Jésus n'est pas venu pour ...


... JUGER LE MONDE


PDFs

1 - Introduction.

2 - ... juger le monde.

a) Jésus ne juge personne.

b) La Parole nous juge, mais pas celui qui l'a prononcé.

c) Le corolaire.

3 - Conclusion.

1 - Introduction.


La plupart des enseignements et des prédications qu'on entend nous parlent de ce que Jésus a fait, passant des guérisons aux délivrances et ainsi de suite. C'est tout à fait normal d'expliquer ces choses, mais il y a une chose dont on ne parle que très rarement, ce sont les choses non pas qu'il n'a pas faites, mais les choses pour lesquelles il dit lui-même ne pas être venu.

Chacune de ces notions est amenée par la négative, tout en ayant pour destination une clarification de ce pour quoi il est venu. La raison en est simplement que ses affirmations concernant ce pour quoi il n'est pas venu sont faites en réponses aux attentes de ses interlocuteurs. Il affirme donc, sommairement, que nos pensées ne sont pas les pensées de Dieu (Esaïe 55.8 : Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, Dit l'Éternel).

Cela doit cependant également nous rappelez que si nous nous attendons à ces choses, c'est qu'il nous manque un niveau de compréhension. Ca n'est jamais problématique, le but a toujours été de progresser et cette dite progression ne cessera jamais. Il est donc évident que certaines de nos attentes d'aujourd'hui finiront par disparaître si elles n'étaient pas en accord avec la volonté de Dieu, pour peu que nous soyons sincère avec lui et avec nous-même.

2 - ... juger le monde.


a) Jésus ne juge personne.

La deuxième chose que Jésus n'est pas venu faire, c'est juger le monde. On trouve cette affirmation dans la version de l'évangile transmise par Jean.

🔘​ Jean 3.17-19 : Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. 17 Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu'il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. 18 Celui qui croit en lui n'est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. 19 Et ce jugement c'est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises.

Bien qu'il t ait d'autres passages amenant la même évidence, il se trouve que celui-ci est particulièrement intéressant. Ce qu'il met en avant est évidemment le fait que Jésus ne soit pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver. Par contre, ce qu'on note moins souvent, c'est qu'il continue en affirmant que cela n'enlève en rien la présence d'un jugement qui est rattaché à sa venue.

Le verset 16 nous fait l'affirmation très connue concernant le don de Jésus et la raison qui le sous tendait. Le verset 17 le clarifie en affirmant que la raison de la venue de Jésus était le salut du monde et non sons jugement. Cependant, devant l'évidence que ces propos seraient détournées, une précision est faite. Oui ! Jésus n'est pas venue juger le monde, mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de jugement directement rattaché à sa venue. Cela ne fait que dire que Jésus ne juge pas. A partir du monde où il n'y a que l'obscurité, alors il n'y a pas de choix à faire. Par contre si on ajoute la lumière, il y a soudainement une alternative, et si la lumière ne vous juge pas, vous n'en restez pas moins en face d'un choix.

C'est ce que nous montrent les versets 18 et 19 qui, s'ils sont généralement exclus des différentes citations de Jean 3.16, n'en restent pas moins fondamentaux quand on en vient a essayer de comprendre ce qu'il signifie réellement. Ils le sont parce qu'après nous avoir dit que Jésus est venu nous sauver, et non nous juger, il nous pose l'évidence que toute action a une conséquence. Dans le cas présent, l'action c'est la venue de Jésus, qui, bien que ne nous jugeant pas, met sur la table une offre par le simple fait de sa présence. Un peu comme un train qui entre dans une gare déserte, qui y reste un instant et repart avec ceux qui sont montés à bord. Le train ne juge personne, c'est chacun individuellement qui décide s'il veut monter dedans ou non. Cela met en avant que nous étions tous condamnés, et que, bien que sa venue ne nous sauve pas, nous avons désormais la possibilité de l'être. Ca n'est donc pas Jésus qui décide qui est sauvé et qui ne l'est pas, c'est chacun qui a la possibilité de monter dans le train ou de rester sur le quai.

La manière utilisée par Jean pour l'expliquer est simplement que ceux qui ne voulaient pas abandonner leurs pratiques ont préféré rester loin de Dieu parce qu'ils savaient qu'elles allaient être révélées. Ils ont préféré le confort temporaire des ténèbres et ont, ce faisant, prononcé leur propre jugement. Ce que chacun est appelé à faire. C'est la conséquence de la venue de Jésus. Oui, il ne nous juge pas, mais par contre, en le refusant, nous nous jugeons nous-même.


b) La Parole nous juge, mais pas celui qui l'a prononcé.

Ceux qui veulent que Dieu leur fasse justice demande en réalité un jugement, et cela n'arrivera pas de la part de Dieu, qui est là pour sauver.

Je suis revenu sur le sujet de la chronologie du jugement à de nombreux endroits sur le site. Je vais donc uniquement le résumé très succinctement. Le jugement ne peut exister au ciel puisqu'il consiste à faire un tri et au ciel règne la justice, qui n'est pas la mise en pratique d'un tri, mais la volonté de Dieu. Le jugement a donc été remis au Fils qui allait sur terre, parce que le jugement est fait pour le terrestre. Jésus n'étant pas là pour juger, mais pour sauver, ne garde pas le jugement en lui et le transmet à son tour. Il le transmet à sa Parole qui, elle, nous jugera à la fin des temps. Cela signifie que notre conformité à ce qui est écrit sera l'élément fondamental de notre salut. Et pour ceux qui détournent la chose en affirmant que c'est Jésus qui est l'élément fondamental de notre salut, il faut se rappeler que Jésus est la Parole faite chair. Ce qui ne signifie pas seulement qu'il est devenu humain, mais surtout, et donc en premier lieu, qu'il est l'accomplissement de la Parole de Dieu. Il est ce qui a été annoncé. Il est la chose dite. Il est la Parole de Dieu.

C'est pour cela que ça n'est pas sa Parole qui est notre juge, puisqu'il est la Parole et que cela impliquerait qu'il est notre juge. Ce qui invaliderait cette même Parole qui nous dit que Jésus ne nous juge pas. En réalité, le texte nous dit donc non pas que c'est la Parole qui nous juge, mais plus spécifiquement : Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a son juge ; la parole que j'ai annoncée, c'est elle qui le jugera au dernier jour (Jean 12.48). Ca n'est donc pas une décision de Jésus, mais une conformité avec ce qu'il a dit qui sera notre juge. C'est un jugement mécanique qui ne fait état d'aucun favoritisme. C'est, selon Jésus : la parole que j'ai annoncée, qui sera notre juge, et pas Jésus lui-même. Un peu comme la situation que nous avons dans le chapitre 6 du livre de Daniel, où le roi Nebucadnetsar, prononce une loi et Daniel se voit condamner par cette loi alors même que Nebucadnetsar ne lui voulait aucun mal (Daniel 6.14 : Le roi fut très affligé quand il entendit cela ; il prit à coeur de délivrer Daniel, et jusqu'au coucher du soleil il s'efforça de le sauver). De la même manière, Jésus a prononcé une loi, et bien qu'il souhaite que tous les hommes soient sauvés et qu'il continue d'œuvrer à cela, il ne peut annuler la loi.


c) Le corolaire.

Il existe un corolaire à cette affirmation concernant le fait que Jésus ne soit pas venu juger le monde. Comme dans tous les cas où il nous est précisé une des raisons pour lesquelles Jésus n'est pas venu, le but est de pointer du doigt une incompréhension des hommes concernant leurs attentes. Or, on constate souvent cette tendance à demander à Dieu de prendre partie dans un différent qui nous concerne. Cela revient à demander à lui demander de juger, alors qu'il a clairement précisé qu'il avait remis le jugement dans les mains de la Parole qu'il a prononcé.

Ce problème vient de deux choses. Tout d'abord on confond la justice et le jugement. Si on demande le deuxième, c'est généralement parce qu'on n'a pas compris la signification du premier. Le jugement consiste en une catégorisation de deux parties (une bonne et une mauvaise), alors que la justice consiste en une élévation d'une seule. C'est pour cela que Dieu nous justifie mais ne nous juge pas. Nous interprétons mal ce que nous lisons parce que nous ne nous reposons pas sur une vue d'ensemble. Un bon exemple se trouve dans l'évangile selon Jean alors qu'il nous est transmis ce qui suit : Je ne puis rien faire de moi-même : selon que j'entends, je juge ; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé (Jean 5.30). Dans ce verset, Jésus nous dit qu'il juge, mais en réalité, ce qui est concrètement écrit, c'est tout d'abord qu'il juge selon ce qu'il entend. Il parle ici non pas de ce qu'il entend des hommes et donc éventuellement des parties concernées, mais de ce qu'il entend du Père. Donc il évalue une situation non pas en prenant tous les éléments qui sont charnellement à sa disposition, mais qu'il le fait en transmettant ce que le Père a dit. Cette façon de faire a pour conséquence la suite de ce qu'il dit : et mon jugement est juste. Ce qui signifie que ce qu'il prononce est rattaché à la justice. Son jugement est en réalité l'expression de la justice de Dieu, parce que, poursuit-il, son but est la volonté de celui qui l'a envoyé. Donc bien qu'il soit fait mention de jugement, dans la réalité, il ne fait que parler de justice. Pour essayer de schématiser, imaginons deux personnes en conflit qui viendraient demander à une autorité supérieure de trancher entre elles. Si cette autorité établit que l'une a raison et l'autre tort, alors elle vient de prononcer un jugement. Par contre, si elle dit de l'une qu'elle était dans son bon droit, alors elle la justifie mais ne prononce pas de jugement, parce qu'elle ne s'occupe pas de l'autre. C'est le différence entre le jugement et la justice. La justice s'occupe de ce qui est en accord avec la volonté de Dieu, mais ne prend pas égard à ce qui ne l'est pas. Le jugement classifie les deux parties.

Or, lorsque nous demandons à Dieu, dans nos prières par exemple, de prendre partie dans ce qui nous arrive, dans de très nombreux  cas, nous appelons un jugement sur l'autre. Soyons franc, nous l'appelons rarement sur nous-même. Mais Jésus a été clair, il n'est pas venu pour juger, mais pour sauver. Celui sur qui nous appelons un jugement, que nous le fassions consciemment ou non, est très précisément une personne pour laquelle Jésus est venu, s'est sacrifié et à été ressuscité. Il nous a dit clairement qu'il n'est pas venu pour ça, et il ne le fera pas. C'est pour cela que Jésus est notre avocat  (1 Jean 2.1) et non notre juge.

Cette notion de justice et de jugement est essentiellement difficile à comprendre parce que sa signification même dans la Parole varie en fonction de l'époque dont le texte parle. Si la justice représente toujours la même chose, le jugement par contre change en fonction du moment. Non pas comme un girouette, parce qu'il y a une logique, mais les affirmations le concernant dans l'ancienne alliance sont à comprendre à travers l'éclaircissement de la grâce révélée dans la nouvelle, et sa signification se module une fois de plus lorsque l'on parle spécifiquement de la période de la fin des temps et donc précisément de la période des jugements. Lorsqu'on ajoute à cela que le jugement concernant les hommes et concernant les choses ne suit pas les mêmes règles, il devenait presque inévitable de s'emmêler les pinceaux dans une doctrine qui n'est sommes toutes pas si difficile à comprendre. Par ailleurs, même dans la langue française, le terme "jugement" est ambigüe puisqu'il peut prendre le sens de "condamnation", qui n'est pas nécessairement porté par les affirmations de la Parole de Dieu.

Nous devons porter un jugement permanent sur ce qui nous entoure, ne serait-ce que pour savoir si c'est conforme à la volonté de Dieu. Ce jugement doit donc se faire selon la justice (Jean 7.24 : Ne jugez pas selon l'apparence, mais jugez selon la justice), donc selon la volonté de Dieu et non selon la nôtre. Il reste cependant obligatoire et nécessaire à notre sécurité. Cela fait que ce jugement, qui doit se faire selon la justice de Dieu, ne peut être pour stigmatiser l'autre, mais uniquement pour nous protéger nous. Par exemple, ne pas accepter de côtoyer certaines personnes ne doit pas relever d'un rejet de ces personnes, mais d'une volonté de ne pas nous laisser influencer par leurs comportements. C'est donc en raison de nos faiblesses (Matthieu 26.41 : l'esprit est bien disposé, mais la chair est faible) que nous devons juger l'autre. Non pas pour le condamner, mais pour nous protéger de son influence. Tout comme nous ferions bien plus attention à un couteau aiguisé que nous ne le ferions avec un couteau émoussé. 

Malheureusement, cette incompréhension de la notion de jugement porte de nombreux croyants à l'appeler sur d'autres ne comprenant pas qu'ils pointent du doigt des personnes que le Seigneur aime et pour lesquelles il s'est tout autant sacrifié qu'il l'a fait pour chacun d'entre nous. C'est l'équivalent de la colère de Jonas, qui ne réalisait pas la volonté de Dieu de sauver Ninive et qui condamnait cette ville dans son coeur. Il jugeait cette ville, alors que Dieu voulait la sauver.

Nous faisons de même, ne réalisant pas qu'il y a une différence entre appeler un jugement sur l'autre et demander à Dieu de nous justifier. Nous pensons à tort, souvent parce que la société nous a formaté ainsi, que la condamnation de la partie adverse est une condition sine qua non à notre justification. Mais c'est devant Dieu que nous devons être juste, pas devant les hommes.



3 - Conclusion.

Dans cette affirmation mettant en avant le fait que Jésus ne soit pas venu juger le monde se trouve un rappel à l'ordre. Ca n'est pas une simple précision, mais la remise en avant de ce que cela ne sert à rien de le demander. Rien ne pourra empêcher ce qui doit être d'arriver. Le livre de l'Apocalypse précise les choses, et personne ne pourra rien y changer, parce que Jésus n'a fait qu'y faire écrire ce qui est déjà arrivé et non ce qui pourrait potentiellement advenir. Etant inscrit dans le temps, les évènements qui ont mené à ce que chacune des choses qui nous sont dites arrive, ne sont pas encore accomplis lorsqu'on les regarde sous notre angle, mais sous l'angle de Dieu, qui vit hors du temps, ces évènements sont déjà arrivés et leurs descriptions est celle de ce qui s'est passé et auquel nous assistons petit à petit.

Dans l'intervalle, nous ne devons pas appeler de jugement sur qui que ce soit, parce que si nous n'entrons pas en jugement, le jugement de ceux qui rejettent Dieu est déjà prononcé, par la Parole de Dieu.

Bien que le livre de l'Apocalypse nous annonce ce qui sera, nous devons nous attacher à ce qui est. Et dans les moments que nous traversons, Jésus ne juge personne, au contraire, il veut sauver tout le monde. Ce qui inclut toutes les personnes qui nous veulent ou nous font du mal. Les horreurs dont nous entendons parler aux informations poussent bien des croyants à demander un jugement sur ceux qui les commettent, en oubliant que le Seigneur est également venu les sauver. Combien passent plus de temps à demander ce jugement qu'à prier pour les victimes ? Il est évident que ça n'est pas facile, mais Jésus ne nous a jamais dit que ça le serait.

Demander un jugement, c'est dire à Dieu quoi faire. Nous pouvons lui présenter la situation, et il agira selon sa volonté. Si nous demandons un jugement, c'est que nous en avons déjà prononcé un, et alors nous demandons à Dieu d'agir selon notre volonté. Mais Dieu n'est le larbin de personne. Il y aura au ciel des personnes qui ont fait beaucoup de mal durant leur passage sur terre, mais qui se seront repentis, et il y aura dans la géhenne des personnes qui ont fait beaucoup de bien, parce que le salut ne procède pas du bien et du mal, mais uniquement de la justice de Dieu, et  celui qui se mettra en règle avec le Seigneur, celui-là sera sauvé.