L'aveugle de Bethsaïda.
1 - Le texte.
2 - La ville.
3 - L'incrédulité.
4 - La guérison.
1 - Le texte.
- Marc 8.22-26 : Ils se rendirent à Bethsaïda; et on amena vers Jésus un aveugle, qu'on le pria de toucher. Il prit l'aveugle par la main, et le conduisit hors du village; puis il lui mit de la salive sur les yeux, lui imposa les mains, et lui demanda s'il voyait quelque chose. Il regarda, et dit: J'aperçois les hommes, mais j'en vois comme des arbres, et qui marchent. Jésus lui mit de nouveau les mains sur les yeux; et, quand l'aveugle regarda fixement, il fut guéri, et vit tout distinctement. Alors Jésus le renvoya dans sa maison, en disant: N'entre pas au village.
2 - La ville.
Pour comprendre le texte, il faut comprendre la ville, parce qu'elle a une importance toute particulière dans les évangiles.
Bethsaïda et la ville d'un grand nombre des 12 disciples. Sans avoir fait de recherches poussées, elle est au minimum la ville de Philippe, Pierre, André, Jean et Jacques. Il s'est passé de nombreux miracles dans cette ville, pourtant, c'est une ville incrédule que Jésus ira jusqu'à maudire :
- Matthieu 11.20-22 : Alors il se mit à faire des reproches aux villes dans lesquelles avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu'elles ne s'étaient pas repenties. Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu'elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre. C'est pourquoi je vous le dis: au jour du jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous.
3 - L'incrédulité.
La plupart des miracles de Jésus ont été fait dans quelques villes, dont Bethsaïda, mais le peuple ne s'est pas repenti pour autant. C'est pourquoi il faut comprendre le verset de Marc d'une manière différente de celle qui semble de prime abord être la bonne.
- Marc 8.22 : Ils se rendirent à Bethsaïda; et on amena vers Jésus un aveugle, qu'on le pria de toucher.
Nous ne sommes pas, comme c'est généralement le cas dans les évangiles, dans un instant où le peuple est brûlant de foi. C'est en fait l'inverse. Ils ne viennent pas pour assister à un miracle, ils ne viennent pas par empathie pour l'aveugle. Ce qu'ils veulent, c'est voir Jésus échouer, et Jésus le sait.
C'est pour ça que Jésus prend l'aveugle par la main et l'amène hors de la ville. Il a bien l'intention de le guérir, mais Bethsaïda ne doit pas en être au bénéfice. Cela va tellement loin que Jésus ne voudra même pas que l'aveugle, une fois guéri, ne retourne en ville. Quand Jésus avait guéri le lépreux, il lui avait demandé d'aller présenter au temple l'offrande que la loi de Moïse prescrivait, parce qu'il voulait que cela serve de témoignage. Dans le cas de l'aveugle, non seulement il veut d'abord sortir de la ville, mais il demande expressément à l'homme de retourner dans sa maison, qui se trouve à l'extérieur de la ville, et de ne pas retourner à Bethsaïda ensuite (Marc 8.26). Jésus a l'amour pour guérir le malade, mais ne veut pas que cela serve de témoignage à la ville. De son côté, une fois le miracle accompli, Jésus s'en ira vers les villages de Césarée de Philippe. Il ne restera pas non plus à Bethsaïda.
4 - La guérison.
Plusieurs choses sont particulières dans cette guérison et en font une exception dans les évangiles.
- L'aveugle n'a rien demandé, le peuple parle à sa place, lui ne dit rien.
- Le peuple ne vient pas pour une guérison, mais pour voir Jésus échouer.
Ces deux faits sont clairs, les deux suivants le sont moins :
- Jésus crache dans les yeux de l'aveugle (traduction Chouraki et plusieurs autres) (seul cas dans la Parole de Dieu) et impose les mains.
- Jésus doit s'y reprendre à 2 fois (seul cas dans la Parole de Dieu).
a) Le crachat.
La première chose est de prendre en compte que Jésus ne faisait que ce qu'il voyait au Père, ce qui signifie que Jésus venait de voir Dieu cracher sur l'aveugle. Ce qui, présenté de la sorte paraît encore plus fou. C'est dans cette optique que nous pouvons rapprocher ce qui vient de se passer à ce qui est arrivé à Marie, sœur de Moïse et d'Aaron.
- Nombres 12.13-14 : Moïse cria à l'Éternel, en disant: O Dieu, je te prie, guéris-la! Et l'Éternel dit à Moïse: Si son père lui avait craché au visage, ne serait-elle pas pendant sept jours un objet de honte? Qu'elle soit enfermée sept jours en dehors du camp; après quoi, elle y sera reçue.
L'aveugle a participé à un traquenard contre Jésus, mais sa situation le rend également victime de ce qui s'est passé. Dans le passage du livre des Nombres Dieu nous dit que si le père de Marie lui avait craché au visage elle devrait être enfermée sept jours en dehors du camp. Pourtant cela semble surréaliste ! Quel est le rapport avec ce qu'elle vient de faire ? Bien sur elle a fauté, on pourrait comprendre une sanction, quelle qu'elle soit, mais où se trouve le lien entre elle faisant quelque chose de mal, et son père lui crachant dessus. Cela donne l'impression qu'elle n'est pas sanctionnée pour ce qu'elle a fait, mais pour ce qui lui a été fait.
Regarder sa faute est cependant intéressant, parce qu'elle n'est pas sans rappeler celle de l'aveugle. La faute de Marie a été de nier la particularité de Moïse qui était celui que Dieu avait choisi pour parler au peuple. Le peuple de Bethsaïda et l'aveugle ont fait la même chose. Ils sont allés vers Jésus pour démontrer qu'il n'était pas la voix de Dieu.
Dans le passage des Nombres, la raison invoquée par Dieu semble hors du temps, elle paraît ne pas correspondre à la faute. En réalité, La Parole de Dieu est un tout, et il est probable que cette information que Dieu donne en parlant à Moïse est ce qu'il nous fallait pour comprendre ce qui se passe avec l'aveugle de Bethsaïda, qui est amené hors du camp (donc de la ville), qui reçoit un crachat au visage de la part de Dieu (donc de son Père), et qui doit rester hors du camp après cela (donc hors de la ville).
Vu comme ça, ce crachat permet encore plus de comprendre l'amour de Dieu. Moïse a, des millénaires plus tôt, intercédé pour cet aveugle. La faute étant la même, il y avait une sorte de jurisprudence spirituelle. En lui crachant au visage, Jésus a permis le pardon de Dieu, en incorporant l'aveugle dans le changement de sanction dont Marie avait bénéficié.
En lui crachant au visage, Jésus a permis le pardon de sa faute, en lui imposant les mains, il l'a guéri.
b) Guérison en deux étapes.
Il est possible que cela soit relié au fait que non seulement personne n'avait la foi pour ça, mais bien pire, l'incrédulité régnait en maitresse, il me semble cependant qu'il doit y avoir une raison bien plus profonde que je n'ai pas encore comprise à ce jour.