Jésus n'est pas venu pour ...

1 - Introduction.


La plupart des enseignements et des prédications qu'on entend nous parlent de ce que Jésus a fait, passant des guérisons aux délivrances et ainsi de suite. C'est tout à fait normal d'expliquer ces choses, mais il y a une chose dont on ne parle que très rarement, ce sont les choses non pas qu'il n'a pas faites, mais les choses pour lesquelles il dit lui-même ne pas être venu.

Chacune de ces notions est amenée par la négative, tout en ayant pour destination une clarification de ce pour quoi il est venu. La raison en est simplement que ses affirmations concernant ce pour quoi il n'est pas venu sont faites en réponses aux attentes de ses interlocuteurs. Il affirme donc, sommairement, que nos pensées ne sont pas les pensées de Dieu (Esaïe 55.8 : Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, Dit l'Éternel).

Cela doit cependant également nous rappelez que si nous nous attendons à ces choses, c'est qu'il nous manque un niveau de compréhension. Ca n'est jamais problématique, le but a toujours été de progresser et cette dite progression ne cessera jamais. Il est donc évident que certaines de nos attentes d'aujourd'hui finiront par disparaître si elles n'étaient pas en accord avec la volonté de Dieu, pour peu que nous soyons sincère avec lui et avec nous-même.

2 - ... apporter la paix.


La notion de paix est particulière. Comme beaucoup de notions, elle a une finalité différente en fonction de la personne qu'elle désigne ou qui la vit. Bien que la distinction soit simple, il convient cependant de mettre cette notion en avant en raison de ses implications dans le monde qui est le nôtre. En outre, c'est bel et bien spécifiquement une des choses que Jésus n'est pas venu faire.

🔘​ Matthieu 10.32-35 : C'est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux ; 33 mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux. 34 Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée. 35 Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère ; 36 et l'homme aura pour ennemis les gens de sa maison.

Pourtant, dans l'évangile selon Jean, une déclaration semble être en contradiction avec celle-ci. Il nous y est dit peu avant que Jésus ne retourne au ciel : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble point, et ne s'alarme point (Jean 14.27). Le problème ne vient pas d'une chronologie qui placerait la possibilité de paix après la crucifixion alors qu'elle aurait été impossible avant. Il se trouve très simplement que Jésus ne parle pas de la même chose.

Il en va de même lorsque l'on parle de l'amour, il ne s'agit pas de la même chose selon que ce soit un croyant ou un incroyant qui en parle. Même Jésus ne fait pas exception. Selon que ce soit un croyant ou un incroyant qui en parle, il ne s'agit pas de la même personne.

Il n'y a pas beaucoup de notions nouvelles dans la Parole de Dieu. Il y a surtout une façon renouvelée de regarder des choses que nous avons simplement mal cernées. Ca n'est pas que le monde ait tort dans sa façon de voir, c'est que nous ne sommes pas de ce monde. Si à sa première venue Jésus est venu sauver les perdus, à sa seconde, il ne fait que chercher ceux qui lui appartiennent. Il y a une différence entre le monde et les enfants de Dieu, et c'est cette différence, difficile à cerner dans bon nombre d'assemblées, qui pousse à persécuter et à haïr ceux qui appartiennent à Dieu.

Parmi ces définitions différentes des mêmes mots ou notions, se trouve évidemment celle de la paix, que Jésus n'est pas venu apporter, mais qu'il nous donne. Cela rejoint ce que je disais sur le jugement. Jésus n'est pas venu juger le monde, mais sa simple présence a poussé le monde à se juger lui-même. Il a vu la lumière et a choisi les ténèbres. Lorsque Jésus est venu dans le monde, il a provoqué la naissance d'un choix, ce même choix qui nous est donné dans le livre du Deutéronome : J'en prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité (Deutéronome 30.19). Je ne vais pas détailler ici ce verset, mais il faut noter qu'il parle d'avoir mis : "la vie et la mort", qu'il renomme ensuite par : "la bénédiction et la malédiction". Par contre, il va donner la conséquence d'un choix et non de l'autre. La raison est exactement la même que celle qui nous rend détenteur de la paix de Dieu alors que le monde est dans le trouble. Les personnes à qui l'Eternel s'adressait dans le livre du Deutéronome étaient déjà sur le chemin de la mort et de la malédiction. Ce que l'Eternel offrait, c'était une alternative, un nouveau chemin.

Avec la paix il fait exactement la même chose. Il est venu dans un monde troublé et perdu pour apporter ce que personne ne parvenait à trouver par ses propres moyens. Il est venu apporter une alternative, un nouveau chemin, lui-même.

Lors de sa venue, Israël attendait un messie qui apporterait la paix à leur nation. Pas la paix de l'âme, mais la cessation des problèmes relationnels que ce peuple entretenait depuis toujours avec son entourage. La prophétie de Daniel 9* pointait la venue de ce Messie avant l'an 70. Tout le monde attendait. Autant la venue d'Elie, qui devait précéder le Messie que celle du Messie lui-même. Jésus arrive dans cette période d'attente ardente de tous. Cela ne signifie pas que les juifs étaient dans le droit chemin, mais simplement qu'ils attendaient la venue d'un Messie qu'ils ne comprenaient pas. De nos jours certains attendent la venue des extraterrestres avec énormément de foi, mais ça ne les fera pas venir pour autant. Par contre ça les aidera à prendre des vessies pour des lanternes. Pour les juifs d'alors, tout comme pour les juifs d'aujourd'hui, leurs attentes n'étaient pas conformes à ce que dit la Parole de Dieu. Ils attendaient donc bien un Messie, mais qui ne correspondait pas à la réalité. Tant et si bien que lorsque le vrai Messie est arrivé, sa différence d'avec leurs attentes l'a fait passer pour un imposteur.

Lorsqu'il leur dit qu'il n'est pas venu apporter la paix, il parle donc de leurs attentes, et souvent de celles des croyants, persuadés que tout ira bien maintenant qu'ils sont convertis. Croyance totalement opposée à la réalité de ce qui est écrit et qui pour partie est issue d'une évangélisation basée sur le mensonge plutôt que sur la vérité. La précision qu'il fait est nécessaire, parce qu'il est précisément venu pour rétablir le lien entre les hommes et le Père. Il est donc venu pour établir la paix entre les hommes et Dieu. Ce qui rendait primordial de préciser que la vision des juifs de la paix n'était pas celle de Dieu.

Dès lors qu'on comprend pourquoi il parle de ne pas être venu apporter la paix, on note qu'il affirme même que c'est exactement l'inverse qui sera la conséquence de sa venue. La mise en avant de l'épée comme conséquence de sa venue répond à la logique que je mettais en avant avec le passage du Deutéronome. Le peuple demande une paix charnelle, alors que Jésus est venu apporter une paix spirituelle. Une nouvelle voie existant alors, la division devient obligatoire. Cette paix fera que ceux qui la recevront seront haït par ceux qui ne l'ont pas. C'est de cette division qu'il nous parle. La poser cependant dans un contexte où l'église aurait la paix et ceux qui n'en sont pas ne l'auraient pas est cependant trompeuse. Dans l'église, beaucoup ne l'ont pas, souvent parce qu'ils n'y ont simplement pas leur place.

Je finirais en pointant le verset de l'évangile de Jean que je citais : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble point, et ne s'alarme point (Jean 14.27). Ce verset, dont on se rappelle plus volontiers le commencement que la fin est plus qu'on ne l'imagine un complément au passage de l'évangile de Matthieu qui motive cette courte explication. Ce qu'il nous dit ici c'est que le monde aussi donne la paix, mais qu'il ne donne pas la même chose. Et il complète son affirmation en disant à ceux à qui il a donné sa paix de ne pas s'alarmer, et de ne pas laisser leur coeur se troubler. Etrange pour des personnes qui ont reçu sa paix. C'est simplement parce qu'il parle d'un monde troublé qui essaye de happer les croyants dans ses mensonges par les différentes séductions dont il est coupable et qui nous sont pour partie citées dans Matthieu 24.

La paix du croyant est à l'intérieur et lui donne le repos dans la tempête. C'est pour cela que les disciples étaient en panique dans la tempête alors que Jésus dormait. Ils n'avaient pas encore reçu la paix de Dieu. Le monde nous promet la paix extérieur si nous rejetons Jésus, donc si nous rejetons la paix intérieur. Tant qu'il existera sur terre une seule personne qui a la paix de Dieu en lui, alors il n'y aura pas de paix possible parce qu'ils lui feront la guerre.




* 🔘 Daniel 9.24-25 : Soixante-dix semaines ont été fixées sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour faire cesser les transgressions et mettre fin aux péchés, pour expier l'iniquité et amener la justice éternelle, pour sceller la vision et le prophète, et pour oindre le Saint des saints. 25 Sache-le donc, et comprends! Depuis le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera rebâtie jusqu'à l'Oint, au Conducteur, il y a sept semaines et soixante-deux semaines, les places et les fossés seront rétablis, mais en des temps fâcheux.