David

(deuxième partie)

la cour du roi Saul



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1 - Résumé des évènements.

a) Avant la cour.

b) Pendant la cour.

c) Ce qu'il faut prendre en compte.

c.1) Guibea.

c.2) La cour est un parenthèse.

2 - Le piège Jonathan.

a) La rencontre.

b) Une affection à sens unique ?

b.1) Exagérée ?

b.2) La raison probable.

c) La vraie nature de Jonathan.

3 - Le quotidien.

4 - La connaissance de l'onction.

5 - Les premières tentatives de meurtres.

a) Tentatives de meurtre impulsives.

b) Le roi en oubli son peuple.

c) Tentatives de meurtre réfléchies.

c.1) Mérab.

c.2) Mical.

d) Le premier bilan.

6 – La fourberie à son paroxysme.

7 - Le théraphim dans le lit de Mical.

a) La colère du roi.

b) Le rôle de Mical.

c) Le théraphim.

8 – La fuite.

1 - Résumé des évènements.


a) Avant la cour.

Dans la première partie, David est passé d'un simple berger à un berger oint, puis, alors que rien ne semblait l'annoncer, à un libérateur d'Israël. Dans la même journée, il s'est levé berger, et il s'est couché héro libérateur. A aucun moment il n'a anticipé quoi que ce soit, il s'est contenté de vivre sa vie en aimant Dieu, et Dieu l'a mis là où il devait être.

Maintenant, le roi Saül va le prendre à la cour et tenter de s'approprier ses compétences.



b) Pendant la cour.

Après la mort de Goliath, David prend ses marques.

✅ RENCONTRE APRES LA MORT DE GOLIATH

✅ DAVID DEVIENT UN MENEUR D'HOMME DANS L'ARMEE DE SAÜL

✅ DAVID GAGNE L'AFFECTION DE TOUS (PEUPLE + SERVITEURS DE SAUL)

✅ SAÜL COMPREND QUE DAVID EST CELUI ANNONCE PAR SAMUEL

Ayant compris que David est l'homme annoncé par Samuel, Saül essaye de s'en débarrasser.

✅ 2 PREMIERES TENTATIVES DE MEURTRE

✅ SAÜL EN OUBLIE LE PEUPLE

✅ 3° TENTATIVE DE MEURTRE EN PROMETTANT MERAB

✅ 4° TENTATIVE DE MEURTRE EN PROMETTANT MICAL

✅ SAÜL ESSAYE DE FAIRE FUIR DAVID

✅ 5° TENTATIVE DE MEURTRE, LE THERAPHIM DE MICAL



c) Ce qu'il faut prendre en compte.

c.1) Guibea.

David est un Judaïte qui est fortement attaché à sa tribu. Sa future errance le démontrera clairement. Il se retrouve du jour au lendemain totalement déraciné en dehors de chez lui. Pas uniquement hors de la maison de son père, mais hors de sa tribu. C'est un jeune homme, à peine plus qu'un adolescent, et il se retrouve sur la terre d'une autre tribu, loin des siens, de ses éventuels amis et de ses habitudes de berger. Il passe de la solitude et du rejet des siens à un fourmillement d'attentions souvent intéressées.

c.2) La cour est une parenthèse.

Cette partie de sa vie commence avec la chute de Goliath, symbolisée par son épée. Pourtant il ne la portera pas puisqu'elle finira dans la tente du sacrificateur Achimélec. Il récupérera cette dernière bien plus tard alors qu'il commencera sa fuite. Comme pour marquer que la véritable suite de la chute de Goliath n'aurait pas dû se passer dans la cour de Saül, et que le plan le concernant reprendra son cours au moment où il se saisira à nouveau de cette épée.

Toute la partie concernant sa présence à la cour ne lui apportera que malheur. Ce sera une succession de trahisons, de tentatives de meurtre, de mensonges divers, ponctués d'un mariage catastrophique avec une femme qui finira par le mépriser du fond de son coeur. Et même son amitié avec Jonathan sera à peine suffisante pour effacer les conséquences de la haine de Saül. De toute cette période il ne conservera qu'un serment qui le fera s'occuper de Mephiboscheth, fils de Jonathan, bien plus tard. L'essentiel de ce qu'il apprendra pour devenir un grand roi, il l'apprendra pendant sa fuite, dans la prochaine phase de sa vie. Mais dans l'immédiat, revenons en aux évènements qui se déroulent pendant la présence de David à la cour du roi Saül.


2 - Le piège Jonathan.


a) La rencontre.

Dans l'inconscient collectif, David et Jonathan sont deux amis dont le premier a été oint roi, et le deuxième est le prince d'Israël, fils du roi Saül. De toute évidence, ces deux personnages n'ont pas du tout le même âge. La première fois qu'on entendra parler de Jonathan, Saül son père était roi depuis deux années (1 Samuel 13.1). Le roi va décider de répartir les hommes qui l'ont suivi suite à sa nomination en deux groupes. Le premier groupe de 2000 hommes qui restera avec lui à Béthel, et le deuxième groupe de 1000 hommes qui restera avec Jonathan à Guibea de Benjamin (1 Samuel 13.2).

C'est avec les hommes sous son commandement que Jonathan va exciter la colère des Philistins en battant le poste qu'ils avaient proche de sa ville natale (1 Samuel 13.3). C'est suite à cette confrontation que les Philistins vont décider de monter contre Israël et que Saül présentera les sacrifices à l'Eternel à la place de Samuel (1 Samuel 13.8-13).

La suite directe de ce comportement est que : l'Eternel s'est choisi un homme selon son cœur, et l'Éternel l'a destiné à être le chef de son peuple (1 Samuel 13.14). Donc à ce moment-là, Jonathan est déjà un homme de guerre, mais David n'est pas encore oint.

Suite à ce conflit, un peu plus tard, Jonathan va encore chercher querelles avec les Philistins, cette fois-ci il ira uniquement accompagné de son jeune serviteur (1 Samuel 14.1-14). A eux deux ils tueront : une vingtaine d'hommes, sur l'espace d'environ la moitié d'un arpent de terre (1 Samuel 14.14). Il s'ensuivra l'épisode du miel mangé par Jonathan dont le chapitre se terminera par ces mots : Pendant toute la vie de Saül, il y eut une guerre acharnée contre les Philistins; et dès que Saül apercevait quelque homme fort et vaillant, il le prenait à son service (1 Samuel 14.52). Affirmation qui tend à vouloir dire que le règne de Saul est déjà bien entamé.

C'est alors qu'il y aura la guerre contre Amalek, pendant laquelle Saül refusera de dévouer par interdit les choses de valeurs, malgré l'ordre de l'Eternel. Il s'ensuivra son rejet définitif de la part de l'Eternel qui se choisit un nouveau roi pour son peuple (1 Samuel 15.28 : Samuel lui dit : L'Éternel déchire aujourd'hui de dessus toi la royauté d'Israël, et il la donne à un autre, qui est meilleur que toi).

C'est alors que Samuel ira chez Isaï afin d'oindre David pour roi sur Israël (1 Samuel16.12).

Ca signifie qu'à cet instant, David et Jonathan ne se connaissent toujours pas, or David est encore très jeune, et Jonathan est un guerrier vétéran.

Pendant quelque temps, David sera le musicien du roi, mais ça ne lui donne aucune position, et son existence même n'est pas remarquée. Il est simplement là pour jouer de la musique lorsque le roi a besoin de se calmer.

C'est alors que va arriver l'épisode de Goliath. Durant cet épisode, seuls trois des frères de David sont montés se battre (1 Samuel 17.13). Or il était précisé que Saül prenait à son service tous les hommes vaillants (1 Samuel 14.52), ce qui indique que les quatre autres frères de David ne sont pas encore en âge d'aller à la guerre. David étant le cadet, cela confirme son jeune âge. Comme expliqué dans la première partie de cet enseignement, Goliath va tomber et David ira devant le roi avec la tête du Philistin dans les mains (1 Samuel 17.57-58).

Ca n'est qu'à ce moment-là que David et Jonathan se rencontrent. Jonathan est donc bien un chef de guerre, et David est le huitième fils dans une fratrie dont les 5 derniers ne sont pas majeurs. A l'opposée, Jonathan est le premier d'une fratrie dont les trois premiers sont en âge d'aller à la guerre. Lors de sa mort il sera accompagné de deux de ses frères, prouvant qu'ils sont au moins trois à être en âge d'aller à la guerre, et lorsque son père s'en prendra à lui, il lui dira que sa royauté est en péril, donc il est l'aîné.



b) Une affection à sens unique ?

b.1) Exagérée ?

Nul doute que les deux hommes étaient amis. La qualité de cette amitié restant à définir. D'autant que lorsqu'on regarde de plus près les différentes précisions de ce fait, on obtient un schéma récurrent.

🔘 1 Samuel 18.1-4 : David avait achevé de parler à Saül. Et dès lors l'âme de Jonathan fut attachée à l'âme de David, et Jonathan l'aima (Ahab) comme son âme. 2 Ce même jour Saül retint David, et ne le laissa pas retourner dans la maison de son père. 3 Jonathan fit alliance avec David, parce qu'il l'aimait (Ahabah) comme son âme. 4 Il ôta le manteau qu'il portait, pour le donner à David ; et il lui donna ses vêtements, même son épée, son arc et sa ceinture.

🔘 1 Samuel 19.1-2 : Saül parla à Jonathan, son fils, et à tous ses serviteurs, de faire mourir David. Mais Jonathan, fils de Saül, qui avait une grande affection (Chaphets) pour David, 2 l'en informa et lui dit : Saül, mon père, cherche à te faire mourir. Sois donc sur tes gardes demain matin, reste dans un lieu retiré, et cache-toi.

🔘 1 Samuel 20.4 : Jonathan dit à David : Je ferai pour toi ce que tu voudras.

🔘 1 Samuel 20.16 : Car Jonathan a fait alliance avec la maison de David. Que l'Éternel tire vengeance des ennemis de David !

🔘 1 Samuel 20.17 : Jonathan protesta encore auprès de David de son affection (Ahabah) pour lui, car il l'aimait (Ahab) comme son âme.

Nous avons donc 5 affirmations de cette amitié, les cinq allant dans le sens de Jonathan vers David, et la seule fois où David en parlera, ce ne sera pas pour la partager, mais pour en souligner la qualité suite à la mort de Jonathan.

🔘 2 Samuel 1.26 : Je suis dans la douleur à cause de toi, Jonathan, mon frère ! Tu faisais tout mon plaisir ; Ton amour pour moi était admirable, Au-dessus de l'amour (Ahabah) des femmes.

Et même en faisant cet éloge funèbre, David précisera son lien avec Jonathan, le considérant comme un frère. Il n'en reste pas moins que c'est l'histoire très particulière d'une amitié entre un adolescent que Dieu a choisi, et un homme d'arme, de plusieurs années son aîné, et qui tout en cernant le plan de Dieu, le rejettera sans hésitation au profit de son père Saül.

b.2) La raison probable.

Cette étrange relation est souvent pointée d'un doigt accusateur, non pas pour cibler Jonathan, mais pour ternir l'image de David. Pourtant, quelle que soit la signification, les termes sont toujours relatifs à Jonathan qui les prononce, et non à David qui ne voit en Jonathan qu'un frère. Quant à l'amour qui était au-dessus de l'amour des femmes (2 Samuel 1.26), il faut surtout y voir les évidents problèmes de David les concernant. Avec son enfance douloureuse et le visage de son mariage avec Mical, nul étonnement concernant le fait que la fidélité d'une amitié avait plus de valeur que la trahison de son épouse, méprisante à souhait, et rejetée par Dieu.

Par contre, ce qu'il ne faut pas oublier de prendre en compte c'est la possible affection filiale entre un Jonathan plus âgé qui n'a pas encore d'enfant et un jeune homme qui représente le fils que tout père aimerait avoir. Pour information, le seul fils de Jonathan sera Mephiboscheth qui n'aura que cinq ans à la mort de son père, donc bien plus tard (2 Samuel 4.4 : Jonathan, fils de Saül, avait un fils perclus des pieds ; et âgé de cinq ans lorsqu'arriva de Jizreel la nouvelle de la mort de Saül et de Jonathan ; sa nourrice le prit et s'enfuit, et, comme elle précipitait sa fuite, il tomba et resta boiteux ; son nom était Mephiboscheth).

Il est fréquent dans la Parole de Dieu de voir des personnes incliner de manière radicale en faveur de ceux que Dieu a choisi. On retrouve cela plusieurs fois dans l'histoire de Jacob, dans celle de Joseph, mais également de manière évidente dans celle de Daniel. Jonathan, l'un des trois frères, fils de Saül, tous les trois en âge d'aller à la guerre, a vue en David le fils qu'il n'avait pas.



c) La vraie nature de Jonathan.

On ne réfléchit que rarement à ce personnage, pourtant il y a des choses à dire. Il est l'image d'un système que Dieu a rejeté mais qui, tout en constatant ce rejet, choisi de ne pas changer. Bien qu'on le voie comme l'ami de David, dans la réalité il est l'un des pièges mis sur la route de David, au même titre que Mérab et Mical. Tout ce qui vient de Saül est un test pour David, sans aucune exception.

Comme expliqué dans l'enseignement : David et Saül, image de l'Église (lien), Saül est l'image de l'église établie, alors que David est l'image de l'église qui renaît au milieu de celle qui est établie. Jonathan est celui qui se trouve entre les deux. Il est l'image de ceux de l'église établie qui reconnaissent ce qui se passe, mais qui n'ont pas le courage de faire le pas.

Lorsque le pouvoir en place fait face à celui que Dieu a choisi, sa volonté est de le faire sien. Lui est alors proposé l'amitié des puissants et l'amour de leurs femmes. Jonathan s'attache à David à la première rencontre, jusqu'à faire alliance avec sa maison, alors qu'il n'en a pas vraiment. Jonathan vient de la maison royale et il s'associe avec la maison d'un berger (1 Samuel 20.16 : Car Jonathan a fait alliance avec la maison de David). Evidemment cela lui sera reproché par le roi son père, de manière directe et ne prêtant pas à confusion (1 Samuel 20.30-31 : Alors la colère de Saül s'enflamma contre Jonathan, et il lui dit : Fils pervers et rebelle, ne sais je pas que tu as pour ami le fils d'Isaï, à ta honte et à la honte de ta mère ? 31 Car aussi longtemps que le fils d'Isaï sera vivant sur la terre, il n'y aura point de sécurité ni pour toi ni pour ta royauté. Et maintenant, envoie-le chercher, et qu'on me l'amène, car il est digne de mort). Ca n'est pas ce que fera Jonathan, ce qui ne peut que lui être porté à crédit. Cependant lorsque la situation va devenir plus tendue, Jonathan, sachant que Dieu est avec David et non avec son père, choisira de rester avec son père. Même si son amitié est acquise à David, il n'en reste pas moins qu'elle a des limites, et le confort de sa vie de prince en est une. Tout comme ça le sera pour Mical qui ne partira pas avec son époux et restera au palais.

Que dire également de l'affirmation du prince qui dira à David : Ne crains rien, car la main de Saül, mon père, ne t'atteindra pas. Tu régneras sur Israël, et moi je serai au second rang près de toi ; Saül, mon père, le sait bien aussi (1 Samuel 23.17). Affirmation qui de toute évidence ne venait pas de Dieu puisque rejetant celui que Dieu avait choisi, il mourra aux côtés de son père Saül.

Jonathan est l'image des croyants qui ne veulent pas faire le pas de suivre Dieu et se contentent du confort de leurs assemblées. Ils peuvent manifester les meilleures intentions, la réalité, c'est que le cœur n'y est pas réellement. Jonathan savait que Dieu était avec David, il savait que Dieu avait rejeté son père, mais il a préféré aller à la guerre en tant que prince aux côtés d'un roi rejeté par Dieu plutôt que de suivre la voie que Dieu avait tracée, en tant que vagabond. Il est mort sur les collines d'Israël, préfigurant le sort des croyants qui ne veulent pas suivre Dieu.

Mais bien avant que David ne doive fuir et donc que Jonathan ne meurt, d'autres tentations jalonneront la présence de David dans la cour du roi Saül.


3 - Le quotidien.


David a été un paria dans sa propre famille pendant toute sa vie. Son père le méprisait à tel point que les serviteurs étaient invités au sacrifice de Samuel, mais pas lui. Ses frères reproduisaient allègrement ce mépris, n'étant pas même reconnaissant qu'il vienne s'enquérir de leur santé pendant la guerre, mais préférant lui prêter des intentions cachées. Le jour où il tue Goliath, tout s'inverse. Lui qui était haï de tous se voit attirer l'attention de chacun. Entre les acclamations du peuple à la chute de Goliath et l'affection inattendue du fils du roi, son élévation est rapide et porteuse d'une pléthore de tentations.

N'oublions pas qu'il connaissait déjà la cour du roi Saül puisqu'il y était le musicien du roi, suffisamment ignoré cependant pour ne pas être reconnu par ce dernier.

Allant de succès en succès, Saül va l'élever au-dessus de ses soldats afin qu'il les commande, et là aussi, son aura ira grandissante jusqu'à faire de l'ombre au roi.

🔘 1 Samuel 18.5-7 : David allait et réussissait partout où l'envoyait Saül ; il fut mis par Saül à la tête des gens de guerre, et il plaisait à tout le peuple, même aux serviteurs de Saül. 6 Comme ils revenaient, lors du retour de David après qu'il eut tué le Philistin, les femmes sortirent de toutes les villes d'Israël au-devant du roi Saül, en chantant et en dansant, au son des tambourins et des triangles, et en poussant des cris de joie. 7 Les femmes qui chantaient se répondaient les unes aux autres, et disaient : Saül a frappé ses mille, -Et David ses dix mille.

Au quotidien, David devient la star d'Israël. Son nom est plus glorieux que celui du roi. Quand on regarde la situation froidement, on constate que ça n'est plus David qui vit dans la maison de Saül, mais presque l'inverse. David est dans toutes les discussions, il a l'attention du peuple et même des serviteurs de Saül. Lui qui a été choisi pour roi en raison de sa stature voit sa propre vaillance reléguée au second plan derrière celle d'un jeune homme. Et pour couronner le tout, son propre fils fait alliance avec lui. Finalement, alors que tout semblait s'arranger dans la vie de David, qui est passé du mépris au sommet de la hiérarchie affective du peuple, la noirceur reprend doucement ses droits. Le futur roi va se rendre compte assez rapidement que ce qui brille n'est pas or, et que la vie dans la proximité de Saül est plus un piège doré qu'un aboutissement glorieux.


4 - La connaissance de l'onction.


Lorsque David a été oint, ça a été comme en secret, pourtant il faut voir le contexte global. Devant la dépravation des fils de Samuel, le peuple est venu réclamer un roi. Dieu leur en a donné un selon leur cœur en la personne de Saül et il lui a donné l'opportunité de le servir. Ce dernier ne lui donnera pas sa fidélité et n'en fera qu'à sa tête. C'est en face que Samuel prononcera les paroles de Dieu concernant son avenir : Tu as agi en insensé, tu n'as pas observé le commandement que l'Éternel, ton Dieu, t'avait donné. L'Éternel aurait affermi pour toujours ton règne sur Israël ; 14 et maintenant ton règne ne durera point. L'Éternel s'est choisi un homme selon son cœur, et l'Éternel l'a destiné à être le chef de son peuple, parce que tu n'as pas observé ce que l'Éternel t'avait commandé (1 Samuel 13.13-14). Saül est donc au courant de ce qui a été prononcé contre lui.

Cependant, Dieu est un Dieu miséricordieux (Exode 33.19 : ... je fais grâce à qui je fais grâce, et miséricorde à qui je fais miséricorde), et Saül fait l'erreur de confondre la fidélité de Dieu envers Israël avec de la miséricorde envers lui. Plusieurs versets font état des victoires de guerre d'Israël sous son règne. Samuel étant toujours présent, il ne voit plus la parole qui a été prononcé contre lui.

🔘 1 Samuel 14.14 : Dans cette première défaite, Jonathan et celui qui portait ses armes tuèrent une vingtaine d'hommes, sur l'espace d'environ la moitié d'un arpent de terre.

🔘 1 Samuel 14.23 : L'Éternel délivra Israël ce jour-là, et le combat se prolongea jusqu'au delà de Beth Aven.

🔘 1 Samuel 14.47 : Après que Saül eut pris possession de la royauté sur Israël, il fit de tous côtés la guerre à tous ses ennemis, à Moab, aux enfants d'Ammon, à Édom, aux rois de Tsoba, et aux Philistins ; et partout où il se tournait, il était vainqueur.

Son absence de repentance va le pousser encore plus loin dans sa désobéissance, jusqu'au refus de dévouer par interdit ce que l'Eternel avait désigné comme tel. Dans ce passage concernant le roi d'Amalek, une nouvelle déclaration sera faite. Pourtant la première était déjà claire. La deuxième l'est encore plus : Samuel lui dit: L'Éternel déchire aujourd'hui de dessus toi la royauté d'Israël, et il la donne à un autre, qui est meilleur que toi (1 Samuel 15.28). C'est là qu'on voit que Saül ne comprend rien à Dieu. Devant ce qu'il vient de faire et la sanction qui tombe, seul lui importe le fait d'être honoré en présence des anciens du peuple et d'Israël. Il pose le retour de Samuel à ses côtés comme une condition a ses génuflexions hypocrites (1 Samuel 15.30-31 : Saül dit encore: J'ai péché ! Maintenant, je te prie, honore-moi en présence des anciens de mon peuple et en présence d'Israël ; reviens avec moi, et je me prosternerai devant l'Éternel, ton Dieu. 31 Samuel retourna et suivit Saül, et Saül se prosterna devant l'Éternel).

Saül a donc entendu par deux fois sa condamnation, et par deux fois il pense y avoir échappé. Cependant la Parole de Dieu ne peut pas disparaître comme cela et devait continuer de tourner dans sa tête. Pourtant, identifier David à la chute de Goliath comme celui qui devait régner à sa place était peu probable. Dans sa première condamnation, Samuel parlait bien d'un homme qui devait régner, et il a devant lui un adolescent bien plus qu'un homme. Un peu comme les mages annonçant la naissance du roi d'Israël, le temps séparant l'onction du règne est suffisamment important pour brouiller les cartes. Par contre, à partir du moment où Jésus commence à guérir à tour de bras, il ne fallait pas être un génie pour se rappeler des mages venus trente années auparavant annoncer la naissance du roi d'Israël.

Aussi, le roi Saül, avec le temps passant, devait conserver cette Parole en tête, se demandant à intervalle régulier si c'était toujours d'actualité. Puis, survient l'arrivée de David à la cour, et forcément, le déliement des langues le concernant. Devant l'excitation du peuple, les histoires le concernant devaient aller bon train, et à un moment où un autre, celle du sacrifice fait par Samuel pendant lequel David a été oint a dû ressurgir. Les hommes sont comme ça, ils racontent tout ce qu'ils savent dans l'espoir de se rendre intéressant, ne serait-ce qu'un instant. Par ailleurs, tout Juda connaissait ce fait ; qu'il parvienne au roi n'était donc qu'une question de temps (2 Samuel 5.2 : Autrefois déjà, lorsque Saül était notre roi, c'était toi qui conduisais et qui ramenais Israël. L'Éternel t'a dit : Tu paîtras mon peuple d'Israël, et tu seras le chef d'Israël).

Aussi, entre le peuple en admiration, les souvenirs des Paroles prononcées par Samuel et la constatation de ce qui se passe sous les yeux, Saül commence à perdre son sang-froid. Il est probable que le moment charnière se trouve dans 1 Samuel 18.8 : Saül fut très irrité, et cela lui déplut. Il dit : On en donne dix mille à David, et c'est à moi que l'on donne les mille ! Il ne lui manque plus que la royauté.

A partir de ce moment, Saül sait que David est celui que Dieu a choisi, ce qu'il confirmera dans les propos qu'il va tenir à son fils : Car aussi longtemps que le fils d'Isaï sera vivant sur la terre, il n'y aura point de sécurité ni pour toi ni pour ta royauté. Et maintenant, envoie-le chercher, et qu'on me l'amène, car il est digne de mort (1 Samuel 20.31). Il va alors tout faire pour empêcher l'accomplissement du plan de Dieu.

Plus tard dans sa vie, il confirmera verbalement qu'il savait que Dieu a choisi David (1 Samuel 24.21 : Maintenant voici, je sais que tu régneras, et que la royauté d'Israël restera entre tes mains) et très proche de sa fin, c'est Samuel remonté des morts qui le lui confirmera en face, précisant pour la première fois qu'il s'agit bien de David : ... l'Éternel a déchiré la royauté d'entre tes mains, et l'a donnée à un autre, à David (1 Samuel 28.17).


5 - Les premières tentatives de meurtres.


Saül tentera à de nombreuses reprises et de diverses manières de tuer David. Le problème majeur étant qu'il était adulé par les foules et qu'il ne pouvait donc pas publiquement demander sa mort. Il devait à minima sauver les apparences.

On se rappelle plus volontiers des tentatives flagrantes, mais d'autres, plus discrètes, témoignent bien plus de la haine que le roi avait pour David.


a) Tentatives de meurtre impulsives.

Par deux fois, Saül tentera de tuer David sur un coup de colère. Si dans un premier temps les acclamations à l'attention du jeune homme pouvaient ne concerner que lui, les gens du peuple en viennent à dénigrer leur roi dans le processus. Ils ne se contentent plus de louer les victoires de David, ils les comparent à celles de Saül. C'est le moment où tout bascule dans la tête du roi. Il réalise que David est celui annoncé par Samuel et constate qu'à l'exception de la royauté, le jeune homme lui a d'ores et déjà « dérobé » tout le reste, jusqu'à l'affection de son fils.

🔘 1 Samuel 18.8-9 : Saül fut très irrité, et cela lui déplut. Il dit : On en donne dix mille à David, et c'est à moi que l'on donne les mille ! Il ne lui manque plus que la royauté. 9 Et Saül regarda David d'un mauvais œil, à partir de ce jour et dans la suite.

C'est donc à partir de cet instant qu'il va chercher à nuire au jeune homme. Si cela avait été une simple détestation de la personne, il aurait simplement pu le renvoyer chez son père. Cependant cela n'aurait pas annulé la parole de Samuel dont Saül comprend désormais qu'elle est toujours en vigueur. Il va alors suivre les deux étapes de satan contre Jésus. Essayer de tuer, puis essayer de corrompre. La mise en pratique se fera dès le lendemain en ce qui concerne la tentative de meurtre.

🔘 1 Samuel 18.10-12 : Le lendemain, le mauvais esprit de Dieu saisit Saül, qui eut des transports au milieu de la maison. David jouait, comme les autres jours, et Saül avait sa lance à la main. 11 Saül leva sa lance, disant en lui-même : Je frapperai David contre la paroi. Mais David se détourna de lui deux fois. 12 Saül craignait la présence de David, parce que l'Éternel était avec David et s'était retiré de lui.

Saül ne peut supporter la droiture de David, parce qu'il est tortueux et que la droiture est aimée de Dieu (Proverbes 14.2 : Celui qui marche dans la droiture craint l'Éternel, Mais celui qui prend des voies tortueuses le méprise). Il sait que s'il fait sortir David de la droiture en le corrompant, alors il pourra le tuer. Tout comme satan avait proposé tous les royaumes de la terre à Jésus dans une vaine tentative de le corrompre.



b) Le roi en oubli son peuple.

Alors que le roi est occupé à trouver un moyen de tuer David, la réalité est qu'il délaisse son peuple. La conséquence en est qu'il entretient la guerre mais n'y participe plus qu'en donnant des ordres à ses soldats mais en ne les accompagnants pas. On est loin du début de son règne où il partait d'un côté et Jonathan son fils partait d'un autre pour venir à bout des ennemis d'Israël. Même pendant l'épisode de Goliath, le roi était là, avec ses troupes.

Mais tout cela est derrière, le roi reste au palais, et c'est David qui va avec le peuple et gagne dans le processus, son affection.

🔘 1 Samuel 18.13-16 : Il l'éloigna de sa personne, et il l'établit chef de mille hommes. David sortait et rentrait à la tête du peuple ; 14 il réussissait dans toutes ses entreprises, et l'Éternel était avec lui. 15 Saül, voyant qu'il réussissait toujours, avait peur de lui ; 16 mais tout Israël et Juda aimaient David, parce qu'il sortait et rentrait à leur tête.



c) Tentatives de meurtre réfléchies.

c.1) Mérab.

Saül fera donc tout comme fera satan environ un millénaire plus tard et proposera à David d'entrer dans la lignée des héritiers du royaume. Il le fera en lui proposant son aînée, Mérab (1 Samuel 18.17 : Saül dit à David : Voici, je te donnerai pour femme ma fille aînée Mérab). Dans la réalité, que cela soit conscient ou non, sa fille n'est que la carotte supposée entraîner David dans des dangers dont il ne reviendra pas. La volonté réelle du roi est que : la main des Philistins soit sur lui (1 Samuel 18.17), parce qu'il craint de faire le travail lui-même (1 Samuel 18.17 : Je ne veux pas mettre la main sur lui). La réalité étant non pas qu'il ne veuille pas le faire, mais qu'il a peur de le faire. Il a constaté que Dieu est avec lui et le protège, et s'il l'a constaté, c'est justement parce qu'il a déjà essayé par deux fois. Aussi, la guerre est la guerre, et Saül présente sa fille Mérab comme une tentation pour laquelle beaucoup seraient tombés. Epouser la fille aînée du roi procurait un statut difficilement refusable. Pourtant la réaction de David ne va pas dans ce sens.

🔘 1 Samuel 18.18 : David répondit à Saül : Qui suis-je, et qu'est-ce que ma vie, qu'est-ce que la famille de mon père en Israël, pour que je devienne le gendre du roi ?

Mais David est presque mis au pied du mur. De toute façon ce que demande le roi, c'est sa soumission et un rôle actif dans les guerres que mènent Saül. Mais David n'est de toute façon pas rebelle, et il commandait déjà l'armée dans la bataille. Ce que demande le roi ne se trouve pas dans les actes, dont il remplissait déjà les conditions, mais dans les intentions. Ce qu'il fait déjà, il est appelé à le faire dans le but d'entrer dans la famille du roi. En d'autres termes le roi lui demande de se battre charnellement pour accomplir la promesse de Dieu. Cela ferait dévier David de sa droiture et ouvrirait la porte à sa fin. On peut aisément imaginer la pression qui venait de toutes parts. Le peuple qui adorait David devait se réjouir de cette union annoncée, Mérab qui était toujours célibataire également, et que dire de Jonathan qui allait devenir le beau-frère de David ?

Evidemment, David continuera de se battre pour les bonnes raisons, il mènera réellement les guerres de l'Eternel. Il en résultera que Saül va se retrouver, une fois l'échéance atteinte, devant l'évidence qu'il est censé donner sa fille aînée à David. Sa haine va le pousser à ne pas le faire. Un peu comme si, de manière perverse, David n'avait pas rempli sa part en ne mourant pas, ce qui lui donnerait le droit de ne pas remplir la sienne.

🔘 1 Samuel 18.9 : Lorsqu'arriva le temps où Mérab, fille de Saül, devait être donnée à David, elle fut donnée pour femme à Adriel, de Mehola.

Après avoir par deux fois tenté de tuer David par lui-même, il essaye donc de le faire mourir en lui tendant un piège qui se retourne contre lui. Le roi est en face d'un réel dilemme, il a effectivement promis sa fille à celui que tout le peuple et les serviteurs de Saül adulent et qui les mène de victoires en victoires. David est l'homme que Dieu protège et qui permet après chaque bataille le retour de pères, de maris, de frères et de fils auprès des leurs. Et Saül vient de le trahir sans aucune raison apparente. Bien qu'on ne nous parle pas de ce qu'en a pensé le peuple, il paraît évident que cela n'a pas dû faire le bonheur de grand monde.

c.2) Mical.

Il y a un enseignement complet sur Mical sur le site (Lien).

Vient alors le moment de rectifier le tir. Mical, la deuxième fille de Saül est également sur les rangs. Le meilleur parti de la ville lui plaît. Lui qui doit trouver une solution y voit une aubaine (1 Samuel 18.20 : Mical, fille de Saül, aima David. On en informa Saül, et la chose lui convint). Le roi n'est pourtant pas devenu soudainement romantique. Si le piège Mérab n'a pas fonctionné, alors la seule leçon à en tirer est de mieux préparer le prochain piège. Et une fois encore, le véritable but de Saül n'est pas de donner sa fille à David, mais uniquement de la lui faire miroiter pour provoquer sa chute (Je la lui donnerai, afin qu'elle soit un piège pour lui, et qu'il tombe sous la main des Philistins). Par contre, au niveau de la confiance entre les deux hommes, la barre se situe plutôt vers le bas du bas. C'est pourquoi il ne fera pas même la proposition en personne et enverra ses serviteurs murmurer aux oreilles de David. Devant les hésitations du fils d'Isaï, les serviteurs vont retourner vers le roi, recevoir la suite du message et se rediriger vers David pour lui transmettre les indications. Il n'y a plus de communication entre Saül et David, ce qui nous montre la puissance de David en ce temps à la cour du roi. Si la situation est tellement tendue entre le roi et qui que ce soit, le 'qui que ce soit' en question doit disparaître du tableau. Mais David ne peut plus être renvoyé chez lui. Il est trop important, et le roi le sait. Alors la demande doit être un véritable problème et un danger suffisant pour faire tomber David. Le roi demande 100 prépuces de Philistins. Au-delà de l'étrangeté de la demande, il faut garder à l'esprit que les philistins n'habitent pas juste à côté. Les 100 en question se trouvent soit dans les villes Philistines, donc en bord de mer, soit dans des camps militaires. Pour ajouter à cette difficulté, il n'est pas question pour David de prendre l'armée d'Israël pour aller chercher cette dot si particulière. Il doit y aller avec ses gens, pas les soldats sous ses ordres. Ce sont les personnes qui plus tard exprimeront leur inquiétude dans les termes suivants : Mais les gens de David lui dirent : Voici, nous ne sommes pas sans crainte ici même en Juda ; que sera-ce si nous allons à Keïla contre les troupes des Philistins ? (1 Samuel 23.3). Le piège de Saul est donc bien réel, tout comme sa volonté de le voir mourir.

Ca ne l'arrêtera évidemment pas et : Avant le terme fixé, David se leva, partit avec ses gens, et tua deux cents hommes parmi les Philistins ; il apporta leurs prépuces, et en livra au roi le nombre complet, afin de devenir gendre du roi. Alors Saül lui donna pour femme Mical, sa fille (1 Samuel 18.27). Le roi ne peut pas lui refuser une deuxième fois sa fille et la lui donne pour épouse. Par contre il lui conserve sa haine.

🔘 1 Samuel 18.28-30 : Saül vit et comprit que l'Éternel était avec David; et Mical, sa fille, aimait David. 29 Saül craignit de plus en plus David, et il fut toute sa vie son ennemi. 30 Les princes des Philistins faisaient des excursions; et chaque fois qu'ils sortaient, David avait plus de succès que tous les serviteurs de Saül, et son nom devint très célèbre.



d) Le premier bilan.

C'est un bilan très temporaire, Saül essayera encore plusieurs fois de tuer le fils d'Isaï. Ce ne sont pas même les 4 seules tentatives qu'il effectuera durant sa présence auprès de lui. En tous les cas, ce qui avait commencé dans les acclamations et qui ressemblait assez nettement à une amélioration dans la vie de paria de David, se révèle assez rapidement être encore pire que la vie qu'il avait auparavant. Finalement, à ce moment de sa vie, David a gagné l'amitié de Jonathan, qui cependant restera avec son père tout en sachant que Dieu était avec David, donc une trahison de plus, et une épouse en la personne de Mical, qui le méprisera du plus profond de son cœur. Par contre, il a perdu les moments privilégiés passés avec Dieu lorsqu'il était seul, gardant les troupeaux de son père. Il doit donc apprendre petit-à-petit à conserver sa relation avec Dieu dans des moments plus troublés. En d'autres termes, il gagne en stature.

On aurait pu espérer que son union avec Mical aurait calmé un peu les choses, mais il n'en est rien.


Texte concernant la dot de Mical :

🔘 1 Samuel 18.20-27 : Mical, fille de Saül, aima David. On en informa Saül, et la chose lui convint. 21 Il se disait : Je la lui donnerai, afin qu'elle soit un piège pour lui, et qu'il tombe sous la main des Philistins. Et Saül dit à David pour la seconde fois : Tu vas aujourd'hui devenir mon gendre. 22 Saül donna cet ordre à ses serviteurs : Parlez en confidence à David, et dites-lui : Voici, le roi est bien disposé pour toi, et tous ses serviteurs t'aiment ; sois maintenant le gendre du roi. 23 Les serviteurs de Saül répétèrent ces paroles aux oreilles de David. Et David répondit : Croyez-vous qu'il soit facile de devenir le gendre du roi ? Moi, je suis un homme pauvre et de peu d'importance. 24 Les serviteurs de Saül lui rapportèrent ce qu'avait répondu David. 25 Saül dit : Vous parlerez ainsi à David : Le roi ne demande point de dot ; mais il désire cent prépuces de Philistins, pour être vengé de ses ennemis. Saül avait le dessein de faire tomber David entre les mains des Philistins. 26 Les serviteurs de Saül rapportèrent ces paroles à David, et David agréa ce qui lui était demandé pour qu'il devînt gendre du roi. 27 Avant le terme fixé, David se leva, partit avec ses gens, et tua deux cents hommes parmi les Philistins ; il apporta leurs prépuces, et en livra au roi le nombre complet, afin de devenir gendre du roi. Alors Saül lui donna pour femme Mical, sa fille.


6 – La fourberie à son paroxysme, la médiation de Jonathan.


Le roi Saül se retrouve dans une situation tendue. Il a essayé personnellement de tuer David, mais a échoué par deux fois, il a ensuite essayé de pousser David à la mort en l'envoyant dans des batailles ingagnables, et il est revenu vainqueur à chaque fois. Finalement, non seulement il est toujours en vie, mais pour ajouter à ce vibrant constat d'échec, son fils est ami avec lui, il a marié dans l'urgence sa première fille et a fini par lui donner la deuxième en épousailles. Non seulement il est toujours en vie, mais il a fini par devenir son gendre tout en ne reniant l'Eternel à aucun moment. David est toujours aussi inébranlable, et le peuple l'aime proportionnellement à ses victoires.

Au lieu de se reprendre il fait le constat que quoi qu'il fasse, cela tourne toujours en faveur de David. C'est alors que lui vient une idée tout aussi fourbe que celles concernant le piège de ses filles. Il va alors parler de tuer David à tous ses serviteurs et à son fils Jonathan (1 Samuel 19.1 : Saül parla à Jonathan, son fils, et à tous ses serviteurs, de faire mourir David). C'est une information intéressante qu'il ne faut pas détourner. Le roi Saul a déjà tout tenté, au point même de sacrifier toute sa famille. Il a compris que Dieu est avec David et qu'il ne peut rien faire. Maintenant, alors que David est lié à lui par le mariage avec sa fille, et que le peuple n'est pas aussi loin que cela de le vouloir ouvertement comme roi, le plus important devient non plus de le tuer, ce qu'il a compris ne pas pouvoir faire, mais de le chasser. Le problème est qu'il ne peut pas être celui qui le renvoi, ce serait trop mal perçu par le peuple, d'autant qu'il est désormais gendre du roi et que son comportement est irréprochable.

Devant ce constat, il parle comme en secret à tous ses serviteurs et à Jonathan de faire mourir David. Rappelons-nous que ces mêmes serviteurs sont tous admiratifs de David (1 Samuel 18.5 : il plaisait à tout le peuple, même aux serviteurs de Saül), et que la position de Jonathan est claire.

Sachant cela, et le roi Saül le sait, pourquoi parler à autant de monde d'une chose, si ça n'est pas pour qu'elle soit répétée à David ? Cela pourrait se comprendre s'il s'agissait d'un conciliabule entre personnes haïssant David, mais dans le cas présent, le roi ne parle qu'aux personnes qui l'apprécient. La volonté réelle du roi est que David le sache. Le message est clair : tu n'as pas ta place ici ! Si tu restes, tu mourras ! On comprend mieux d'où viennent à David certaines paroles des psaumes (Psaumes 4.9 : Je me couche et je m'endors en paix, Car toi seul, ô Éternel ! tu me donnes la sécurité dans ma demeure). Saül veut que David s'en aille, ce qui lui donnerait en outre le beau rôle en étant le roi abandonné par son serviteur et gendre.

Malheureusement pour lui, Jonathan va une fois de plus mettre les pieds dans le plat, ce qui expliquera partiellement la colère meurtrière du roi à l'encontre de son fils lors d'un prochain repas. Au lieu de se contenter de prévenir son ami, Jonathan va tenter une médiation qui, dans son but premier va totalement échouer mais qui, dans sa finalité, aura son effet. Pour une fois que le père ne cherche pas vraiment à tuer David mais uniquement à la faire fuir, il se retrouve avec son propre fils intercédant pour éviter une mort qu'il ne recherchait pas réellement. Gardons également à l'esprit que Saül craint la présence de David (1 Samuel 18.12 : Saül craignait la présence de David, parce que l'Éternel était avec David et s'était retiré de lui). Dans cette intercession, Jonathan listera les bonnes actions de son ami ce qui aura pour effet, un peu comme la musique que jouait David, d'apaiser le roi qui acceptera le retour de son serviteur.

Ce qu'on constate surtout, c'est que dès que le roi essaye d'obtenir quelque chose par la fourberie, il le voit lui revenir en plein visage. Cette fois-ci il a voulu faire fuir David et se retrouve à devoir à nouveau l'accepter dans sa proximité. Cependant, sa haine ne diminue pas, et la succession de ses échecs ne fait que grandir sa colère qui tôt ou tard devra exploser.

David a échappé à 4 tentatives de meurtres et le dernier acte du roi envers lui ne présage rien de bon. Aussi, bien que la situation semble un peu se calmer, il n'est pas possible pour David de penser que les choses vont bien. Comme je viens de le dire, il est en présence d'un homme qui le hait sans cause (Psaumes 109.3).


Le texte de la tentative avortée.

🔘 1 Samuel 19.1-7 : Saül parla à Jonathan, son fils, et à tous ses serviteurs, de faire mourir David. Mais Jonathan, fils de Saül, qui avait une grande affection pour David, 2 l'en informa et lui dit : Saül, mon père, cherche à te faire mourir. Sois donc sur tes gardes demain matin, reste dans un lieu retiré, et cache-toi. 3 Je sortirai et je me tiendrai à côté de mon père dans le champ où tu seras; je parlerai de toi à mon père, je verrai ce qu'il dira, et je te le rapporterai. 4 Jonathan parla favorablement de David à Saül, son père: Que le roi, dit-il, ne commette pas un péché à l'égard de son serviteur David, car il n'en a point commis envers toi. Au contraire, il a agi pour ton bien ; 5 il a exposé sa vie, il a tué le Philistin, et l'Éternel a opéré une grande délivrance pour tout Israël. Tu l'as vu, et tu t'en es réjoui. Pourquoi pécherais-tu contre le sang innocent, et ferais-tu sans raison mourir David ? 6 Saül écouta la voix de Jonathan, et il jura, disant : L'Éternel est vivant! David ne mourra pas. 7 Jonathan appela David, et lui rapporta toutes ces paroles ; puis il l'amena auprès de Saül, en présence de qui David fut comme auparavant.


7 - Le théraphim dans le lit de Mical.


a) La colère du roi.

La vie reprend son cours. David a repris sa place de chef de guerre, et ses victoires sont de plus en plus glorieuses, jusqu'à leur faire : éprouver une grande défaite (1 Samuel 19.8) qui les poussera à fuir devant lui. A chaque victoire la colère de Saül grandit. Avoir accepté David auprès de lui comme auparavant n'était pas un signe de son changement, mais de son dépit, et alors que les victoires de son serviteur auraient dû le grandir lui, elles ne font qu'exciter sa colère.

Malheureusement, lorsque l'on trouve un palliatif à ses problèmes comportementaux, cela ne signifie pas qu'on les résolve. La colère de Saül avait beau être calmée par la musique de David, elle continuait de grandir jusqu'à ce qu'elle soit suffisamment forte pour que la musique ne suffise plus. Saül continue, comme depuis le commencement, de se retenir, la lance à la main.

🔘 1 Samuel 19.9-10 : Alors le mauvais esprit de l'Éternel fut sur Saül, qui était assis dans sa maison, sa lance à la main. 10 David jouait, et Saül voulut le frapper avec sa lance contre la paroi. Mais David se détourna de lui, et Saül frappa de sa lance la paroi. David prit la fuite et s'échappa pendant la nuit.

La cinquième tentative de meurtre sera la dernière avant le départ de David.



b) Le rôle de Mical.

Cette fois-ci, le roi a un trop plein qui ne peut plus être tempéré. David a fui le palais, mais ne sait pas encore que la décision du roi est irrévocable. Après tout, ça n'est que la troisième fois que Saül essaie de le tuer de cette manière.

Il n'est cependant pas possible de tuer David de nuit. Si le principe est étrange de nos jours, il paraît porter une telle force que malgré sa colère, le roi ne l'outrepasse pas. Il envoie ses hommes chez David : pour le garder et le faire mourir au matin (1 Samuel 19.11*). Il avait donc l'intention de le prendre, de l'emprisonner pendant la nuit pour finalement le tuer au matin.

Contre toute attente, c'est Mical qui va l'en informer et l'aider à fuir (1 Samuel 19.12 : Elle le fit descendre par la fenêtre, et David s'en alla et s'enfuit. C'est ainsi qu'il échappa). En voyant cela, on imagine une hypothétique droiture de son épouse. Pourtant si on regarde les choses de plus près le tableau paraît légèrement différent. Elle sait que son mari doit fuir, et qu'il ne pourra pas revenir sous peine de mourir des mains de son père. Devant cette connaissance, elle décide de l'aider à fuir, mais pas de partir avec. Ca n'est pas pour rien qu'elle est toujours identifiée comme la fille de Saül, et pas comme l'épouse de David. Elle était éprise des actions charnelles de David, de tout ce qu'elle regardait comme une gloire aux yeux des hommes parce qu'elle considérait que cela rejaillissait sur elle. Par contre, elle n'aura aucune hésitation à ne pas l'accompagner dans sa fuite, qui n'est pas un plus pour sa position sociale, ni à le mépriser de tout son cœur quand elle le verra danser devant l'Eternel.

D'ailleurs l'amour qu'elle porte à son statut social est clairement mis en opposition avec celui qu'elle aurait dû avoir pour son époux lorsque simulant sa présence à ses côtés, elle finira par se justifier en l'accablant. Les propos qu'elle lui prête ne laissent pas de place à l'imagination : Laisse-moi aller, ou je te tue ! (1 Samuel 19.17).

* 🔘 1 Samuel 19.11 : Saül envoya des gens vers la maison de David, pour le garder et le faire mourir au matin. Mais Mical, femme de David, l'en informa et lui dit : Si tu ne te sauves pas cette nuit, demain tu es mort.



c) Le théraphim.

Il est par ailleurs également légitime de se poser la question de la raison pour laquelle Mical peut mettre un théraphim dans le lit conjugal. Il se trouve que les théraphim ne sont pas autorisés par l'Eternel. Ce sont des statues de dieux de tailles modestes, généralement utilisées pour prier pour la guérison. Ces objets de cultes ont ouvertement été condamnés à plusieurs reprises et font même partie des paroles prononcées contre Saül par Samuel : Car la désobéissance est aussi coupable que la divination, et la résistance ne l'est pas moins que l'idolâtrie et les théraphim. Puisque tu as rejeté la parole de l'Éternel, il te rejette aussi comme roi (1 Samuel 15.23).

C'est donc étrange qu'il y en ait un dans la demeure de David.

Il est une chose qu'il faut réaliser concernant David, et qui va jalonner presque toute sa vie. On l'idéalise souvent, mais il faut réaliser que sa croissance avec l'Eternel ne s'est pas faite dans la connaissance et le respect de la loi. Ce qui le différencie de tous ceux qui de nos jours se moquent éperdument de la loi, c'est justement que lui ne s'en moquait pas. Il ne la connaissait simplement pas. C'est pour cela que l'Eternel restait à ses côtés. Il voyait sa sincérité, et chaque échec lui en apprenait plus. Sa méconnaissance de la loi lui fera faire de nombreuses erreurs très lourdes dont il portera les stigmates tout du long de sa vie, mais sa sincérité lui permettait d'en apprendre des leçons variables en fonction des échecs, alors que sa repentance lui permettait de continuer. Plus tard, alors qu'il sera en position de pouvoir et qu'il choisira de faire revenir l'arche de l'alliance, une fois de plus son ignorance de la loi coûtera la vie à un homme et empêchera le retour de l'arche jusqu'à ce qu'il ait consulté la loi pour savoir comment faire.

Cette scène est la seule fois dans la vie de David où l'on entendra parler de théraphim. Pendant tout son règne ils seront absents, mais dans l'immédiat, il n'en avait pas encore la compréhension, ce qui, ajouté au fait qu'il est plus l'époux de Mical qu'elle n'est son épouse, produit l'étrange présence de ce théraphim.


Psaume de David dont le sujet et sa fuite de la maison.

🔘 Psaumes 59.1-18 : Au chef des chantres. <<Ne détruis pas.>> Hymne de David. Lorsque Saül envoya cerner la maison, pour le faire mourir. 2 Mon Dieu ! délivre-moi de mes ennemis, Protège-moi contre mes adversaires ! 3 Délivre-moi des malfaiteurs, Et sauve-moi des hommes de sang ! 4 Car voici, ils sont aux aguets pour m'ôter la vie ; Des hommes violents complotent contre moi, Sans que je sois coupable, sans que j'aie péché, ô Éternel ! 5 Malgré mon innocence, ils courent, ils se préparent : Réveille-toi, viens à ma rencontre, et regarde ! 6 Toi, Éternel, Dieu des armées, Dieu d'Israël, lève-toi, pour châtier toutes les nations ! N'aie pitié d'aucun de ces méchants infidèles ! -Pause. 7 Ils reviennent chaque soir, ils hurlent comme des chiens, ils font le tour de la ville. 8 Voici, de leur bouche ils font jaillir le mal, des glaives sont sur leurs lèvres ; Car, qui est-ce qui entend ? 9 Et toi, Éternel, tu te ris d'eux, tu te moques de toutes les nations. 10 Quelle que soit leur force, c'est en toi que j'espère, car Dieu est ma haute retraite. 11 Mon Dieu vient au-devant de moi dans sa bonté, Dieu me fait contempler avec joie ceux qui me persécutent. 12 Ne les tue pas, de peur que mon peuple ne l'oublie ; Fais-les errer par ta puissance, et précipite-les, Seigneur, notre bouclier ! 13 Leur bouche pèche à chaque parole de leurs lèvres : Qu'ils soient pris dans leur propre orgueil ! Ils ne profèrent que malédictions et mensonges. 14 Détruis-les, dans ta fureur, détruis-les, et qu'ils ne soient plus ! Qu'ils sachent que Dieu règne sur Jacob, jusqu'aux extrémités de la terre ! -Pause. 15 Ils reviennent chaque soir, ils hurlent comme des chiens, Ils font le tour de la ville. 16 Ils errent çà et là, cherchant leur nourriture, Et ils passent la nuit sans être rassasiés. 17 Et moi, je chanterai ta force ; Dès le matin, je célébrerai ta bonté. Car tu es pour moi une haute retraite, un refuge au jour de ma détresse. 18 O ma force ! c'est toi que je célébrerai, car Dieu, mon Dieu tout bon, est ma haute retraite.


8 – La fuite.


Finalement, la vie de David à la cour du roi Saül n'aura pas été de tout repos. En une journée, le jeune homme, méprisé par sa famille, est devenu la coqueluche de tout Israël, jusqu'au roi, ses serviteurs et les enfants du roi. Mais devant l'importance croissante du jeune berger, les paroles de Samuel vont remonter à la mémoire du roi qui va peu à peu comprendre que David est celui que Dieu a choisi pour le remplacer à la tête de son peuple.

La période de tranquillité où, passé de l'esclavage de son père Isaï (moins qu'un serviteur) il est au sommet de sa notoriété, sera de courte durée. Il va de la plus difficile des manières, grandir dans la compréhension qu'il n'a d'ami que l'Eternel. Jonathan, son frère comme il l'appelle lui-même, aura beau savoir qu'il est l'élu de Dieu pour diriger le peuple d'Israël, lui conservera son amitié mais choisira de suivre son père. Il savait que Dieu l'avait rejeté, et c'est à ses côtés qu'il mourra dans une guerre qu'il aurait évitée s'il avait suivi celui dont il savait qu'il marchait selon la volonté de ce même Dieu, et qui avait été choisi pour guider ce même peuple que lui venait de guider à sa perte. Mical, fille de Saül, son épouse choisira de rester dans le confort royal et de ne pas suivre son époux dans sa fuite, préférant la riche sécurité d'un père qui l'avait vendu comme une marchandise de rien et qui la forcera dans l'adultère avec un autre homme une fois David en fuite.

C'est dans cette ambiance nauséabonde que : David prit la fuite et qu'il échappa. Il se rendit auprès de Samuel à Rama, et lui raconta tout ce que Saül lui avait fait. Puis il alla avec Samuel demeurer à Najoth (1 Samuel 19.18).