée à faire. 5 Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût.
Si la raison nous est donnée dès le premier verset, le passage entier est important. Jésus, parlant au Père, lui dit : "Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie". On ne parle pas de chantage, mais de l'ordre dans lequel les choses doivent se passer. Jésus ne peut donner à Dieu que la gloire que Dieu lui donne. Aucune gloire humaine n'a de valeur et ce faisant, elle ne peut être donnée à Dieu. Faire son œuvre, c'est manifester sa gloire, et une fois qu'elle a été manifestée, il nous appartient de la lui rendre.
C'est pour cela que Jésus ne cherchait pas sa gloire, parce qu'il savait que le Père y veillait et que ce qui était pour lui, personne ne pouvait le lui prendre. Il ne cherchait pas son élévation, il ne cherchait pas les podiums, il vivait et accomplissait ce que le Père faisait à travers lui, rendant sans relâche la gloire au Père en toute circonstance. Le verset 4 atteste que c'est bien de faire la volonté de Dieu qui glorifie Dieu, pas de demander à Dieu de faire la nôtre, quand bien même nous nous cachons derrière de pieux mensonges. Ce que nous accomplissons par nous-même produit une gloire humaine qui n'a pas de valeur. Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien, nous disait Jésus dans l'évangile selon Jean (8.54).
L'affirmation de Jésus est un vibrant rappel à l'ordre de tous ceux qui le servent par intérêt. Ceux qui veulent être pasteurs parce que dans le microcosme Chrétien, c'est une position en vue. Ceux qui veulent faire la louange parce que c'est à la mode. Ceux qui prophétisent pour se donner de l'importance. Ceux qui y voient une source d'enrichissement personnel. Jésus n'est pas venu pour sa propre gloire, et c'est bien le problème de bien des personnes, promptes à affirmer être comme Jésus tout en habitant dans 500 mètres carrés lorsque Jésus n'avait pas un endroit ou poser sa tête. Dieu donne sa gloire pour que nous la lui rendions. Celui qui, se posant comme intermédiaire, prend sa commission, vole la gloire de Dieu.
Et Dieu est un Dieu jaloux.
9 - Conclusion, pas de lui-même.
Toutes les fois où Jésus nous parle de ce qu'il n'est pas venu faire, il nous rappelle ce que nous ne devrions pas rechercher. Chaque point contient les détails de ce que Jésus nous dit, mais en les réunissant d'affilée, on cerne mieux le problème. Un regard objectif sur le monde "chrétien" laisse presque sans voix.
1️⃣ ... faire sa volonté.
2️⃣ ... juger le monde.
3️⃣ ... apporter la paix.
4️⃣ ... abolir la loi.
5️⃣ ... appeler des justes.
6️⃣ ... faire de lui-même.
7️⃣ ... chercher sa gloire.
Il est tellement commun d'entendre des croyants chercher ce que Jésus aurait fait dans telle ou telle situation, oubliant de prendre en compte toutes ces choses que justement il n'est pas venu faire. Et s'il n'est pas venu pour cela, ça n'est pas une question de temps, ça n'est pas plus qu'il nous confiait cette tâche. J'ai toujours considéré que ce qui était absent dans les textes pouvait avoir beaucoup d'importance et pouvait agir comme une information en soi. Par exemple, le fait qu'on ne nous parle pas d'îles concernant Gog et Magog dans le livre de l'Apocalypse alors qu'on en parle dans le livre d'Ezéchiel est une information importante. Ce qui est absent peut compter.
De la même manière, ce que Jésus n'est pas venu faire est très important. Lorsque nous faisons une des 7 choses qu'il n'est pas venu faire, alors il n'est pas notre source d'inspiration. Or, ce qui n'est pas de lui ne peut avoir beaucoup d'autres sources possibles.
Il est impératif de se rappeler que nous ne devons faire que ce que Dieu nous dit de faire, et rien d'autre. Le reste, même si ça a l'apparence de la sainteté, ne l'est pas. Et je terminerai sur une vérité qui précède les 7 que je viens de citer. Nous seulement Jésus n'est pas venu faire ces 7 choses, ce qui nous rappelle que nous ne devons pas non plus les faire, mais bien au-delà, il n'est même pas venu de lui-même.
🔘 Jean 7.28 : Et Jésus, enseignant dans le temple, s'écria : Vous me connaissez, et vous savez d'où je suis ! Je ne suis pas venu de moi-même : mais celui qui m'a envoyé est vrai, et vous ne le connaissez pas.
🔘 Jean 8.42 : Jésus leur dit : Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez, car c'est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé.
Aussi, alors qu'il nous rappelle ce que nous ne devons pas faire, il se trouve que même sa venue n'est pas du fait de sa volonté. Et cela agit à nouveau comme un rappel.
C'est Dieu qui appelle à le servir, personne ne se déclare de lui-même. Si la position de serviteur paraît chatoyante, elle ne l'est que dans les yeux de celui qui n'a pas été appelé. L'homme ne peut décider que d'une chose, répondre oui ou non lorsque Dieu l'appelle. Pour le reste, s'il a répondu oui, il s'agira de faire sa volonté, et pas de lui demander d'accomplir la nôtre, à l'image de la prière de Jésus dans le jardin de Gethsémané.