Les seconds rôles des évangiles.
1 - Barabbas.
a) Le personnage.
La première chose à dire est que Barabbas, dont on ne connaît presque rien, est présent dans les quatre évangiles. Aussi anecdotique que cela puisse paraître, c'est tout de même quelque chose de suffisamment rare pour être signalé.
Il n'est pas nécessaire d'être long pour comprendre le message qui nous est transmis à travers ce personnage.
Barabbas était un prisonnier célèbre qui était un opposant violent au pouvoir en place, lors d'une révolte contre ce même pouvoir, il a tué un homme et s'est retrouvé emprisonné, à la fois pour la révolte à laquelle il a participé et pour le meurtre qu'il a commis. C'est pour cela que, bien qu'étant un brigand, il est apprécié par de nombreuses personnes dans le peuple.
Lorsque Jésus est présenté à Pilate, ce dernier tente de le faire libérer en usant d'une coutume consistant à libérer un prisonnier à Pâque. C'est là qu'interviennent les chefs des sacrificateurs qui, devant la demande de Pilate, excitent la foule en leur soufflant le nom de celui qui avait, quelque temps auparavant, tenté de libérer sa nation.
b) Points communs et oppositions avec Jésus.
b.1) Un libérateur.
Barabbas était venu libérer le peuple. Quand Jésus est venu nous rendre spirituellement libres, Barabbas est venu libérer le peuple charnellement. Le peuple avait voulu enlever Jésus pour le faire roi, cette volonté de libération était dans le cœur de tous, mais ils ne pouvaient pas comprendre la profondeur de leur esclavage, alors ils s'en remettaient à ce qu'ils connaissaient, la libération de l'oppression romaine.
b.2) Condamné à mort.
L'un comme l'autre sont condamnés à mort. Barabbas l'est à juste titre, Jésus est un sacrifice expiatoire pour le péché des hommes. Mais dans la condamnation, les deux sont jugés dignes de la même peine.
b.3) Lavé du péché.
Barabbas est lavé du péché par le peuple, montrant que les pécheurs se reconnaissent entre eux et que l'injustice attire l'injustice. Jésus, qui est le juste juge, se fait justice pour le monde et reçoit notre condamnation. Ce faisant, il lave le peuple de ses péchés.
La conséquence de ce parallèle est que Barabbas, qui est le champion du peuple, lui apporte la condamnation puisque la loi de Dieu interdit d'innocenter le coupable. En le faisant ils portent tous la culpabilité de celui qu'ils ont libéré, tout comme ils portent la culpabilité de celui qu'ils condamnent parce qu'il est innocent et juste, et que tout le monde le sait.
- Exode 23.6-7 : Tu ne porteras point atteinte au droit du pauvre dans son procès. Tu ne prononceras point de sentence inique, et tu ne feras point mourir l'innocent et le juste; car je n'absoudrai point le coupable.
A l'inverse, Jésus qui est le condamné du peuple, leur apporte la possibilité de salut.
b.4) Fils de Dieu.
C'est le lien le plus étrange et le plus parlant. Jésus est le Fils de Dieu, cela ne fait pas grand mystère parmi les croyants. Ce que l'on prend rarement en compte, c'est que le nom de Barabbas signifie 'le fils du père', ou 'le fils d'un père'. On pourrait penser que Barabbas est un type de Jésus, il va de soi qu'il n'en est rien.
c) Explication 1 : L'image d'une image.
Barabbas est un type de l'antéchrist. Il est la bête blessée qui est guérie, condamné à mort sans aucune chance de s'en sortir, il retrouve sa liberté de criminel sous les acclamations du peuple. Toujours aussi coupable, mais exempt de sanction par les hommes.
Il est là avant Jésus et porte non pas son nom, mais son titre, faisant miroiter au peuple une libération que seul Jésus peut leur donner.
d) Explication 2 : Azazel.
C'est une deuxième façon de voir le personnage. Comme d'habitude, deux explications ne signifient pas qu'une seule soit vraie, les deux pouvant l'être, l'inverse étant également vrai.
La deuxième explication, qui peut être la même que la première sous un certain angle, serait de voir Barabbas et Jésus comme les deux boucs du sacrifice d'Azazel (Lévitique 16). Dans cette façon de voir, le péché est posé sur la tête de Jésus, qui est le bouc sacrificiel, celui qui sert à l'expiation, ensuite, le deuxième, qui dès lors serait Barabbas, serait alors renvoyé dans le désert afin d'annoncer que le péché s'apprête à être pardonné. Ce deuxième bouc porte la faute du peuple, donc la libération impie que le peuple lui a accordée et annonce que Dieu fait la paix avec son peuple.
e) Les passages parlant de Barabbas.
Matthieu 27.15-26 : A chaque fête, le gouverneur avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que demandait la foule. Ils avaient alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas. Comme ils étaient assemblés, Pilate leur dit: Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus, qu'on appelle Christ? Car il savait que c'était par envie qu'ils avaient livré Jésus. Pendant qu'il était assis sur le tribunal, sa femme lui fit dire: Qu'il n'y ait rien entre toi et ce juste; car aujourd'hui j'ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. Les principaux sacrificateurs et les anciens persuadèrent à la foule de demander Barabbas, et de faire périr Jésus. Le gouverneur prenant la parole, leur dit: Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche? Ils répondirent: Barabbas. Pilate leur dit: Que ferai-je donc de Jésus, qu'on appelle Christ? Tous répondirent: Qu'il soit crucifié! Le gouverneur dit: Mais quel mal a-t-il fait? Et ils crièrent encore plus fort: Qu'il soit crucifié! Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte augmentait, prit de l'eau, se lava les mains en présence de la foule, et dit: Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde. Et tout le peuple répondit: Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants! Alors Pilate leur relâcha Barabbas; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié.
Marc 15.6-15 : A chaque fête, il relâchait un prisonnier, celui que demandait la foule. Il y avait en prison un nommé Barabbas avec ses complices, pour un meurtre qu'ils avaient commis dans une sédition. La foule, étant montée, se mit à demander ce qu'il avait coutume de leur accorder. Pilate leur répondit: Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs? Car il savait que c'était par envie que les principaux sacrificateurs l'avaient livré. Mais les chefs des sacrificateurs excitèrent la foule, afin que Pilate leur relâchât plutôt Barabbas. Pilate, reprenant la parole, leur dit: Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs? Ils crièrent de nouveau: Crucifie-le! Pilate leur dit: Quel mal a-t-il fait? Et ils crièrent encore plus fort: Crucifie-le! Pilate, voulant satisfaire la foule, leur relâcha Barabbas; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié.
Luc 23.17-24 : A chaque fête, il était obligé de leur relâcher un prisonnier. Ils s'écrièrent tous ensemble: Fais mourir celui-ci, et relâche-nous Barabbas. Cet homme avait été mis en prison pour une sédition qui avait eu lieu dans la ville, et pour un meurtre. Pilate leur parla de nouveau, dans l'intention de relâcher Jésus. Et ils crièrent: Crucifie, crucifie-le! Pilate leur dit pour la troisième fois: Quel mal a-t-il fait? Je n'ai rien trouvé en lui qui mérite la mort. Je le relâcherai donc, après l'avoir fait battre de verges. Mais ils insistèrent à grands cris, demandant qu'il fût crucifié. Et leurs cris l'emportèrent: Pilate prononça que ce qu'ils demandaient serait fait.
Jean 18.38-40 : Pilate lui dit: Qu'est-ce que la vérité? Après avoir dit cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit: Je ne trouve aucun crime en lui. Mais, comme c'est parmi vous une coutume que je vous relâche quelqu'un à la fête de Pâque, voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs? Alors de nouveau tous s'écrièrent: Non pas lui, mais Barabbas. Or, Barabbas était un brigand.
2 - Nicodème.
Nicodème représente la multitude de croyants qui ont choisi de ne pas suivre Jésus. Bien qu'il représente beaucoup de monde de nos jours, il n'en reste pas moins quelqu'un de presque insignifiant dans les évangiles. Cité 5 fois, il ne l'est que dans l'évangile de Jean, les trois autres l'occultant totalement. Parmi ces cinq fois, trois se font dans le même passage.
Il représente tout ce qui fait la faiblesse de l'église qui se prétend de Dieu. Il sait que Jésus est Dieu, mais il refuse de changer.
Nicodème est un pharisien, et il n'y a pas de bons pharisiens. Il peut éventuellement y en avoir de 'moins pires' que les autres, mais c'est un ordre qui a rejeté Dieu depuis longtemps. Ils vivent de préceptes en rituels, donc aucun ne porte Dieu en lui. Jésus s'est clairement exprimé sur cet ordre dans le vingt-troisième chapitre de l'évangile de Matthieu, les qualifiant d'hypocrites et leur demandant : Serpents, race de vipères! comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne? (Matthieu 23.33).
Nicodème appartient à cet ordre et, quels que soient ses états d'âme, c'est lui qui fait le choix de ne pas en sortir. Il porte en lui ce qui a scellé la condamnation de Jonathan, le fils de Saül. Il sait qui est de Dieu et qui ne l'est pas, mais il fait le choix de rester avec ceux qui n'en sont pas. Jonathan est mort entouré de ses ennemis alors qu'il aurait pu être aux côtés de David, qui a été libéré des siens. Nicodème est resté dans les chaînes de l'esclavage des pharisiens lorsque Jésus est venu pour libérer les siens. Il n'a même pas l'excuse de ne pas l'avoir compris. Son choix était parfaitement éclairé.
Les récentes élucubrations d'un cinéaste perverti concernant ce personnage, lui donne une aura qui est loin d'être la bonne. Loin de cette propagande qui essaye de redéfinir les contours de la Parole de Dieu, les trois passages qui nous parlent de ce personnage sentent plus le fumier que l'encens.
a) La rencontre entre Nicodème et Jésus.
- Jean 3.1-2 : Mais il y eut un homme d'entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des Juifs, qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit: Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n'est avec lui.
L'introduction à ce personnage nous montre 4 choses :
- Il est pharisien,
- Il parle au nom des pharisiens (nous savons),
- Il vient de nuit, signe de sa crainte d'être vu en présence de Jésus,
- Il commence par brosser Jésus dans le sens du poil en usant de flatteries.
Jésus remarque de suite son discours séducteur et y répond en ce qui prend l'apparence d'un soufflet verbal :
- Jean 3.3 : Jésus lui répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.
Nicodème s'est présenté de toute sa hauteur. Il a commencé par exprimer sa connaissance et la grandeur de son niveau de compréhension, et Jésus le remet à sa place en lui disant que le seul moyen qu'il pourrait avoir de comprendre la moindre chose serait de naître de nouveau.
La remise en place coupe court à l'introduction de Nicodème qui perd presque instantanément son statut de docteur de la loi pour devenir élève. En une phrase, Jésus a remis chaque chose à sa place. Nicodème n'affirmera plus rien et se contentera de demander des explications.
- Jean 3.4 : Nicodème lui dit: Comment un homme peut-il naître quand il est vieux? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître?
L'occasion voulue par Jésus est là, il peut donc lui expliquer les choses telles qu'elles sont :
- Jean 3.5-8 : Jésus répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'Esprit est Esprit. Ne t'étonne pas que je t'aie dit: Il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit.
Très sommairement, Jésus explique à Nicodème qu'il est né de la chair et qu'il ne peut comprendre que les choses qui sont de la chair, lui précisant que pour comprendre les autres, donc celles au sujet desquelles il se prononce, il faudrait d'abord qu'il passe par le baptême d'eau et par le baptême du Saint-Esprit. Cela nous rappelle qu'il ne sert à rien de parler à des inconvertis et que nous devrions toujours garder à l'esprit que nous ne sommes pas du même monde. Tout ce que nous pouvons faire c'est le leur rappeler en leur faisant comprendre que le choix que nous avons fait dans le passé, ils peuvent le faire dans le présent. C'est la base même de ce que Jésus faisait depuis le début de son ministère (Matthieu 4.17 : Dès ce moment Jésus commença à prêcher, et à dire: Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche).
Jusque-là, nous avons Nicodème qui étale son savoir, et Jésus qui lui fait comprendre que nous ne pouvons comprendre que ce qui est en accord avec ce que nous sommes. Si nous sommes de la chair, nous comprenons les choses de la chair et si nous sommes de l'Esprit, nous comprenons les choses de l'Esprit.
Suite à cela, il termine en lui disant qu'il n'est pas de l'Esprit :
- Jean 3.8 : Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'Esprit.
Bien qu'on comprenne usuellement ce verset de manière générale, il est en réalité une réponse à Nicodème, et la troisième partie de la discussion, celle où Jésus dit à Nicodème où il se situe. Les trois parties sont identifiables de la sorte :
- Nicodème se positionne.
- Jésus dit à Nicodème qu'il y a deux camps indépendants l'un de l'autre, la chair et l'Esprit.
- Jésus dit à Nicodème qu'il est de la chair et ne peut rien comprendre à l'Esprit.
La conclusion de ce passage revêt une particularité assez unique. Comme très souvent, Jésus ne laisse pas planer le doute, il est tranchant. Nicodème est dans le flou, lui qui se présentait du haut de sa connaissance est complètement perdu : (Jean 3.9 : Nicodème lui dit: Comment cela peut-il se faire?). C'est là que la particularité du discours de Jésus apparaît :
- Jean 3.10-11 : Jésus lui répondit: Tu es le docteur d'Israël, et tu ne sais pas ces choses! En vérité, en vérité, je te le dis, nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu; et vous ne recevez pas notre témoignage.
Il commence par faire un parallèle avec ce que Nicodème avait dit auparavant. Dans sa présentation, il avait affirmé que Jésus était un docteur venu de Dieu, c'est pour ça que Jésus, qui vient de préciser la différence entre la chair et l'Esprit, s'adresse à lui en le situant dans sa fonction : Tu es le docteur d'Israël.
En d'autres termes, dans ce passage, Jésus lui dit : je suis le docteur de l'Esprit, tu es le docteur de la chair, et tu ne peux comprendre ni ce que je suis, ni ce que je fais, et encore moins d'où je viens. La particularité se trouve ici, dans le verset 11. Pour la première fois, Jésus ne parle pas à la première personne du singulier, mais du pluriel. Il lui dit expressément : NOUS disons ce que NOUS savons, et NOUS rendons témoignage de ce que NOUS avons vu; et VOUS ne recevez pas NOTRE témoignage.
Leur dialogue, qui de prime abord, paraissait personnel, est soudainement globalisé. Non seulement Jésus passe du particulier au général, mais pour la première fois il s'inclut dans ce général. Nous avons ici la plus claire expression de la séparation nécessaire d'avec le monde. Jésus exprime le fait que la différence qu'il pointait en discutant avec Nicodème est une différence fondamentale. Elle est vraie pour tous, dans toutes les situations. Cette séparation transcende la création elle-même. Il ne s'agit pas de dire que sur terre, il y a le camp de la chair et le camp de l'Esprit, mais qu'en toute chose il y a la nécessité d'être d'un côté ou de l'autre, et cela inclut Dieu. En faisant cela, Jésus s'identifie à ses disciples et il les identifie à lui. Ils ne forment qu'un, Jésus étant indissociable de son corps. L'affirmation est que leur témoignage est vrai et que Nicodème et les siens, qui eux également ne font qu'un, ne le reçoivent pas.
Dans ce passage, ce que nous avons c'est Jésus qui met Nicodème en fasse de ses contradictions et qui l'éclaire juste assez pour qu'il se rende compte qu'il est dans l'obscurité.
b) La fausse prise de position de Nicodème.
- Jean 7.46-53 : Les huissiers répondirent: Jamais homme n'a parlé comme cet homme. Les pharisiens leur répliquèrent: Est-ce que vous aussi, vous avez été séduits? Y a-t-il quelqu'un des chefs ou des pharisiens qui ait cru en lui? Mais cette foule qui ne connaît pas la loi, ce sont des maudits! Nicodème, qui était venu de nuit vers Jésus, et qui était l'un d'entre eux, leur dit: Notre loi condamne-t-elle un homme avant qu'on l'entende et qu'on sache ce qu'il a fait? Ils lui répondirent: Es-tu aussi Galiléen? Examine, et tu verras que de la Galilée il ne sort point de prophète. Et chacun s'en retourna dans sa maison.
Les deux autres passages concernant Nicodème seront très rapidement passés en revu. Le premier est donc celui où il tente d'influencer ses confrères pharisiens. La scène est la suivante : Des huissiers et des pharisiens discutent ensemble. Les huissiers sont troublés par l'enseignement de Jésus, et les pharisiens interviennent immédiatement pour leur mettre la pression et les empêcher de poursuivre leur introspection. Ce faisant, ils chargent au maximum ceux qui croient dans les enseignements de Jésus, les qualifiants de maudits.
C'est à ce moment-là qu'intervient Nicodème. Non pas pour se positionner par rapport à Jésus, mais pour se positionner par rapport à la loi. Là où certains voient une intervention de Nicodème en faveur de Jésus, la réalité est toute autre. Bien sûr, il sait que Jésus est plus que ce que pense son ordre, mais il sait également que se prononcer en sa faveur, c'est perdre ses privilèges, sa position sociale et professionnelle, et il tient bien trop à ses richesses pour prendre une vraie position. C'est pour cela qu'il ne prend même pas une position forte par rapport à la loi. Il aurait pu affirmer qu'ils devaient d'abord entendre un accusé avant de le condamner. Personne n'aurait pu lui répliquer quoi que ce soit, il aurait simplement montré en faisant cela, sa droiture par rapport à la loi. Mais même ça il ne l'a pas fait. Il préfère poser une question sur un sujet dont il connaît parfaitement la réponse, et s'expose donc à une suite qu'il ne peut contrôler.
S'étant positionné avec faiblesse, il est traité comme un faible et sa question plaintive est balayée avec mépris. Lui qui n'a pas accepté l'Esprit se retrouve méprisé par la chair. Jésus l'avait prévenu, ce qui est de la chair ne peut rien comprendre à l'Esprit. C'est ce qui se passe ici, Nicodème essaye de prendre la défense de Jésus, mais il choisit un argument charnel pour convaincre des êtres charnels, et se fait renvoyer dans les cordes sans ménagement.
c) Le corps de Jésus.
- Jean 19.38-42 : Après cela, Joseph d'Arimathée, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate la permission de prendre le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Il vint donc, et prit le corps de Jésus. Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d'environ cent livres de myrrhe et d'aloès. Ils prirent donc le corps de Jésus, et l'enveloppèrent de bandes, avec les aromates, comme c'est la coutume d'ensevelir chez les Juifs. Or, il y avait un jardin dans le lieu où Jésus avait été crucifié, et dans le jardin un sépulcre neuf, où personne encore n'avait été mis. Ce fut là qu'ils déposèrent Jésus, à cause de la préparation des Juifs, parce que le sépulcre était proche.
Là aussi la réalité est souvent transformée.
Nicodème n'a pas réclamé le corps de Jésus, il n'a donc pas plus pris position. C'est Joseph d'Arimathée qui en fera la demande à Pilate. C'est également Joseph d'Arimathée qui décrochera le corps. Le rôle de Nicodème se limite à avoir rejoins Joseph pour l'embaumement. Donc une fois que personne ne peut les voir.
d) Conclusion.
On constate que dans les trois cas où une interaction a eu lieu avec Nicodème et Jésus, la nuit était proche ou présente. La première rencontre se fait nuitamment; la deuxième apparition de Nicodème dans les écrits se fait juste avant que tous retournent dans leur maison, donc juste avant que la nuit ne tombe, et la troisième se fait pendant la préparation, donc juste avant la nuit, sachant que l'obscurité était tombée dès la mort de Jésus.
Le monde pervers dans lequel nous vivons a du mal à comprendre que ne pas choisir Jésus, c'est faire un choix. Nicodème n'était pas entre deux eaux parce que personne ne peut se trouver là. Celui qui n'assemble pas avec moi, disperse (Matthieu 12.30) disait Jésus. Nicodème avait les deux pieds dans le monde. Il avait compris que Jésus était de Dieu, mais il a préféré le monde, et les apparences nocturnes n'y changent rien, elles n'étaient que l'expression de sa honte.
Simon a renié Jésus par trois fois, et il a pleuré. Nicodème était défenseur de la loi des hommes, pas de celle de Dieu, et jusqu'au bout, il se conformera à elle. Jusque dans le respect de la tradition de l'embaumement. Tout comme ses actions auprès des siens n'avaient porté aucun fruit, les bandes qu'il mettra à Jésus pour l'embaumer finiront par terre. Ce qui était nécessaire avait déjà été pourvu par Marie de Béthanie, et avait attiré l'approbation de Jésus et l'incompréhension des disciples.
Nicodème qui était de la chair n'aura rien compris du début à la fin de sa présence dans les évangiles. Il a cru tout du long qu'il pouvait faire coexister la chair et l'Esprit, mais, finalement, il n'aura pas eu l'Esprit et aura vécu dans la crainte de la chair.
3 - Simon de Cyrène.
Parmi la foule de personnages mineurs s'en trouve un particulier qui porte un message très important.
La notion de "mineur" est portée à son paroxysme puisqu'il n'est présent que dans un seul verset, se trouvant dans chacun des trois premiers évangiles.
- Matthieu 27.32 : Lorsqu'ils sortirent, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, appelé Simon, et ils le forcèrent à porter la croix de Jésus.
- Marc 15.21-22 : Ils forcèrent à porter la croix de Jésus un passant qui revenait des champs, Simon de Cyrène, père d'Alexandre et de Rufus; et ils conduisirent Jésus au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne.
- Luc 23.26 : Comme ils l'emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix, pour qu'il la porte derrière Jésus.
La signification de ce qu'a fait Simon de Cyrène est simple, et elle se rattache à un autre passage qui se trouve également dans les trois premiers évangiles :
- Matthieu 10.37-39 : Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi; celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n'est pas digne de moi. Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera.
- Marc 8.34-35 : Puis, ayant appelé la foule avec ses disciples, il leur dit: Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera.
- Luc 9.23-24 : Puis il dit à tous: Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la sauvera.
Jésus a porté la sanction de nos péchés, mais il ne peut pas aller à la croix pour nous, nous devons y aller nous-même. C'est pour cela qu'il ne pouvait pas porter la croix jusqu'au lieu du sacrifice. Simon de Cyrène revêt cette signification, il est chacun d'entre nous, allant jusqu'à la croix, mais ne montant pas dessus, parce que Jésus l'a fait à notre place.
Par contre, celui qui refuse de porter sa croix, refuse simplement que Jésus monte dessus pour porter la sanction de ses fautes. Si vous ne la portez pas jusqu'au sommet de Golgotha, Jésus ne peut pas monter dessus.
3 - Marie de Béthanie.
Matthieu 26.6Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux,26.7une femme s'approcha de lui, tenant un vase d'albâtre, qui renfermait un parfum de grand prix; et, pendant qu'il était à table, elle répandit le parfum sur sa tête.26.8Les disciples, voyant cela, s'indignèrent, et dirent: A quoi bon cette perte?26.9On aurait pu vendre ce parfum très cher, et en donner le prix aux pauvres.26.10Jésus, s'en étant aperçu, leur dit: Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme? Elle a fait une bonne action à mon égard;26.11car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m'avez pas toujours.26.12En répandant ce parfum sur mon corps, elle l'a fait pour ma sépulture.26.13Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu'elle a fait.
Jean 12.1Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie, où était Lazare, qu'il avait ressuscité des morts.12.2Là, on lui fit un souper; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui se trouvaient à table avec lui.12.3Marie, ayant pris une livre d'un parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux; et la maison fut remplie de l'odeur du parfum.12.4Un de ses disciples, Judas Iscariot, fils de Simon, celui qui devait le livrer, dit:12.5Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cent deniers, pour les donner aux pauvres?12.6Il disait cela, non qu'il se mît en peine des pauvres, mais parce qu'il était voleur, et que, tenant la bourse, il prenait ce qu'on y mettait.12.7Mais Jésus dit: Laisse-la garder ce parfum pour le jour de ma sépulture.12.8Vous avez toujours les pauvres avec vous, mais vous ne m'avez pas toujours.