Jésus n'est pas venu pour ...
1 - Introduction.
La plupart des enseignements et des prédications qu'on entend nous parlent de ce que Jésus a fait, passant des guérisons aux délivrances et ainsi de suite. C'est tout à fait normal d'expliquer ces choses, mais il y a une chose dont on ne parle que très rarement, ce sont les choses non pas qu'il n'a pas faites, mais les choses pour lesquelles il dit lui-même ne pas être venu.
Chacune de ces notions est amenée par la négative, tout en ayant pour destination une clarification de ce pour quoi il est venu. La raison en est simplement que ses affirmations concernant ce pour quoi il n'est pas venu sont faites en réponses aux attentes de ses interlocuteurs. Il affirme donc, sommairement, que nos pensées ne sont pas les pensées de Dieu (Esaïe 55.8 : Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, Dit l'Éternel).
Cela doit cependant également nous rappelez que si nous nous attendons à ces choses, c'est qu'il nous manque un niveau de compréhension. Ca n'est jamais problématique, le but a toujours été de progresser et cette dite progression ne cessera jamais. Il est donc évident que certaines de nos attentes d'aujourd'hui finiront par disparaître si elles n'étaient pas en accord avec la volonté de Dieu, pour peu que nous soyons sincère avec lui et avec nous-même.
1 - ... faire sa volonté .
La première des choses que Jésus n'est pas venu faire, se trouve être sa propre volonté. On trouve cette affirmation dans l'évangile selon Jean :
- Jean 6.37-40 : Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi ; 38 car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. 39 Or, la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. 40 La volonté de mon Père, c'est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour.
Il affirme ici qu'il n'est pas venu faire sa volonté, dans le but de rediriger l'attention vers celui qui est à l'origine de ce qu'il fait. Son affirmation tend à faire de suite cesser ce qui est dans la pensée de ses interlocuteurs. Ses propos font directement suite aux versets qui les précèdent et qui les éclairent.
La scène complète commence une dizaine de versets plus tôt, et elle est nécessaire pour comprendre correctement ce qui se passe entre Jésus et ses interlocuteurs. Cela se passe donc après la multiplication des pains incluant 5 pains et deux poissons. Non pas que cela fasse une différence en fonction de la multiplication concernée, mais cela permet de resituer. Jésus est donc reparti avec ses disciples et a traversé la mer de Galilée (le lac de Tibériade). La foule s'est alors empressée de le retrouver et le début de cette conversation aboutit à la déclaration de Jésus qui prend place à ce moment.
a) La recherche des miracles.
Dans l'affirmation de Jésus se trouve une affirmation qui veut en réalité dire l'inverse de ce qu'il dit. Ses propos sont les suivants :
- Jean 6.26-27 : Jésus leur répondit: En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. 27 Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l'homme vous donnera; car c'est lui que le Père, que Dieu a marqué de son sceau.
Lorsqu'il dit à la foule : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, il leur dévoile la réalité de leur coeur. Oui, ils viennent de voir le miracle de la multiplication des pains, et ils viennent vers lui pour en voir plus, mais ce que Jésus dit c'est que la réalité de leur coeur ne s'attache pas à ce qu'ils ont vu mais à ce qu'ils ont eu. Ils ne sont pas attirés par la révélation de la puissance de Dieu, mais par le fait qu'ils aient pu en tirer profit. Son conseil est donc de déployer leurs efforts pour ce qui est de Dieu et non pour ce qui peut concourir à la satisfaction de la chair.
b) Les bonnes intentions.
Devant l'affirmation de Jésus, le peuple ne se rebelle pas, par contre, il ne comprend pas non plus ce que Jésus a dit et reste dans sa disposition première. Un peu comme si Jésus n'avait rien dit dans l'intervalle.
- Jean 6.28-30 : Ils lui dirent: Que devons-nous faire, pour faire les oeuvres de Dieu ? 29 Jésus leur répondit : L'œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. 30 Quel miracle fais-tu donc, lui dirent-ils, afin que nous le voyions, et que nous croyions en toi ? Que fais-tu ?
Ils sont toujours ancrés dans la chair. Leur but est de savoir quoi FAIRE pour FAIRE (Que devons-nous faire, pour faire). C'est à ce moment que Jésus résume tout en une phrase qui n'est toujours pas prise en compte 2000 ans plus tard : L'œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. Ce qui est un pluriel pour la foule est un singulier pour Jésus. L'œuvre de Dieu c'est une seule chose et non plusieurs. Cette affirmation sera encore et encore détournée pour tout justifier. Nous la supprimons souvent pour affirmer celle qui suit, qui consiste à faire ce qu'il nous dit. Pourtant ça n'est pas du tout ce que Jésus nous dit. L'œuvre de Dieu c'est de croire en Jésus, le reste ne sera qu'une conséquence.
c) La réalité du coeur.
Mais une fois qu'il dit cela, la foule se découvre et en conclut qu'elle veut voir un miracle pour croire en lui. Les personnes présentes ne sont pas uniquement celles qui se trouvaient avec Jésus lors de la multiplication des pains. D'autres barques étaient arrivées de Tibériade alors que Jésus avait quitté le lieu (Jean 6.23) et les nouveaux arrivant ont forcément été confrontés à l'excitation de la foule qui venait d'assister à la multiplication, peut-être même ont-ils vu, interloqués, les quantités de pains restantes. Or si c'est déjà quelque chose de miraculeux pour nos esprits, il faut bien imaginer ce que cela représentait pour les hébreux, enseignés en boucle sur la manne que leurs ancêtres avaient mangé durant 40 années.
Ce sont donc ces personnes qui forment la foule qui va rejoindre Jésus, et cela explique pourquoi la foule lui demande un miracle, et qu'elle parle spécifiquement de la manne. C'est une réaction à ce qu'une partie entend de leurs frères, mais à quoi ils n'ont pas assisté.
- Jean 6.30-34 : Quel miracle fais-tu donc, lui dirent-ils, afin que nous le voyions, et que nous croyions en toi ? Que fais-tu ? 31 Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit: Il leur donna le pain du ciel à manger. 32 Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel, mais mon Père vous donne le vrai pain du ciel ; 33 car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. 34 Ils lui dirent: Seigneur, donne-nous toujours ce pain.
Le passage qui terminera le chapitre 6 de l'évangile selon Jean est celui où Jésus parlera de sa chair comme d'une nourriture et de son sang comme d'un breuvage. C'est probablement son discours le plus perturbant pour les juifs et plusieurs le quitteront suite à cela. Mais avant qu'il ne le commence, il avait déjà mis en place les éléments de ce qu'il allait dire.
La fin du verset 32 nous annonce que le Père donne le vrai pain du ciel, et le verset 33 nous dit que c'est une personne, en l'occurrence, Jésus. Ce qui nous montre que personne ne comprenait ce qu'il disait puisque leur réponse est de demander ce pain et qu'ils ne réalisaient donc pas qu'il venait de dire qu'il l'était. Une fois de plus, cela vient de la différence entre la réponse qu'on attend et la réponse qu'on reçoit. Si la réponse qu'on reçoit n'est pas alignée avec la réponse qu'on attend, alors on ne réalise pas que c'est la réponse. C'est le problème de nombre de prières que l'on pense être restées sans réponses.
d) Les recentrages de Jésus.
Devant le fossé qu'il y a entre ce que Jésus dit et ce que la foule est en mesure d'écouter, Jésus va recentrer les choses.
- Jean 6.33-40 : car le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. 34 Ils lui dirent: Seigneur, donne-nous toujours ce pain. 35 Jésus leur dit: Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui croit en moi n'aura jamais soif. 36 Mais, je vous l'ai dit, vous m'avez vu, et vous ne croyez point. 37 Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi ; 38 car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. 39 Or, la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. 40 La volonté de mon Père, c'est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour.
On est parti d'une multiplication de pains et on arrive à l'annonce de la résurrection des croyants, et pourtant, Jésus n'a jamais réellement changé de sujet. Si la foule a suivi Jésus, ça n'est pas spirituellement, mais uniquement physiquement. Pourtant la notion de nourriture et spécifiquement du pain, est ancienne. Sachant que Jésus est la vie (Jean 14.6a : Jésus lui dit: Je suis le chemin, la vérité, et la vie ...), comment ne pas voir l'arbre de la vie comme une représentation de Jésus ? D'autant que le prophète Jérémie plaçait le pain comme étant le fruit de l'arbre (Jérémie 11.19b : ... Détruisons l'arbre avec son fruit (Lechem = pain) ! ...*).
(* Jérémie 11.19 : J'étais comme un agneau familier qu'on mène à la boucherie, et j'ignorais les mauvais desseins qu'ils méditaient contre moi : Détruisons l'arbre avec son fruit! Retranchons-le de la terre des vivants, et qu'on ne se souvienne plus de son nom !).
Dieu avait mis l'arbre de la vie dans le jardin et Adam devait s'en nourrir, de la même manière qu'il a mis Jésus dans ce monde et que nous devons nous en nourrir. Jésus leur en a parlé, expliquant qu'il était le pain du ciel, mais ils ne parvenaient pas à faire le saut du charnel au spirituel. La foule reste attachée au pain et non à celui qui le fournit, que ce soit Dieu dans le jardin, ou l'arbre dans la citation de Jérémie. C'est pour cela que Jésus redirige l'attention vers le Père, qui est l'origine de toute chose.
e) La signification de son affirmation.
Jésus vient de multiplier les pains, suite à quoi il s'en va. Des juifs rejoignent ceux qui ont assistés au miracle et tout ce beau monde décide de rejoindre Jésus. Il lui est alors demandé de faire un miracle, mais comme une provocation. Ce sont ceux à qui on a dit que Jésus venait de multiplier les pains qui l'interpellent en lui disant : Quel miracle fais-tu donc, lui dirent-ils, afin que nous le voyions, et que nous croyions en toi ? Que fais-tu ? Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : Il leur donna le pain du ciel à manger (Jean 6.30-31). Ils mettent donc Jésus en opposition avec Moïse et ne sont pas dans l'optique de réaliser que Moïse parle de Jésus mais dans celle ou Jésus doit faire un effort pour qu'ils acceptent de croire en lui. Ceux qui reconnaitraient Jésus s'ils croyaient en Moïse, utilisent Moïse pour confondre Jésus.
C'est à ces personnes que Jésus fait l'affirmation concernant la raison pour laquelle il n'est pas venu :
- Jean 6.38 : car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé..
Ce verset ne dit pas que la volonté de Jésus est différente de celle du Père, mais que ce que Jésus en pense n'a pas de valeur à ses propres yeux. Ce qui compte c'est ce que le Père veut. Dans certains cas leurs volontés seront les mêmes, mais pas forcément toujours, alors ce qui compte à ses yeux, ça n'est pas ce qu'il veut qui compte, mais que le Père le veuille. Ce qui nous est confirmé dans sa prière de Gethsémané où il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux (Marc 14.36).
Dans cette première affirmation de ce que Jésus n'est pas venu faire, il faut donc voir un double sens. Il dit autant qu'il n'est pas venu faire sa propre volonté qu'il est en train de dire qu'il n'est pas venu faire la leur et donc la nôtre. Ce message est d'une importance capitale dans notre époque on l'on entend en permanence des personnes prier pour que Dieu bénisse leurs décisions et leurs propres actions. On oublie trop souvent que si les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres, nos façons de faire ne sont pas les siennes (Esaïe 55.8 : Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, Dit l'Éternel). Jésus avait une volonté propre, mais ne s'attachait qu'à celle du Père. Les interlocuteurs de Jésus demandaient un miracle pour croire en lui, et les choses n'ont pas changées. Si on est réaliste, c'est toujours exactement ce qui arrive de nos jours. Combien de fois a t'on entendu des incroyants dire "si Dieu existe, alors pourquoi il permet telle chose", et ça n'est rien d'autre que le fait de dire : "qu'il prouve son existence en faisant quelque chose contre ce qui nous choque", c'est dont une fois de plus une demande égoïste. Et combien de fois des croyants font ce qu'ils veulent et demandent ensuite la prière pour que ça marche, et soudainement, lorsque cela ne marche pas, alors c'est la faute de Dieu parce qu'il aurait une supposée obligation de les bénir. ceux qui demandent un miracle pour croire aujourd'hui ne croiront pas pour autant, ils en demanderont simplement un autre demain. Et ceux qui demandent à ce que Dieu bénissent leurs œuvres oublient par trop souvent de faire celle de Dieu.
Jésus est venu mourir et resusciter parce que c'était la volonté du Père. Il n'y a pas eu de limite à son obéissance, et le tentateur essayera toujours, que ce soit avec Jésus en son temps, ou avec nous, de nous convaincre que notre volonté est interchangeable avec celle de Dieu. Mais Jésus n'est venu que pour faire la volonté du Père, pas pour faire la sienne. Aussi, si Jésus est un exemple que nous devons suivre c'est également la volonté du Père que nous devons rechercher et faire et certainement pas la nôtre. Et les fois ou nos volontés concordent alors il est important de se rappeler que nous faisons l'œuvre de Dieu et non la nôtre.
Versets intéressants non utilisés :
Jean 4.34 : Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé, et d'accomplir son œuvre.
Jean 5.30 : Je ne puis rien faire de moi-même: selon que j'entends, je juge; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé.
Jean 9.31 : Nous savons que Dieu n'exauce point les pécheurs; mais, si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, c'est celui là qu'il l'exauce.
Jean 14.10 : Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; et le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les oeuvres.
Marc 14.36 : Il disait: Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.
Matthieu 7.21 : Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.
Matthieu 12.49-50 : Puis, étendant la main sur ses disciples, il dit: Voici ma mère et mes frères. 50 Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma soeur, et ma mère.
Matthieu 26.39-42 (Gethsémané) : Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta sur sa face, et pria ainsi : Mon Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi ! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. 40 Et il vint vers les disciples, qu'il trouva endormis, et il dit à Pierre: Vous n'avez donc pu veiller une heure avec moi ! 41 Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation; l'esprit est bien disposé, mais la chair est faible. 42 Il s'éloigna une seconde fois, et pria ainsi: Mon Père, s'il n'est pas possible que cette coupe s'éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite !
Matthieu 26.53-54 : Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l'instant plus de douze légions d'anges ? 54 Comment donc s'accompliraient les Écritures, d'après lesquelles il doit en être ainsi ?